Emploi : où en est le ministre du Travail ?
La Commission ministérielle de l’emploi se réunira d’ici le 15 avril pour faire le point sur le plan exécutif, lancé en 2018, et en redéfinir les priorités. Le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, interpellé sur ce dossier par les députés, annonce la réalisation de 55% de l’objectif de création de 1.200.000 emplois jusqu’en 2020. Beaucoup de défis doivent encore être relevés.
Trois ans après le lancement du plan national exécutif de l’emploi, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amakraz, a été interpellé par les députés sur la mise en œuvre de cette feuille de route, surtout dans le contexte actuel marqué par les répercussions de la crise sanitaire sur le marché de l’emploi. La pandémie a, en effet, impacté l’implémentation de cette stratégie qui, dès son lancement, avait suscité beaucoup de critiques quant à ses objectifs jugés utopiques par rapport à la réalité de l’économie nationale et du marché du travail. Les stratégies sectorielles visant à booster l’emploi n’ont pas été lancées en 2020 comme prévu et la signature de plusieurs programmes a été reportée.
Néanmoins, les stratégies sectorielles devraient voir le jour au cours de cette année 2021. Aujourd’hui, les priorités doivent être réajustées. Pour ce faire, la Commission ministérielle de l’emploi, qui n’a pas pu se réunir en 2020 à cause du manque de visibilité sur la reprise économique, devra tenir une réunion d’ici le 15 avril prochain, selon Amakraz. Elle se penchera sur le bilan de la stratégie de l’emploi et les perspectives d’amélioration des mesures ayant trait à la promotion de l’employabilité. Le plan exécutif, qui devait prendre fin en 2021, sera étendu à 2030 pour insuffler une nouvelle dynamique aux différents programmes de la stratégie nationale et améliorer leur taux d’exécution.
Selon le responsable gouvernemental, les objectifs ont été dépassés en 2019, mais il était difficile de maintenir l’élan en 2020 à cause des répercussions de la pandémie de Covid-19. Le gouvernement a créé, entre 2017 et 2019, quelque 486.435 emplois dans le secteur privé (nombre de nouveaux déclarés à la CNSS, sans compter les cas de régularisation) et 172.148 autres dans le secteur public (y compris en 2020). Ces chiffres traduisent un taux de réalisation de 55% de l’objectif de création de 1.200.000 emplois fixé par le Plan national de promotion de l’emploi.
Renforcement des capacités linguistiques
En ce qui concerne l’amélioration de l’employabilité au profit d’un million de chercheurs d’emploi, 770.000 personnes en ont bénéficié, soit 77%. Quant à l’appui à l’emploi rémunéré au profit de 500.000 personnes, le taux de réalisation a atteint 81%, soit 406.000 bénéficiaires, selon le ministre du Travail. Sur le plan de l’accompagnement de plus de 20.000 petites unités économiques, quelque 13.000 unités ont été créées, soit un taux de réalisation de 65%. C’est dire qu’il reste de grands efforts à déployer pour atteindre les objectifs fixés. Soulignons que la mise en œuvre de certaines mesures a été marquée par quelques difficultés. On peut notamment citer le «passeport de langue», remplacé par des certificats de langue française. Le renforcement des capacités linguistiques des diplômés s’avère, en effet, être de la plus haute importance pour promouvoir leur intégration dans le marché du travail. Concernant la mesure visant l’augmentation des capacités de stage au profit des diplômés, les objectifs n’ont pas encore été atteints.
Pourtant, le programme exécutif du Plan national de promotion de l’emploi mise beaucoup sur cette mesure. Les stages, qui restent encore très limitées tant dans le secteur privé que dans le public, constituent une meilleure préparation à l’insertion des jeunes dans la vie active. Un objectif qui nécessite l’élaboration des cadres juridiques qui vont structurer et formaliser la relation entre le stagiaire et le maître de stage ainsi que les responsabilités de chacun pour que le stage ne soit pas une simple formalité. Le stage devra être fructueux pour les deux parties et présenter un apport à l’entreprise pour inciter cette dernière à accueillir un maximum de stagiaires. Il est prévu de proposer des stages aux chercheurs d’emploi diplômés d’une durée moyenne de six mois dans le secteur privé (stage découverte, stage-métier, stage-mission). On tablait sur quelque 20.000 stages dans le secteur privé entre 2017 et 2021 pour améliorer l’employabilité des diplômés. À cela, s’ajoutent 5.000 stages d’entraînement en entreprise d’une durée de quatre mois. Même le secteur public devra accueillir les stagiaires. Or, jusque-là, le cadre juridique y relatif n’a pas été adopté. Le décret relatif aux stages dans les administrations publiques et les collectivités territoriales est fin prêt, mais il reste à trancher quelques points entre les départements ministériels.
S’agissant du service civique, le texte est au Secrétariat général du gouvernement et fait toujours l’objet de discussions entre les composantes gouvernementales. Sur le volet de l’encadrement des jeunes par les artisans, les choses sont encore au stade du prélude. Enfin, l’auto-entrepreneuriat est érigé en priorité. Des avancées ont été enregistrées dans ce domaine, mais beaucoup reste à faire, notamment en matière d’accès au financement, de mobilisation de l’immobilier et d’encadrement post-création.
Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco