Élections 2021. PAM, RNI, Istiqlal, PJD, PPS… quelles alliances possibles ?
Aucun scénario n’est à écarter en matière d’alliances post-électorales. Les grands partis politiques n’ont pas de ligne rouge. Une alliance est possible entre les trois partis politiques de l’opposition (PAM, Istiqlal et PPS) ainsi que le PJD. Mais rien n’est tranché. Tout dépendra des résultats électoraux. Les concertations pour la formation du prochain gouvernement s’annoncent compliquées pour le premier parti en raison du nouveau quotient électoral, qui réduira l’écart entre les résultats des partis politiques.
À quelques mois des élections, les alliances post-électorales restent la grande inconnue malgré les rapprochements entre les partis politiques. Certaines formations partisanes annoncente, certes, la couleur en dévoilant leur préférence, mais sans pour autant s’aventurer dans une alliance préélectorale. C’est le cas du Parti Authenticité et modernité (PAM) dont le chef de file Abdellatif Ouahbi a déclaré, à plusieurs reprises, que la priorité sera accordée à ses deux alliés dans l’opposition: l’Istiqlal et le PPS.
Les trois partis, rappelons-le, ont unifié leurs voix et ont présenté un mémorandum en commun sur la réforme électorale. Mais ce rapprochement n’est pas considéré comme une alliance préélectorale. Tout dépendra des résultats des élections législatives. Tous les scénarios restent possibles. Ce qui paraissait impossible il y a quelques années, ne l’est plus, désormais. Le parti du tracteur, qui était vertement critiqué par l’Istiqlal et le PPS, est devenu un allié privilégié de ces deux formations. Une position qui s’explique, selon les deux partis, par l’arrivée d’une nouvelle direction à la tête du PAM qui reconnait les erreurs du passé et qui tend à ouvrir une nouvelle page avec les autres partis politiques. Sauf qu’il s’avère difficile de faire avaler la pilule à nombre de militants au sein de ces deux partis de la Koutla, une alliance qui n’arrive pas à renaître de ses cendres. Et tout porte à croire qu’elle ne sera plus activée, du moins dans le contexte actuel. Jusque-là, rien n’est encore tranché malgré les déclarations d’intentions de part et d’autre, comme en témoignent les différentes sorties médiatiques du secrétaire général des héritiers d’Allal El Fassi.
Nizar Baraka estime que le mode de scrutin actuel ne permet pas de sceller des alliances préélectorales. Par contre, le parti de la balance, plus ambitieux que jamais, s’engage à adhérer à des alliances post-électorales avec des partis qui partagent avec lui les politiques qu’il entend mettre en œuvre. Selon un ténor de l’Istiqlal, il est difficile de se prononcer sur les alliances possibles avant les résultats électoraux même si cela pourrait contribuer à la restauration de la confiance dans l’échiquier politique.
Pour le moment, tout reste possible d’autant plus qu’il n’existe aucune ligne rouge ni pour l’Istiqlal ni pour le PAM et le PPS. Le même constat est relevé chez les autres partis politiques.
Pour Abdellatif Ouahbi, le trio composé du PAM, de l’Istiqlal et du PPS pourrait être renforcé par le PJD en vue de la formation du prochain gouvernement. Depuis son élection à la tête du PAM, un rapprochement s’est graduellement opéré entre les deux formations qui ont enterré la hache de guerre après une bataille farouche qui a opposé les deux ennemis jurés pendant des années.
Ce rapprochement s’est même concrétisé par une alliance au niveau régional qui a porté en 2019 la Pamiste Fatima El Hassani à la tête du Conseil de la région de Tanger-Tétouan- Al Hoceima. Plusieurs dirigeants du PJD n’excluent pas une alliance avec le parti du tracteur aux prochaines élections, d’autant plus que le parti de la lampe entretient de bonnes relations avec les deux autres partis de l’opposition qui sont de potentiels alliés au futur gouvernement. Mais le PJD arrivera-t-il à occuper pour la troisième fois la première marche du podium aux législatives de 2021 et à choisir, de ce fait, ses alliés?
Rien n’est moins sûr malgré les ambitions affichées en raison de la concurrence livrée par le PAM, le RNI et l’Istiqlal et qui s’annonce on ne peut plus rude. En tout cas, il est certain que le parti de la lampe ne pourra pas garder le même poids arithmétique à cause du nouveau quotient électoral. Les concertations pour la formation du gouvernement seront ainsi très compliquées pour le premier parti qui arrivera en tête des élections législatives car il devra composer avec des partis qui ont presque le même poids électoral que lui. Le quotient électoral réduira en effet l’écart entre les résultats des premiers partis politiques. Le parti de la colombe qui tend, lui aussi, à gagner les prochaines élections est appelé, le cas échéant, à s’allier avec plus d’un parti politique. Renouvellera-t-il son expérience avec le PJD malgré les passes d ’armes entre les deux partis tout au long de l’actuel mandat gouvernemental ? Cette éventuelle alliance n’est pas écartée, selon un dirigeant du RNI. Le message du président du parti Aziz Akhannouch, à plusieurs occasions, est on ne peut plus clair : les alliances seront étudiées en fonction des résultats ainsi que d’autres considérations, dont « les convictions partagées ». Ainsi, même l’alliance entre le RNI et le PAM qui se regardent en chiens de faïence n’est pas exclue.
Abdellatif Ouahbi parle même de l’éventuelle nécessité de la formation d’un gouvernement d’union nationale en vue de faire face au contexte actuel marqué par les répercussions de la crise sanitaire. Quant au Mouvement populaire et à l’Union constitutionnelle, l’expérience montre que ces deux partis, dont le poids électoral s’est rétréci comme une peau de chagrin au cours des dernières années, pourraient compléter toute alliance sur le plan numérique.
Pour sa part, l’USFP, fragilisée par les guéguerres intestines et l’usure du pouvoir, sera appelée à stopper sa descente aux enfers, sinon elle sera éjectée des alliances.
Comment en finir avec les alliances contre-nature ?
Les élections se suivent et se ressemblent en matière d’alliances. Annoncer les couleurs avant la tenue des élections relève manifestement de l’impossible pour la plupart des formations politiques qui ne croient pas en la pertinence des alliances pré-électorales. Celles-ci pourraient, pourtant, donner de la crédibilité aux élections et augmenter le taux de participation qui reste en deçà des aspirations. Il est en effet grand temps de mettre fin aux alliances hybrides et contre-nature, telles que la coalition gouvernementale actuelle qui a été marquée par un bras de fer serré entre certaines de ses composantes, engendrant plusieurs blocages. Le besoin se fait sentir de la polarisation de la scène politique pour que les alliances se fassent sur des bases cohérentes. L’idée est de s’engager, avant les élections, sur les programmes et d’annoncer les couleurs en termes d’alliances. L’enjeu est en effet d’arriver à sceller un contrat moral entre l’électeur et le parti.
Jihane Gattioui / Les Inspirations Éco