Zone euro : l’inflation recule en mars, un pas de plus vers une baisse des taux
L’inflation a poursuivi son reflux en mars dans la zone euro, envoyant un nouveau signal positif à la Banque centrale européenne (BCE) qui attend d’être complètement rassurée avant de baisser ses taux d’intérêt, peut-être en juin.
La hausse des prix à la consommation est revenue à 2,4% sur un an, soit 0,2 point de moins qu’en février, grâce à une progression moins forte des prix alimentaires, a annoncé mercredi Eurostat. Le recul est plus marqué que ce qui était attendu par les analystes interrogés par Factset et Bloomberg: en moyenne, ils tablaient respectivement sur 2,6% et 2,5%. L’inflation se rapproche encore de l’objectif de 2% de la Banque centrale européenne (BCE). Cette tendance, si elle se confirme, pourrait convaincre l’institution monétaire de baisser ses taux d’intérêt dans les prochains mois. La hausse des prix à la consommation dans les 20 pays partageant la monnaie unique a été plus que divisée par quatre depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, quand les tarifs de l’énergie flambaient dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Taux inchangés depuis octobre 2023
Pour calmer l’inflation, la BCE a augmenté les coûts d’emprunt à un rythme sans précédent depuis juillet 2022. Ses taux sont maintenus inchangés à un niveau record depuis octobre 2023, au prix d’une croissance économique en berne. La demande de crédits a été freinée, affectant la consommation et l’investissement des entreprises comme des ménages.
Depuis, les marchés financiers guettent les signes d’une future baisse des taux, qu’ils attendent pour juin après avoir espéré qu’elle intervienne dès avril. Le chiffre qu’ils scrutent tout particulièrement, celui de l’inflation sous-jacente – c’est à dire corrigée des prix volatils de l’énergie et de l’alimentation – a également envoyé mercredi un message positif. Cet indicateur, jugé plus représentatif, a reculé plus que prévu à 2,9% sur un an en mars, contre 3,1% en février. Les analystes de Factset et Bloomberg tablaient en moyenne sur 3%.
Horizon juin
Ces chiffres «suggèrent que la BCE commencera très probablement à réduire ses taux d’intérêt en juin», estime Andrew Kenningham, de Capital Economics. Le conseil des gouverneurs de l’institution monétaire se réunira le 11 avril. Le taux sur les dépôts, qui sert de référence, campe depuis octobre à son plus haut, à 4%. Sous pression pour entamer un cycle de baisse, la BCE a jusqu’ici laissé entendre qu’une première baisse n’interviendrait pas avant juin.
Ses responsables veulent voir comment vont évoluer trois indicateurs clés – les hausses de salaires, les marges des entreprises et la hausse de la productivité – pour s’assurer que l’inflation se dirige bien vers la cible de 2% à moyen terme. La BCE s’attend à ce que la hausse des prix n’atteigne l’objectif de 2% qu’en 2025 dans l’ensemble de la zone euro. «À petits pas, nous continuons de nous approcher de l’objectif, mais la dernière ligne droite reste difficile. La baisse des prix de l’énergie, qui a eu un fort effet modérateur ces derniers mois, s’effrite lentement.
Dans le même temps, les services continuent de devenir beaucoup plus chers», souligne Fritzi Köhler-Geib, économiste en chef de la banque allemande KfW. «Les prévisions de prix de vente des prestataires de services ont récemment diminué et le rythme des augmentations salariales s’est également quelque peu ralenti. Ce n’est que si ces évolutions positives se poursuivent et se répercutent suffisamment sur les prix que la BCE estimera que les conditions sont réunies pour une première baisse des taux à l’été», explique-t-elle.
L’accalmie sur le front de l’inflation le mois dernier est venue principalement d’un moindre renchérissement des prix de l’alimentation. Ils ont progressé de 2,7% en glissement annuel, contre 3,9% en février. La hausse des tarifs des biens industriels a également ralenti à 1,1%, contre 1,6% le mois précédent. Les prix des services ont augmenté de 4% comme en février, et comme chaque mois depuis novembre 2023. De leur côté, les prix de l’énergie ont poursuivi leur mouvement de baisse mais à un rythme bien inférieur (-1,8%, après -3,7%).
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO