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Transition énergétique : la bataille s’annonce rude sur les métaux critiques

Imposée par la lutte contre le réchauffement climatique, la transition énergétique va déplacer la demande d’énergie fossile vers celle des métaux indispensables à la production croissante de véhicules électriques et de leurs batteries, d’éoliennes, notamment marines, de panneaux solaires et de kilomètres de réseaux électriques. Conséquence, la demande de métaux va exploser dans les prochaines décennies, faisant craindre des tensions sur l’offre en raison de la concentration de la production, sur laquelle la Chine exerce une position dominante. Une dépendance qui inquiète les puissances occidentales à l’heure des fortes tensions économiques et géopolitiques entre Pékin et Washington, mais aussi l’Europe. Pour les économies développées, qui ont délaissé ce secteur depuis des décennies, le salut se trouve dans le recyclage massif, et plus marginalement dans une relance de l’activité minière, pour moins dépendre des importations. Ce qui passe par des politiques à long terme.

L’un des aspects les plus spectaculaires de la sortie – relative – de la crise de la pandémie du Covid-19 est la perturbation des chaînes d’approvisionnement qui entraîne des pénuries. Elle a montré la vulnérabilité des économies développées. Un point faible à traiter au plus vite pour rester dans la compétition internationale structurée autour de la nouvelle guerre froide menée entre les États-Unis et la Chine pour le leadership mondial.

D’autant que cette guerre va s’intensifier, avec la transition énergétique et la numérisation accélérée des activités qui ajoutent un défi géopolitique supplémentaire pour sécuriser, notamment, les besoins des pays occidentaux et leurs accès à nombre de matières premières.

En effet, la lutte contre le réchauffement climatique va imposer aux pays occidentaux un nouveau paradigme économique : remplacer en à peine trois décennies la consommation d’énergies fossiles – charbon, pétrole et gaz naturel – sur laquelle s’est fondé le développement économique mondial depuis la révolution industrielle par l’utilisation croissante de métaux. Autrement dit, substituer des matières premières abondantes, bon marché, et efficientes mais dont la combustion dégage d’importantes émissions de gaz à effet de serre (GES) par d’autres matières premières dont la demande va considérablement augmenter.

Reconfiguration du marché des métaux
Le basculement du parc automobile mondial vers des véhicules 100% électriques dotés de batteries spécifiques – qui utilisent 6 fois plus de métaux, notamment 4 fois plus de cuivre qu’un véhicule à moteur thermique -, la construction d’éoliennes (sur terre et en mer), de panneaux solaires, ainsi que l’extension de réseaux électriques vont reconfigurer le marché des métaux.

Si l’on raisonne en statique, la demande cumulée de certaines «terres rares», du lithium, du graphite, du cobalt et du nickel va quadrupler entre 2020 et 2040 ( elle sera multipliée par 42 pour le seul lithium, par 19 pour le nickel et par 7 pour les «terres rares»). En revanche, si l’on raisonne en dynamique, c’est-à-dire en tenant compte de l’adaptation des acteurs – producteurs comme consommateurs – pour faire face à ces problèmes, ces estimations sont à minorer.

«Il y a des effets de substitution, par exemple du lithium par le sodium, ou la disparition du cobalt et du nickel des batteries LFP, voire du titane dans les piles à combustible», tempère Didier Julienne, expert international des marchés des métaux, président de Commodities & Resources.

En outre, les milliers de kilomètres des seuls réseaux électriques qu’il va falloir installer vont faire bondir de 50% les besoins en cuivre et de 44% ceux en aluminium entre 2020 et 2040, avertit l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport qui fait référence, publié en mai 2021, «The role of critical minerals in clean energy transition» («Le rôle des métaux critiques dans une transition énergétique propre»).

Ce scénario de l’agence se base sur les différentes politiques mises en place actuellement par les États pour les prochaines années. Il est déjà en deçà de l’objectif de l’Accord de Paris qui vise la neutralité carbone en 2050, et qui dans ce cas prévoit que la demande sera multipliée par 6 ! Dans cette perspective, les marchés de nombre de métaux stratégiques pourraient connaître des tensions : le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le graphite sont cruciaux pour la performance des batteries, leur longévité et la densité énergétique – même si de nouveaux modèles de batteries nécessitent moins de métaux -, le cuivre est omniprésent (véhicules électriques, électronique, réseaux électriques…), mais aussi le silicium (pour les semi-conducteurs et les panneaux solaires), et d’autres éléments moins connus comme l’indium, l’osmium, l’iridium, le titane (pile à combustible hydrogène), le chrome, le molybdène… dont les propriétés boostent les performances physiques.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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