Technologie : IBM fait un pas de plus vers l’ordinateur quantique commercial, attendu en 2029

IBM a présenté mardi de nouvelles avancées techniques qui doivent lui permettre de mettre au point, d’ici 2029, le premier ordinateur quantique commercial, machine à la puissance de calcul inédite utilisable pour des applications concrètes.
Le groupe informatique américain IBM a publié deux articles de recherche qui détaillent la méthode utilisée pour résoudre le principal problème posé par l’informatique quantique, à savoir les erreurs. Il existe déjà des ordinateurs quantiques mais leur capacité de calcul reste insuffisante et ils génèrent encore un taux d’erreur qui n’offre pas les conditions nécessaires pour une utilisation fiable.
Un saut dans le futur
Un ordinateur quantique commercial, considéré comme une révolution informatique, permettra d’effectuer, à cadence accélérée, des calculs hors de portée d’un ordinateur conventionnel. Pour mettre au point cette technologie, IBM s’appuie sur du code conçu spécialement pour corriger les erreurs (LDPC). Il a aussi trouvé comment détecter efficacement les erreurs et modifier, en temps réel, les instructions du programme.
«Nous pensons avoir apporté une réponse à toutes les questions scientifiques nécessaires et maintenant, nous nous concentrons sur la manière d’assembler tous ces éléments», a expliqué Jay Gambetta, vice-président de l’informatique quantique au sein d’IBM.
Le groupe centenaire met désormais le cap sur la réalisation, en 2026, de son premier processeur quantique capable à la fois de stocker des informations et de réaliser des opérations de logique, présenté comme l’unité de base du futur ordinateur quantique.
Au-delà, il table sur la finalisation du premier ordinateur quantique commercial, baptisé Starling, en 2029, dans son laboratoire de Poughkeepsie, dans le nord-est des États-Unis. Selon la société, il aura une puissance 20.000 fois supérieure à celle des ordinateurs quantiques aujourd’hui en circulation. Starling sera en mesure de «résoudre des problèmes concrets et d’ouvrir des possibilités immenses pour les entreprises», a dit Arvind Krishna, PDG d’IBM, cité dans un communiqué.
Un tremplin pour l’IA ?
Parmi les applications possibles de l’ordinateur quantique commercial, le développement de nouveaux matériaux, carburants ou traitements médicaux.
«Nous allons pouvoir modéliser la nature à l’état fondamental, (…) inventer une nouvelle forme de mathématiques, (…) simuler comment des molécules interagissent lors de réactions chimiques, (…) ou tester des solutions financières ou logistiques trop complexes pour un ordinateur classique», s’enthousiasme Jay Gambetta.
L’informatique quantique est aussi censée propulser l’intelligence artificielle (IA) vers des modèles plus en phase avec les humains.
Mark Horvath, analyste du cabinet Gartner, a salué «une avancée significative», mais estimé que tous les obstacles n’étaient pas écartés et que les applications des systèmes quantiques dans le monde réel restaient «assez théoriques».
Concurrence rude
L’enjeu est considérable et fait l’objet d’une course effrénée entre les grands acteurs de l’informatique. Google a dévoilé, en décembre, une nouvelle puce quantique baptisée Willow, qui a pour caractéristique de présenter un taux d’erreur beaucoup plus faible que ceux ordinairement constatés jusqu’ici.
En février, le responsable référent de Google, Hartmut Neven, a fixé à cinq ans le délai nécessaire à l’entreprise de Mountain View (Californie) pour achever son propre ordinateur quantique. Quelques jours plus tard, Microsoft a parlé de quelques années, «et pas de décennies», vantant les mérites de sa nouvelle puce, appelée Majorana 1, qui utilise un nouvel état de la matière, non solide, gazeux ou liquide. Plusieurs spécialistes ont néanmoins mis en doute, depuis, les assertions de Microsoft quant au stade de ses travaux.
IBM s’est engagé publiquement, fin avril, à investir 150 milliards de dollars aux Etats-Unis dans les cinq ans, dont 30 pour la recherche et développement, qui comprend l’informatique quantique. L’entreprise doyenne de la tech américaine affirme avoir déjà généré plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires grâce à l’informatique quantique, même si les cas d’usage actuels sont limités.
Au-delà de 2029, IBM pense déjà au Bluejay, attendu pour 2033 et dix fois plus puissant que le Starling. Pour Jerry Chow, directeur des systèmes quantiques d’IBM, «nous sommes en train de redéfinir ce que sera l’informatique dans le futur».
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO