Saisonnières marocaines : la situation à Huelva
Les arrivées des saisonnières marocaines dans les exploitations agricoles espagnoles de Huelva se déroulent comme prévu, malgré la situation épidémiologique préoccupante en Espagne et des conditions météorologiques peu clémentes. Le point avec Interfresa.
L’arrivée du premier contingent de travailleuses agricoles marocaines, dans le cadre de la migration circulaire, se déroule dans les meilleures conditions. C’est ce qu’a affirmé aux Inspirations ÉCO Pedro Marin, directeur de l’Association interprofessionnelle des producteurs de fruits rouges en Andalousie (Interfresa).
Cette année, malgré le contexte de crise sanitaire et les restrictions de mobilité toujours en vigueur entre le Maroc et l’Espagne, les ouvrières agricoles marocaines ont réussi à se déplacer dans les exploitations agricoles espagnoles, grâce à une mobilisation efficace et discrète des autorités nationales.
«Certes, nous avons fait face à des contre-temps dus à la pandémie, mais aussi à des perturbations dans les arrivées à cause des conditions météorologiques qui ont eu une incidence sur les arrivées de bateaux début janvier dernier. La vague de froid et les précipitations abondantes ont également affecté le déroulement de cette campagne. Toutefois, nous sommes satisfaits du déroulement de la saison agricole, compte tenu du contexte global», a affirmé le gérant andalou.
Deux bateaux, transportant 500 ouvrières chacun, traversent chaque semaine le détroit pour emmener les ouvrières agricoles marocaines au port d’Algésiras. «Nous les accueillons dès qu’elles arrivent au port. Notre objectif est qu’elles se sentent en confiance et bien entourées», assure Marin. Malgré quelques changements dans les arrivées, «le calendrier sera respecté et nous espérons que, d’ici la fin du mois, environ 4.100 journalières seront déjà sur place, dans les exploitations agricoles. Cela représente le premier contingent des 14.000 ouvrières attendues durant cette saison», poursuit-il. Des membres de l’équipe d’Interfresa assistent celles-ci dès leur arrivée sur le sol espagnol. Il s’agit de «consultants en intégration» en charge d’accompagner les ouvrières durant tout leur séjour. Cette année, 11 encadrants, la plupart d’origine marocaine, ont été recrutés par la filière. Les concernés ont été soumis à un processus de sélection avant de suivre une formation aux tâches qui leur incomberont durant l’exercice de leurs missions. Ce poste, faut-il le rappeler, a été créé au lendemain du scandale qui a éclaté autour de supposés abus sexuels dont auraient été victimes des saisonnières marocaines. Le rôle de ces intermédiaires sociaux est de contribuer à une meilleure communication entre les employeurs espagnols et les ouvrières originaires du royaume.
À ce propos, Interfresa estime que ce résultat est le fruit d’un grand travail de coordination entre les deux pays. «Nous évaluons positivement la collaboration entre le secteur et les autorités marocaines et espagnoles. Il s’agit d’une collaboration fluide qui atteste du degré de maturité de ce programme de migration circulaire», vante le gérant. Un discours qui tranche avec les menaces proférées par cette même filière la saison dernière, quand celle-ci a menacé de tourner le dos à la main-d’œuvre marocaine à cause du retard enregistré dans le rapatriement des ouvrières. Un contre-temps inhérent à la crise sanitaire et à la lourdeur de la machine logistique pour rapatrier 7.200 ouvrières agricoles dans le respect des impératifs de la situation sanitaire. Seulement, la filière finit toujours par solliciter la précieuse aide marocaine. En effet, celle-ci est convaincue que la disponibilité de la main-d’œuvre en provenance du Maroc est gage d’une saison agricole sans perturbation, ni casse-tête. En ce qui concerne la situation épidémiologique et les risques planant sur les exploitations, Marin souligne que la situation est certes compliquée en ce moment en Espagne, mais les travailleuses agricoles sont en sécurité. «Nous travaillons auprès d’elles pour que les mesures de prévention soient bien assimilées et adoptées, et ce pour préserver leur sécurité et celle des autres travailleuses et employés des exploitations agricoles», conclut-il.
Convention
Dans le cadre du programme de responsabilité sociale Presli (Plan de responsabilité éthique, professionnelle, sociale et d’égalité), visant à accompagner les saisonnières marocaines durant leur séjour dans les exploitations agricoles de Huelva, Interfresa a signé une convention avec la Fondation Caja Rural del Sur, caisse rurale régionale. L’objectif de cette collaboration est de permettre aux saisonnières marocaines d’accéder aux services et prestations bancaires fournis par l’établissement bancaire. À ce propos, les ouvrières peuvent ouvrir des comptes et accéder à une panoplie de services offerts par le secteur bancaire espagnol. Un pas en plus vers l’intégration sociale des ouvrières, assure Interfresa.
Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco