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Présidentielle française : les électeurs de « La France Insoumise » tiennent en main la destinée du pays

Si les sondages sont favorables au président-candidat Emmanuel Macron, Marine Le Pen pourrait créer la surprise si les électeurs de La France Insoumise décident de ne pas suivre les consignes de Jean-Luc Mélenchon et de voter, par dépit, pour la candidate d’extrême droite.

«Rien n’est joué». C’est la certitude qui se dégage dans l’opinion française quant aux résultats du second tour de l’élection présidentielle, prévue dimanche 24 avril. Si les sondages sont favorables au président sortant, Emmanuel Macron, Marine Le Pen pourrait créer la surprise si les électeurs de La France Insoumise (LFI) décident de ne pas suivre les consignes de Jean-Luc Mélenchon et de voter, par dépit, pour la candidate d’extrême droite.

L’ex-premier ministre président du parti Horizons, Edouard Philippe, qui s’exprimait mardi sur les ondes de France Inter estime que «cette élection est encore très ouverte. Je pense que Marine Le Pen peut gagner et qu’il faut jouer cette élection sérieusement. Il faut donc faire campagne pour faire prévaloir la candidature du président de la République et éviter à la France de se donner à Madame Le Pen. Ce qui serait quelque chose de très problématique et assez dangereux. Il faut prendre cette élection au sérieux, les Français au sérieux».

Il reste donc 12 jours pour convaincre, du côté d’Emmanuel Macron, et pour séduire, du côté de la présidente du Rassemblement national. Le premier devra convaincre sur son bilan marqué par la crise des Gilets jaunes, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le Pen, elle, est en mode séduction pour rallier à sa cause les électeurs des candidats évincés au premier tour.

Si nombre d’entre eux ont d’ores et déjà appelé à ne pas accorder de voix à Marine Le Pen, du côté des électeurs, la notion de front républicain semble avoir fait long feu. Aussi, les deux finalistes du second tour du scrutin présidentiel multiplient les meetings et les promesses, soit pour rester à l’Elysée, soit pour y entrer. Et les deux abattent, chacun, leurs cartes. Ni de gauche, ni de droite, Emmanuel Macron veut rassembler autour de lui la gauche et surtout la droite.

Et il mise sur un front républicain qui pourrait quand même faire ses affaires le 24 avril dans les urnes, appelant les électeurs déçus à lui accorder leur vote. «Certains le feront pour faire barrage à l’extrême droite. Et je suis pleinement conscient que cela ne vaudra pas soutien du projet que je porte, et je le respecte», a-t-il déclaré dimanche soir.

De son côté, forte d’une image édulcorée, Marine Le Pen joue à fond la carte de la défense du pouvoir d’achat et de la justice sociale, appelant très clairement «les électeurs de gauche à la rejoindre». Abstention, vote blanc ou vote Emmanuel Macron ? Jean-Luc Mélenchon a lancé, mercredi, la consultation de ses quelque 310.000 soutiens, l’ex-candidat ayant déjà appelé à ne pas «donner une seule voix à Le Pen».

La consultation, dont le résultat sera public, s’achève samedi à 20H00. Les deux finalistes «ne sont pas équivalents. Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale, qu’elle partage avec Emmanuel Macron, un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse», a rappelé le président de LFI dans un message aux votants.

Tous les coups sont permis
Interrogé sur l’électorat mélenchoniste pour qui le choix n’est pas toujours simple, le fondateur du parti Horizons a reconnu que «le choix qui leur est proposé n’est peut-être pas celui qu’ils auraient aimé avoir au second tour».

Pour lui, la France ne sera pas la même -elle ne sera peut-être pas celle exactement qu’ils [les électeurs] auraient souhaité avec Jean-Luc Mélenchon ou avec un autre- mais elle ne sera pas la même si Marine Le Pen est élue présidente ou si Emmanuel Macron reste président.

«Ma conviction, ma conviction intime, mais qui n’est pas simplement une intuition, mais une conviction pensée, c’est que la France vivra moins bien si Marine Le Pen est élue présidente», a affirmé Édouard Philippe. Dès lundi, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont partis à la conquête des électeurs. La bataille est acharnée et tous les coups sont permis. Tous les thèmes sont sujets à des joutes verbales acerbes. Ainsi, la candidate du RN a jugé que le gouvernement et Emmanuel Macron étaient dans le «déni face au mur de l’inflation» auquel la France allait être confrontée. Interrogé plus tôt sur France 2 au sujet des mesures à prendre face à l’inflation, Emmanuel Macron, lui, avait déjà répondu que «ce que nous avons décidé avec le gouvernement sur l’électricité, le gaz et l’essence est plus efficace qu’une baisse de TVA», comme proposé par Le Pen.

La cheffe du Rassemblement national est aussi sur la défensive sur un autre front, cette fois avec la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale (CNCCEP), qui lui a demandé des clarifications sur sa profession de foi pour le second tour. Dans le collimateur du «gendarme» de la campagne, des chiffres mis en avant pour illustrer le bilan d’Emmanuel Macron sur l’insécurité et l’immigration.

Sur la politique étrangère, tout oppose le président sortant et sa rivale. Ni atlantiste ni multilatérale, Marine Le Pen axe toute sa diplomatie sur l’idée que la France ne serait plus «respectée» dans le monde. Elle voit dans l’Europe un frein et souhaite, par exemple, renégocier les accords de Schengen afin de réinstaurer les contrôles aux frontières ou baisser la contribution financière de la France à l’UE. Emmanuel Macron a, au contraire, fait de l’Europe le pilier central de sa diplomatie depuis cinq ans, comme il l’a encore dit, mardi soir à Strasbourg, en soulignant que cette élection est aussi «un référendum sur l’Europe».

Le nationalisme mène à «une alliance de nations qui veulent se faire la guerre» en Europe, estime-t-il. Le conflit en Ukraine devrait figurer en bonne place de la campagne de Le Pen, elle qui tente de faire oublier sa proximité avec la Russie et Vladimir Poutine. La candidate d’extrême droite n’en a pas moins condamné l’invasion russe et s’est dite très tôt favorable à l’accueil en France de réfugiés de ce pays. Elle reste hostile en revanche aux sanctions économiques contre Moscou, lesquelles altèrent le pouvoir d’achat des Français.

Le monde de la culture soutient Macron

Des responsables du monde de la culture, dont Jack Lang, Olivier Py ou Stanislas Nordey, appellent à voter Emmanuel Macron au deuxième tour de la présidentielle, en soulignant que l’abstention peut bénéficier à son adversaire d’extrême droite, Marine Le Pen. «Ils sont les ennemis de la liberté de penser et de créer», a affirmé à l’AFP l’ex-ministre de la Culture Jack Lang à propos de «Madame Le Pen et ses amis» qui, là où ils «exercent le pouvoir en France, censurent les créateurs, oppriment les enseignants, les professeurs, les chercheurs… Ils sont habités par la haine des Arabes, des musulmans, des juifs…», a ajouté le président de l’Institut du monde arabe selon qui la candidate du RN «mènerait une politique d’exclusion et de discrimination à l’égard de ces communautés culturelles».

Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO


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