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Lutte contre l’inflation : la dernière ligne droite sera “la plus difficile”, selon la BRI
La dernière ligne droite dans la lutte contre l’inflation sera «la plus difficile» pour les banques centrales, avertit, dimanche, la Banque des règlements internationaux (BRI), alors qu’elles doivent encore rehausser leurs taux.
Face à l’emballement de l’inflation, les banques centrales ont lancé un cycle de resserrement de leurs taux d’intérêt sans pareil depuis les années 1970, explique cette institution, considérée comme la Banque centrale des banques centrales, dans son rapport annuel. L’objectif est d’empêcher que l’inflation ne s’enracine.
Ce resserrement des politiques monétaires se fait cependant dans un contexte très délicat, compte de tenu des dettes accumulées par les entreprises et les États, après une longue phase de taux d’intérêt exceptionnellement bas. «Stabiliser l’inflation demande des efforts», a déclaré Agustín Carstens, directeur général de la BRI, et ancien gouverneur de la Banque centrale du Mexique, dans le communiqué accompagnant le rapport, mais «un ajustement trop lent aujourd’hui pourrait nécessiter encore plus d’efforts à long terme», souligne-t-il. Toutefois, «la dernière ligne droite est généralement la plus difficile à parcourir», prévient-il. Avec le reflux des cours des matières premières et la détente au niveau des chaînes d’approvisionnement, l’inflation a commencé à reculer. Il s’agit néanmoins des «gains» les plus «faciles», a souligné Carstens dans un discours prononcé à l’occasion de l’assemblée générale de cette institution, sise à Bâle, en Suisse. D’importants progrès restent encore à faire, mais le calibrage des politiques monétaires pour la dernière ligne droite se fait avec en toile de fond des marchés immobiliers tendus, des dettes élevées et un taux de chômage historiquement faible, qui fait pression sur les salaires, avec le risque d’alimenter l’inflation. «Pour la première fois depuis des décennies, l’inflation et l’instabilité financière évoluent en tandem», met-il en garde. Ce cycle de resserrement des taux a déjà révélé des fragilités du système financier, souligne Carstens, qui a cité en exemple les secousses sur les caisses de retraite au Royaume Uni et fait allusion à la faillite de la banque américaine SVB ainsi qu’à effondrement de Credit Suisse.
Dans son rapport annuel, la BRI a appelé les gouvernements à réduire leurs déficits, soulignant que les politiques budgétaires peuvent aussi contribuer à stabiliser l’économie et à donner un peu plus de marge de manœuvre aux banques centrales.
Sami Nemli Avec AFP / Les Inspirations ÉCO