Monde

Lactalis au coeur de la polémique

Situation corsée pour Lactalis en France. L’entreprise aurait continué à vendre quelque 8.000 tonnes de lait en poudre sortant de l’usine de Craon (Mayenne), épicentre d’une contamination de dizaines d’enfants à la salmonelle, en fin d’année dernière.

L’information vient d’être publiée par l’hebdomadaire « Le Canard Enchaîné », qui s’appuie dans ses révélations sur des « documents fournis par la préfecture de Mayenne » récemment rendus publics. 

« La décision de laisser consommer les 8.000 tonnes de poudre nous a surpris, parce qu’à l’époque on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était elle aussi contaminée. C’était prendre un risque inutile pour la santé publique », rapporte le Canard Enchaîné citant un fonctionnaire de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) qui a requis l’anonymat.

« Il y a une procédure judiciaire en cours par rapport aux faits qui concernaient le lait infantile. Si jamais Lactalis a essayé de frauder par rapport aux consignes qui lui avaient été données, évidemment elle doit être condamnée », a réagi le ministre de la Transition écologique François de Rugy, interrogé sur LCI.

L’Association des familles victimes du lait contaminé à la salmonelle (AFVLCS) qui a également eu accès à ces dossiers, a dénoncé « de nouvelles découvertes pour le moins inquiétantes ».

« Alors que tous les produits infantiles fabriqués à l’usine de Craon depuis avril 2017 ont été retirés et rappelés de la vente, suspectés d’être contaminés aux salmonelles, la poudre de lait fabriquée dans la même usine à la même période et destinée aux préparations industrielles (glaces, pâtisseries etc) a été écoulée sans encombre et sans que quiconque chez Lactalis ne vienne à s’interroger sur sa salubrité », a assuré l’association dans un communiqué.

Ce mercredi, Lactalis a de son côté démenti les informations parues dans le Canard Enchaîné.  « Les 8.000 tonnes visées par le Canard Enchaîné ont été fabriquées sur la Tour 2 non objet de la contamination et conditionnées sur un circuit d’ensachage indépendant. Aussi en toute transparence avec les autorités, ces produits n’étaient pas concernés par le retrait/rappel », a indiqué Lactalis dans un communiqué « condamnant fermement » des « accusations sans fondement ».

Fin 2017, 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir bu du lait infantile des marques Picot et Milumel produit dans l’usine de Craon, un scandale sanitaire dont la gestion a été pilotée au plus haut niveau de l’État.

Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 18 septembre que le groupe, numéro un mondial du lait, avait été à nouveau autorisé à commercialiser la poudre de lait infantile produite dans cette usine, neuf mois après le début du scandale sanitaire.



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