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L’Espagne chasse Franco du mausolée du Valle de los Caidos

Depuis sa mort en 1975, sa tombe, située au pied de l’autel de la basilique, était toujours fleurie.
Francisco Franco, qui a dirigé l’Espagne d’une main de fer de 1939 jusqu’à sa mort en 1975, a été exhumé ce jeudi de son mausolée monumental près de Madrid, 44 ans après la fin d’un régime fasciste et totalitaire.
Le cercueil contenant sa dépouille a été retiré de la basilique creusée dans la roche du mausolée du Valle de los Caidos, rapportent les images diffusée à la télévision nationale.
Huit membres de sa famille, dont son arrière petit-fils Louis de Bourbon, cousin éloigné du roi d’Espagne Felipe VI, ont porté son cercueil.
Les descendants du vainqueur de la sanglante guerre civile 1936-1939 ont crié «Vive l’Espagne» en plaçant dans le corbillard la dépouille qui va être transférée par hélicoptère au cimetière de Mingorubbio dans le nord de Madrid, où repose l’épouse du dictateur.
Malgré les années de répression infligées durant son règne, des centaines de nostalgiques se sont déplacés malgré l’interdiction d’une manifestation par les autorités.
«Franco ne mourra jamais», a déclaré à l’AFP un retraité. «Il a sauvé l’Église et nous a tenu à l’abri du communisme», s’est exclamé un autre partisan.

Au cimetière de Mingorubbio, un office religieux sera célébré par le fils d’Antonio Tejero, auteur en 1981, d’une tentative de coup d’État dans le Parlement espagnol.
Le Premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, a fait du transfert de la dépouille de Franco une priorité dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, pour que ce mausolée ne puisse plus être un «lieu d’apologie» du franquisme.
À moins de trois semaines des législatives du 10 novembre, les détracteurs de Sanchez à droite comme à gauche l’accusent d’en faire un argument électoral, alors qu’une semaine de manifestations violentes en Catalogne a mis le socialiste en difficulté.
Le gouvernement de Pedro Sanchez agit sur la base d’un vote en 2017 du Parlement espagnol demandant l’exhumation de Franco, resté lettre morte en raison de l’opposition du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy.
Depuis l’adoption en 2007 sous l’impulsion du socialiste Jose Luis Zapatero d’une «loi de mémoire historique», la droite ne cesse d’accuser la gauche de vouloir rouvrir les blessures du passé qui semblent encore pas totalement guéries.