Italie : une mer de cercueils pour sensibiliser aux accidents du travail
Un millier de cercueils alignés sur l’une des plus belles places du centre de Rome : c’est l’action choc organisée par un syndicat pour sensibiliser politiques et grand public au drame des accidents mortels du travail.
«Chaque année, un millier de personnes partent travailler et ne rentrent pas chez elles», affirme un grand panneau exposé à côté des 1.041 cercueils en carton installés autour de l’obélisque planté au centre de l’élégante place du Peuple. Un nombre correspondant au nombre de personnes mortes d’un accident du travail en 2023. «L’objectif zéro est encore trop loin», affirme une autre pancarte.
«Nous avons apporté ici ces cercueils pour éveiller les consciences, rappeler à tous la nécessité d’agir, ne pas oublier ceux qui ont perdu la vie et demander au gouvernement et aux politiques de faire des choses concrètes afin d’éviter ces homicides», a expliqué Pierpaolo Bombardini, secrétaire général du syndicat UIL à l’origine de cette initiative.
«Parce qu’il s’agit d’homicides. Quand les règles de sécurité sont violées, il ne s’agit pas d’accidents mais d’homicides», a-t-il souligné.
Les accidents mortels sur le lieu de travail font régulièrement la une des médias italiens, provoquant à chaque fois un débat sur la prévention des risques. Dernier exemple en date mi-février, lorsqu’une structure en béton s’est effondrée sur le chantier de construction d’un supermarché à Florence, faisant cinq morts. La Première ministre Giorgia Meloni avait alors déploré cette «nouvelle histoire, qui heurte nos consciences, de personnes qui vont travailler (…) et ne rentrent pas chez elles».
Pour Pierpaolo Bombardini, «il faut augmenter le nombre d’inspections et d’inspecteurs. Il faut fermer les entreprises qui enfreignent les normes de sécurité», s’est-il indigné.
Selon les dernières statistiques d’Eurostat disponibles sur le nombre d’accidents du travail mortels dans l’Union européenne datant de 2021, l’Italie, avec 3,17 décès pour 100.000 actifs, se situe au-dessus de la moyenne européenne (2,23) mais derrière la France (4,47) et l’Autriche (3,44). Les trois plus mauvais élèves sont la Lituanie, Malte et la Lettonie. Les trois pays les plus «sûrs» sont dans l’ordre les Pays-Bas, la Finlande puis l’Allemagne.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO