Iran : indignation internationale après la mort de la «fille bleue»
Sahar Khodayari, 30 ans, avait été arrêtée l’an dernier alors qu’elle tentait d’entrer dans un stade, dont l’accès est interdit aux femmes, déguisée en homme.
La justice iranienne va enquêter sur le décès d’une supportrice de football, ont rapporté mardi 10 septembre des médias d’Etat, des informations faisant état de l’immolation par le feu de la jeune femme, surnommée la « fille bleue », devant un tribunal la semaine dernière. La vice-présidente iranienne Masoumeh Ebtekar a adressé au chef du pouvoir judiciaire une lettre lui demandant d’ouvrir une enquête, selon l’agence de presse officielle Irna.
Sahar a été arrêtée l’an dernier en tentant d’entrer dans un stade déguisée en homme pour assister à un match de son équipe favorite, le Esteghlal FC de Téhéran, selon le site d’information sportive Varzesh, citant sa sœur.
En Iran, les femmes sont bannies des stades depuis la Révolution islamique en 1979, les responsables religieux arguant qu’elles doivent être protégées de « l’atmosphère masculine » et de la « vue d’hommes à moitié dévêtus ».
La FIFA a dit mardi « regretter cette tragédie » dans un communiqué, réitérant ses « appels aux autorités iraniennes pour assurer la liberté et la sécurité de toutes les femmes engagées dans cette bataille légitime pour mettre fin aux interdictions d’entrer dans les stades ».
Amnesty a qualifié sa mort de « choquante ». « Sahar Khodayari serait toujours vivante s’il n’y avait pas eu cette interdiction draconienne et le traumatisme subséquent de son arrestation, de sa détention et des poursuites », a affirmé Philip Luther d’Amnesty depuis Londres. « Sa mort […] doit provoquer un changement en Iran pour éviter de telles tragédies à l’avenir », a-t-il ajouté.
La FIFA avait accru ses pressions sur l’Iran pour que le pays autorise les femmes à assister aux rencontres de qualifications pour la Coupe du Monde 2022, et lui avait donné jusqu’au 31 août pour le faire, sous peine de conséquences. Le ministère des Sports avait indiqué le 25 août que les supportrices seraient autorisées à assister le 10 octobre à un match de qualification entre l’Iran et le Cambodge.
Lundi, avant les informations sur la mort de Khodayari, Human Rights Watch avait jugé que cette affaire soulignait « la nécessité pour l’Iran de mettre un terme à l’interdiction faite aux femmes d’assister aux matches – et l’urgence pour la FIFA de faire appliquer ses propres règles concernant les droits humains ».
Si quelques femmes ont pu assister à des rencontres internationales, d’autres ont été poursuivies en justice pour avoir pénétré dans un stade en dehors de ces occasions.