Industrie militaire : après l’affaire des sous-marins, la France ne vacille pas
La France n’a «aucune inquiétude» concernant son industrie de défense, a assuré jeudi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, après la perte d’un contrat géant auprès de l’Australie, qui a opté pour un partenariat stratégique avec les États-Unis et le Royaume-Uni. La crise diplomatique entre Paris et Washington, qui s’est ouverte dans la foulée, «est infiniment moins une crise commerciale et industrielle qu’une crise politique et stratégique», a souligné Attal sur France Inter, au lendemain d’un entretien entre Emmanuel Macron et Joe Biden. Le contrat perdu portait sur 12 sous-marins à propulsion conventionnelle (non nucléaire), représentant 50 milliards de dollars australiens (31 milliards d’euros) au moment de la signature, soit 90 milliards de dollars compte tenu de l’inflation intervenue sur la durée du programme ainsi que des dépassements de coûts. Il s’agissait du plus important contrat, portant sur du matériel de défense, jamais conclu tant du côté français qu’australien. Interrogé pour savoir si l’Inde pourrait racheter les sous-marins non livrés à Canberra, Gabriel Attal a simplement assuré n’avoir «aucune inquiétude sur notre industrie de défense». «Depuis le début du quinquennat, nous avons vendu 88 Rafales, enregistré 30 milliards de commandes nouvelles et livré 30 autres milliards supplémentaires de matériel. Par ailleurs, nos sous-marins sont des fleurons reconnus internationalement, un certain nombre de pays s’en sont dotés, d’autres pourraient suivre et il y a peut-être des commandes en cours», a-t-il énuméré, sans toutefois donner davantage de précisions. Pour ce qui est de l’entretien entre les présidents français et américain mercredi, il parle d’«une conversation honnête qui a permis plusieurs gains importants», estimant que Joe Biden a reconnu la responsabilité de son pays dans la crise», ce qui n’est «pas banal», et le fait qu’«avec nous, l’Europe ne cherchait pas un grand frère mais un partenaire». Maintenant, il faut des «actes», a-t-il estimé, en évoquant la «vocation» de l’Europe à se doter d’une «défense importante et à être autonome», et la nécessité d’«avoir une stratégie propre en Indopacifique». Il a aussi affirmé qu’au Sahel, les États-Unis «vont s’engager davantage», sans plus de détail. Les deux chefs d’État ont convenu de se retrouver en Europe, où le président américain est attendu pour participer au G20, à Rome, les 30 et 31 octobre, puis à la COP26, début novembre, à Glasgow.
Sami Nemli avec Agence / Les Inspirations ÉCO