IDE : la France championne européenne
Malgré la pandémie, la France est toujours, en 2021, le pays européen le plus attractif pour les investisseurs étrangers, selon le baromètre annuel du cabinet E and Y. Une première place, toute relative, quand on entre dans les détails de cette étude.
L’investissement étranger a bondi de 24% en France entre 2020 et 2021, alors qu’il a reculé de 10% en Allemagne et faiblement augmenté au Royaume-Uni, les deux autres pays européens les plus appréciés par les investisseurs étrangers.
En nombre de projets et pour la troisième année consécutive, la France coiffe donc ses deux voisins au poteau, avec 1.222 implantations ou extensions de sites existants, contre à peine 1.000 outre-Manche et 840 de l’autre côté du Rhin. L’industrie est la grande gagnante de cet afflux de capitaux étrangers.
Les activités qui ont beaucoup souffert des confinements et des ruptures des chaînes d’approvisionnement, l’automobile, l’ameublement et la construction industrielle notamment, rapprochent à présent la fabrication des biens intermédiaires.
Cette présence accrue des investisseurs étrangers en France est un bon point pour la balance commerciale, en déficit chronique depuis bientôt 20 ans. En effet, les entreprises à capitaux étrangers, qui pèsent 10% du PIB et 35% des ventes à l’étranger, contribuent fortement aux exportations tricolores.
L’envers de cette première place, c’est l’effet rattrapage
Si la France progresse, c’est parce qu’elle part de très loin : en 2020, le Covid a stoppé les projets en cours dans les pays du sud de l’Europe plus brutalement qu’il ne l’a fait dans le nord, sur le sol britannique ou allemand, précise Marc Lhermitte, l’un des associés du cabinet E and Y. C’est donc plutôt une remise à niveau qu’un essor notable de l’investissement étranger.
Autre bémol : les retombées en termes d’emploi sont faibles sur le sol français. Malgré le Brexit, le Royaume-Uni est le grand gagnant dans ce domaine. Sa sortie de l’Union européenne a conduit une partie des entreprises étrangères à se replier sur le continent, et la France en a été le premier bénéficiaire.
Néanmoins, le royaume conserve un très fort pouvoir d’attraction en termes de coût du travail, le coût horaire demeurant inférieur à la moyenne européenne et le droit social, moins contraignant que dans l’UE.
C’est pourquoi les salariés britanniques sont les premiers à bénéficier des investissements étrangers. Dernier point préoccupant pour la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont beaucoup plus accueillants pour les implantations nouvelles. 80% des projets relèvent de cette catégorie chez ses voisins, 30% seulement en France.
Comment expliquer ce grand écart ?
Les pays concurrents proposent un accompagnement beaucoup plus favorable en termes de formation et de démarches administratives. Et ils sont encore mieux-disants sur le plan fiscal.
Les 200 investisseurs interrogés par E and Y apprécient toutes les réformes entreprises pendant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron et, notamment, la baisse des impôts de production. Mais ils attendent des mesures encore plus libérales et des efforts supplémentaires en matière de transition énergétique. La France est dans la moyenne européenne par rapport aux objectifs climatiques.
Cependant, elle peut et doit mieux faire, car cette dimension verte va devenir un facteur important de localisation, estime le cabinet. Une majorité du panel (56%) envisage d’y investir davantage, mais la guerre en Ukraine pourrait compromettre cet appétence pour l’Hexagone. La moyenne des avis favorables, qui était de 75% avant le premier mars (c’est-à-dire avant l’invasion russe de l’Ukraine), est retombée ensuite à 45%.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO