Gaz à effet de serre : la France marque le pas
Le recul des émissions de gaz à effet de serre en France montre des signes de faiblesse. Si 2023 avait enregistré une baisse historique, 2024 se distingue par un ralentissement inquiétant, aggravé par des hausses sectorielles au troisième trimestre.
Le Citepa a annoncé une hausse de 0,5% des émissions de gaz à effet de serre au troisième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente. Ce rebond tranche avec les baisses de 5% et 2,2% enregistrées respectivement aux deux premiers trimestres. Sur les neuf premiers mois de l’année, la réduction globale s’établit à -2,4%, un rythme bien inférieur à celui de 2023 (-6%). Les données révèlent des disparités sectorielles marquées. Alors que l’industrie et la production énergétique confirment leur rôle moteur (-12,9%), le bâtiment (+11,8%) et les transports routiers (+1,1%) affichent une reprise des émissions. Cette dernière s’explique notamment par une augmentation de l’usage des systèmes de chauffage en septembre.
Transports : des engagements insuffisants
Les transports demeurent le talon d’Achille de la stratégie climatique française. «Les entreprises doivent jouer leur rôle dans le renouvellement des flottes automobiles», a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique. Elle a rappelé que les achats de véhicules électriques par les entreprises restent deux fois inférieurs à ceux des ménages. Un durcissement des règles est à l’étude pour accélérer cette transition.
Des signes encourageants à nuancer
Parmi les signaux positifs, le transport aérien intérieur poursuit sa baisse, avec une diminution de 4,1% des émissions au troisième trimestre. La décarbonation de l’électricité se renforce, grâce à une moindre dépendance aux énergies fossiles. Cependant, l’industrie manufacturière voit sa progression ralentir : après une baisse de -2,8% au deuxième trimestre, la réduction tombe à -1,3%.
Objectifs climatiques : la marge de manœuvre se réduit
Le projet de Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3) fixe des objectifs ambitieux : une réduction annuelle de 4,7% des émissions jusqu’à 2030 pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Avec une trajectoire actuelle de -3,1% sur douze mois glissants, la France devra intensifier ses efforts, particulièrement dans le bâtiment et les transports, pour éviter un nouveau retard dans ses engagements européens.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO