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France : les prix dans les supermarchés toujours à des niveaux très élevés

Le gouvernement français se satisfait de sa lutte contre l’inflation alimentaire, qui de fait a ralenti depuis quelques mois. Mais les professionnels jugent peu probable que les négociations commerciales à venir s’achèvent par des baisses de prix sensibles et généralisées dans les grandes surfaces. 

«Prix bloqués», voire en baisse, anticipation des négociations, éphémère proposition de vendre le carburant à perte… Les mesures annoncées ces derniers mois par le gouvernement français pour lutter contre la forte hausse des prix, notamment dans l’alimentaire, étaient dès l’origine entourées de scepticisme. Ne parvenant pas à imposer un «panier anti-inflation» censé encourager la concurrence – déjà extrêmement forte – entre les enseignes de la grande distribution, Bercy s’en était remis en mars à la bonne volonté de Carrefour, E.Leclerc ou Intermarché pour une opération commerciale intitulée «Trimestre anti-inflation». Le dispositif, qui avait été étendu jusqu’à la fin de l’année civile, consistait à vendre une sélection de produits laissée à leur discrétion, au «prix le plus bas possible».

Un dispositif limité ?
Dans une interview au Parisien ce week-end, la ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire s’est félicitée de ce que «de nombreux produits ont arrêté d’augmenter, permettant donc de constituer un îlot de stabilité pour les consommateurs les plus fragiles».

De son côté, Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation de l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir, reste très critique de l’efficacité du dispositif, «très limité dans sa portée». «Si on regarde l’ensemble d’un panier de grande surface, le trimestre anti-inflation n’a pas permis de limiter l’inflation, qui a connu jusque juin 2023 des hausses record, jamais vues», a-t-il observé, l’association se livrant à des relevés de prix quotidien. Autre décision censée répondre à la hausse sans précédent du prix des paniers de course, plus de 20% de hausse moyenne en deux ans : avancer de quelques semaines la période de négociations entre les supermarchés et leurs fournisseurs de l’agro-industrie.

Cette période, qui a lieu chaque année pour déterminer les conditions de vente (prix d’achat, place en rayon, calendrier promotionnel…) d’une large part des produits vendus en grandes surfaces, s’achève habituellement au 1er mars. Mais le Parlement a adopté un texte contraignant les entreprises à s’entendre plus rapidement, au plus tard le 15 janvier pour les fournisseurs réalisant moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires et au plus tard le 31 pour les plus gros fournisseurs. Philosophie du texte : permettre une répercussion plus rapide dans les prix en rayon des baisses du coût de certaines matières premières. Sauf que depuis, les représentants des industriels ont prévenu qu’il ne faut pas s’attendre à des baisses de prix massives ou généralisées, leurs coûts restant élevés. Même son de cloche émanant des supermarchés, qui disent recevoir de nouvelles demandes de hausses de tarifs de la part de leurs fournisseurs. «Ce qui compte, ce n’est pas la ligne de départ mais la ligne d’arrivée», a répondu dans le Parisien Olivia Grégoire, qui martèle : «nous aurons des produits dont les prix vont baisser l’an prochain».

Une baisse, mais…
La hausse des prix a baissé en intensité, s’établissant pour l’alimentaire à +7,7% sur un an en novembre, alors qu’elle était encore à deux chiffres quelques mois plus tôt. Cela s’explique toutefois par le fait que les prix avaient déjà commencé à beaucoup gonfler il y a un an. En outre, une moindre hausse est loin d’être une baisse. «Mathématiquement, les prix sont en légère baisse depuis le sommet atteint en début d’été, mais ils demeurent toujours très élevés en perception», a commenté sur son site «Le Web Grande conso» l’expert du secteur Olivier Dauvers, qui relève aussi des prix. «Depuis juin, quelques produits augmentent, quelques produits diminuent, mais on reste à un niveau très élevé, trop pour un certain nombre de ménages», constate aussi Grégory Caret. «Entre les frais des automobiles, le crédit ou le loyer, les assurances, certains d’entre eux n’ont pas l’habitude de devoir consacrer une telle part de leur budget aux dépenses alimentaires». 

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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