France : le gouvernement à la recherche de 40 milliards d’euros d’économies

Le chef du gouvernement français François Bayrou devait lancer quelques pistes mardi, sous le regard de l’opposition que cette perspective fait bondir. La France devra réaliser un effort «de 40 milliards d’euros» l’an prochain, sous forme «essentiellement» d’économies, pour réduire le déficit public de 5,4% du PIB – objectif 2025 – à 4,6% en 2026.
Comment réaliser 40 milliards d’euros d’économies en 2026 pour réduire le déficit, face à une prévision de croissance revue à la baisse? Le chef du gouvernement français François Bayrou devait lancer quelques pistes mardi, sous le regard de l’opposition que cette perspective fait bondir. L’Éxécutif prépare les esprits à un «état d’alerte budgétaire», selon les termes du ministre de l’Économie Eric Lombard.
Celui-ci a planté le décor dimanche: la France devra réaliser un effort «de 40 milliards d’euros» l’an prochain, sous forme «essentiellement» d’économies, pour réduire le déficit public de 5,4% du PIB – objectif 2025 – à 4,6% en 2026. «La trajectoire, c’est 3% à l’horizon 2029, il faut s’y tenir», a affirmé le ministre du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.
La prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été rabotée à 0,7%, après 1,1% en 2024, tandis que la dette française s’élevait à 113,7% du PIB fin septembre, plaçant le pays parmi les plus endettés de la zone euro. Embourbé dans les sondages et souvent taxé d’immobilisme après quatre mois en fonction, le centriste François Bayrou entend amorcer une méthode dite de «coresponsabilité» avec les Français.
Aucune annonce immédiate n’est à attendre, si ce n’est la création de groupes de travail pour identifier les économies, à l’issue de la réunion de mardi entre Bayrou et, notamment, plusieurs membres de son gouvernement, des parlementaires et des syndicalistes. Sur quels leviers agir? Sont régulièrement évoqués dans le débat, notamment par le patronat, un effort éventuel des retraités, une hausse de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) ou le financement de la Sécurité sociale.
«On sait qu’il y a des dépenses inefficaces (…) Cela peut être des aides aux entreprises, à l’investissement, des prestations sociales qui n’atteignent pas leur objectif, etc.», a résumé le ministre de l’Industrie Marc Ferracci. Lombard a par ailleurs dit «souhaiter» que la contribution appliquée aux ménages les plus aisés, présentée comme temporaire et qui fixe un taux minimal d’imposition de 20%, devienne «pérenne». Ces 40 milliards d’euros d’économies à venir ont fait bondir, pour des raisons différentes, les oppositions, la gauche radicale et l’extrême droite menaçant à nouveau de censurer le gouvernement.
«Si le projet, c’est de demander aux Français de se serrer la ceinture sans que l’État n’aille sur le chemin des économies en matière d’immigration, de train de vie de l’État et des collectivités, nous nous emploierons à le censurer», a prévenu le vice-président du Rassemblement national (extrême droite), Sébastien Chenu.
À l’inverse, la gauche s’inquiète de «l’impact récessif» de nouvelles économies sur une croissance déjà fragilisée par les incertitudes liées à la politique protectionniste des États-Unis.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO