France-Algérie : Paris envisage de réduire les visas de travail

Réduire les visas de travail pour les travailleurs algériens pourrait faire partie des «réponses graduées» décidées par le gouvernement français après la fin de non-recevoir opposée par l’Algérie à la liste d’Algériens expulsables fournie par Paris ces derniers jours, a indiqué la ministre du Travail mardi.
Lundi soir, Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, a promis une «réponse graduée», après le rejet annoncé par Alger d’une liste de ressortissants algériennes que la France souhaite expulser. Retailleau disait alors «regretter que l’Algérie refuse d’appliquer le droit international». Interrogée mardi matin sur RTL pour savoir si la réponse évoquée par son collègue au gouvernement pouvait passer par une restriction des visas de travail pour les travailleurs algériens, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a répondu : «Je pense que ça fait partie des ripostes graduées, effectivement».
«La première piste, c’est de regarder le traité de 2007 sur les visas pour ceux qui détiennent des passeports diplomatiques et qui viennent régulièrement en France», a-t-elle précisé.
Par ailleurs, «le traité de 1968 dont on a parlé montre que l’Algérie bénéficie aujourd’hui d’exonérations exceptionnelles qui pouvaient se justifier quelques années après les accords d’Evian mais qui ne se justifient plus aujourd’hui», a-t-elle ajouté. Invité sur TF1 mardi matin, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a estimé que l’Algérie devait «entendre la volonté de la France» et reprendre ces individus «dangereux», notamment après l’attentat de Mulhouse, perpetré le 22 février par un Algérien en situation irrégulière et sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.
Se disant «tout à fait favorable à la riposte graduée» évoquée par Bruno Retailleau, il a plaidé pour le rappel de l’ambassadeur français en Algérie et la «fin des visas diplomatiques».
«Il faut mettre fin à cela. Il n’y a pas de raison que la France continue d’être généreuse avec ce pays», a ajouté le garde des Sceaux.
Fin février, le Premier ministre François Bayrou avait menacé de «dénoncer» l’accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, l’ancienne puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d’emploi, si, dans un délai de six semaines, l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.
Toutefois, début mars, le président français Emmanuel Macron avait paru vouloir jouer la carte de l’apaisement en se disant «favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier» cet accord.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO