Élections anticipées en Espagne. Vers un retour de la droite ?

Le voisin ibérique se prépare à tenir un nouveau scrutin électoral anticipé, le 28 avril prochain, suite à l’échec de Sanchez à faire adopter son Budget. Le rendez-vous électoral pourrait marquer l’arrivée de la droite radicale au pouvoir.
L’instabilité politique se fait de nouveau sentir en Espagne. La convocation d’élections générales anticipées par le chef de gouvernement Pedro Sanchez (photo) le 28 avril replonge le pays dans l’incertitude. Pedro Sanchez a été poussé à prendre cette décision après le rejet de son projet de loi de Finances. Même les alliés d’hier, à savoir les indépendantistes catalans et les nationalistes basques, lui ont tourné le dos. Ceux-là mêmes qui l’avaient porté au pouvoir, avec l’appui de Podemos. Il s’agit du troisième rendez-vous électoral en trois ans. Aux commandes du gouvernement espagnol depuis 8 mois seulement après l’éviction de son prédécesseur, Mariano Rajoy, suite à une motion de censure, Sanchez a proposé un projet qui n’a pas fait l’unanimité. Le chef de gouvernement se maintenait au pouvoir grâce à une minorité vacillante, tout en subissant les coups de semonce des groupes parlementaires indépendantistes. Après le rejet du Budget, il a fini par céder, à contre-cœur, aux appels à convoquer des élections, lui qui souhaite rester au pouvoir jusqu’à 2020.
De fait, la question catalane continue de prendre en otage la vie politique espagnole. Il a été qualifié de «passif» envers les indépendantistes catalans par la droite espagnole, cette dernière versant dans un chauvinisme incongru depuis la percée de la formation d’extrême droite Vox. Face à une gauche fracturée, la droite resserre les rangs. La spectaculaire performance électorale (inattendue) de Vox aux dernières élections régionales en Andalousie et son arrivée à l’assemblée de ce fief socialiste annonçaient déjà un chamboulement de la vie politique espagnole. Les partis de droite, à savoir le PP et Ciudadanos (libéraux), n’éprouvent plus aucune gêne à s’afficher aux côtés de cette formation ouvertement nationaliste et anti-migrants. À présent, ce bloc réclame la tête de Sanchez et refuse toute concession envers les indépendantistes catalans. Ceux-ci sont, à leur tour, de plus en plus intransigeants à propos de la tenue de leur référendum d’autodétermination. Une requête inacceptable pour le gouvernement, et une hérésie pour les partis de l’opposition. La rupture du dialogue avec le clan des catalanistes a catalysé les demandes d’appel à l’organisation d’un scrutin général anticipé et a porté l’estocade au gouvernement socialiste. Les sondages créditent la droite d’une majorité confortable. Un scénario à l’andalouse, où le PP gouvernera avec le soutien de Ciudadanos et de Vox, se profile à l’horizon. Ceci dit, ce changement politique ne devrait pas détendre l’atmosphère anxiogène qui règne en ce moment en Espagne.
Sur le plan maroco-espagnol, une entrée de Vox au gouvernement national pourrait être la source de frictions entre Rabat et Madrid. Le parti, qui affiche publiquement son animosité envers le Maroc, coupable selon lui de «soumettre l’Espagne à un chantage via le dossier de la migration», pourrait exercer des pressions sur ses alliés au gouvernement. En outre, Vox est partisan de l’expulsion manu militari de tous les mineurs marocains. Dans la seule Andalousie, la formation a identifié quelque 50.000 migrants irréguliers, des Marocains pour la plupart, en vue de leur expulsion de l’Espagne.