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COP28 : le Sommet africain pour le climat, premier rendez-vous d’un trimestre crucial

Avec le premier «Sommet africain pour le climat», Nairobi lance ce lundi les quatre mois les plus chargés de l’année pour les négociations climatiques internationales, qui culmineront avec une bataille sur la fin des énergies fossiles à la COP28 à Dubaï en décembre.  

Pendant trois jours (du 4 au 6 septembre), une vingtaine de dirigeants et responsables d’Afrique et d’ailleurs, dont le chef de l’ONU, António Guterres, seront accueillis dans la capitale kényane par le très actif président William Ruto, qui souhaite que ce sommet permette au continent de trouver un langage commun sur le développement et le climat afin de «proposer des solutions africaines» à la prochaine conférence climat annuelle de l’ONU.

Dans un monde très en retard sur ses objectifs de réduction des émissions à l’origine d’un réchauffement climatique de plus en plus sévère pour les peuples, les négociations en prévision de la COP28, présidée cette année par la puissance pétrogazière des Émirats Arabes Unis, sont marquées par de vives oppositions sur l’avenir énergétique de l’humanité.

Aux côtés d’autres dirigeants africains, William Ruto s’est efforcé de mettre en avant le potentiel de l’Afrique comme puissance industrielle verte et d’appeler la communauté internationale à débloquer l’argent destiné au continent. «Ils ont clairement montré que l’Afrique n’était pas une victime, mais un acteur essentiel pour résoudre la crise climatique mondiale grâce à la croissance verte», analyse Mavis Owusu-Gyamfi, vice-présidente exécutive de l’African Center for Economic Transformation (ACET).

L’Afrique veut participer à la solution
Un succès à Nairobi donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l’Assemblée générale des Nations unies, puis en octobre la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech.

Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle prévu par l’accord de Paris, l’investissement doit atteindre 2.000 milliards de dollars par an dans ces pays en l’espace d’une décennie, a calculé le FMI. Un projet de «Déclaration de Nairobi», encore en négociation, souligne le «potentiel unique de l’Afrique pour être une partie essentielle de la solution». Le document cite le vaste potentiel de la région en énergies renouvelables, sa main-d’œuvre jeune et ses atouts naturels, notamment 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et l’hydrogène. Il inclut aussi un engagement à tripler le potentiel des énergies renouvelables sur le continent, de 20 % de l’électricité en 2019 à 60 % d’ici 2030. Des pays comme le Kenya sont en avance, avec environ 94 % de son électricité issue des renouvelables.

Le financement, le nerf de la guerre
Mais les dirigeants africains ne cessent de souligner les obstacles financiers considérables pour leur continent, parmi les plus vulnérables face au changement climatique et où quelque 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. L’Afrique, qui abrite 60% des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire, n’a toutefois qu’une capacité installée similaire à la Belgique, ont souligné récemment le président kényan et le patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

En cause, notamment : seuls 3% des investissements mondiaux de la transition énergétique arrivent en Afrique, ont-ils déclaré. La charge de la dette dans la région a grimpé en flèche avec la pandémie de covid-19, l’invasion russe de l’Ukraine et les impacts climatiques, estime la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, mettant en garde contre le risque d’une «décennie perdue» pour son développement.

Par ailleurs, les pays riches n’ont pas encore tenu leur promesse de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide dans la lutte contre le changement climatique : une promesse non remplie depuis 2020, qui a durablement érodé la confiance des pays pauvres dans la capacité des émetteurs historiques de gaz à effet de serre à assumer leur responsabilité. Pour Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa, l’Afrique devait prendre ses distances par rapport aux luttes mondiales entre la Chine, les États-Unis et l’Europe. «Nous serons ainsi à la table, et certainement pas au menu, comme nous l’avons été jusqu’à présent», résume-t-il. «Nous avons sauté l’étape de la ligne téléphonique fixe, de la même manière ce continent (…) peut sauter l’étape de l’énergie sale et devenir un leader vert», poursuit le dirigeant. 

AFP / Les Inspirations ÉCO



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