Climat : les enjeux de la COP26
Deux principaux enjeux sont au cœur de la 26e conférence des parties à la convention-cadre des Nations-unies sur le climat : le relèvement du niveau des ambitions climatiques des États et le financement des actions de lutte contre le changement climatique dans les pays en voie de développement. Sur le premier point, les deux plus grands pollueurs du monde (la Chine et les USA) n’ont encore rien annoncé ; tandis que sur le second, la traduction de l’engagement des pays riches dans les faits n’est pas encore acquise.
La COP26 a été décalée du 1er au 12 novembre 2021, et aura donc lieu dans la ville de Glasgow, en Ecosse. Six années après la tenue de la COP21 qui a donné naissance à l’Accord de Paris, la COP26 sera donc la première étape clef pour vérifier sa mise en œuvre et son efficacité.
Présenter les secondes CDN rehaussées
Rappel du contexte. À l’échelle du monde, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter. La température de la planète a déjà augmenté de 1°C par rapport à l’ère pré-industrielle (en 150 ans). Les premiers signes du changement climatique sont déjà visibles. Conséquences du changement climatique, les inondations, feux de forêt et séismes se sont multipliés ces deux dernières années. Pour les limiter durablement, le réchauffement de la planète doit être contenu sous 2°C. C’est l’engagement qui a été pris lors de la COP21 à Paris. Mais pour tenir cet objectif, les États doivent redoubler d’efforts. En effet, le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) montre que nous ne réduisons malheureusement pas suffisamment nos émissions de gaz à effet de serre et que le réchauffement risque de dépasser 3°C avec des conséquences irréversibles pour l’humanité. Quelques données du rapport. La planète risque de se réchauffer de plus 1,5°C d’ici 2030, c’est-à-dire dans moins de 10 ans et 10 ans avant la date fatidique initialement prise comme repère dans le cadre de l’Accord de Paris. En effet, selon le rapport, la température moyenne de la planète (mesurée à un mètre au-dessus des sols -stations météorologiques- et à la surface des océans) depuis 1850 et la reconstruction de ces températures par des études paléoclimatiques remontant à 2.000 ans montrent l’amplitude et la rapidité du réchauffement climatique observé. L’augmentation de la température ne se manifeste pas seulement sur les moyennes mais également par la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur dont les effets peuvent être dévastateurs pour les écosystèmes, l’agriculture ou la santé humaine, relève le document qui pointe d’un doigt accusateur l’Homme. En effet, l’intensification de l’effet de serre atmosphérique par nos émissions de gaz à effet de serre – la plupart dues à l’usage des énergies fossiles, charbon, gaz et pétrole – est la cause du réchauffement climatique. C’est pourquoi, les États parties devront donc présenter leur seconde feuille de route concernant leurs contributions à cet objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à Glasgow. Entendez avec des ambitions beaucoup plus élevées que celles qu’ils avaient présentées à Paris. C’est pourquoi 197 dirigeants politiques ont été invités pour présenter leurs nouvelles ambitions et répondre ainsi à l’appel du Secrétaire général des Nations-unies, Antonio Guterres, qui appelle notamment les pays à présenter des plans concrets pour réduire de 45 % les gaz à effet de serre sur les dix ans à venir et pour les supprimer totalement d’ici 2050.
Débloquer les 100 milliards de dollars promis
À signaler que les 191 pays qui ont ratifié l’Accord de Paris auraient déjà revu leurs CDN (Contribution nationale déterminée) à la hausse. Parmi eux, il y a le Maroc qui a notamment soumis sa nouvelle CND actualisée au Secrétariat exécutif de la CCNUCC en date du 22 juin 2021. Selon le Département de l’environnement relevant du ministère de la Transition énergétique et du développement durable,«la CDN du Maroc a été actualisée dans le cadre d’une approche participative et inclusive et a été présentée à la Commission nationale sur les changements climatiques et la diversité biologique, avant sa soumission officielle au Secrétariat de la CCNUCC. Ainsi, la Contribution actualisée du Maroc comprend un nouvel objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 45,5% d’ici 2030 contre 42% auparavant, dont une part de 18,3% inconditionnelle c’est-à-dire qui sera réalisée sans l’appui de la coopération internationale». Autrement dit, la réalisation des 81,7% de la CDN du Maroc dépendra de l’appui international. Un appui qui tarde à se manifester, puisque jusqu’à présent les 100 millions de dollars annuels à allouer aux pays en voie de développement, à partir de 2020, n’ont pas encore connu de déblocage. Et donc, l’engagement des politiques pour la mise en œuvre des CDN dépend aussi de la volonté des pays développés de franchir cette étape cruciale de déblocage de ces fonds. D’ailleurs, ce sujet sera aussi au coeur des négociations à Glasgow.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO