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Afrique du Nord/ Investissement climatique : le secteur privé, parent pauvre selon la BAD

Selon le bureau régional de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord, le secteur public a contribué à la majeure partie du financement climatique dans la région, représentant 85% du montant total, tandis que le financement du secteur privé constitue 15%.

Le constat est sans appel ! «Le secteur privé ne contribue pas assez à la croissance verte en Afrique du Nord contrairement au secteur public», souligne Audrey Verdier-Chouchane, économiste régionale pour l’Afrique du Nord, lors de la présentation, ce jeudi, du rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique du Nord. Selon le bureau régional de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord, le secteur public a contribué à la majeure partie du financement climatique dans la région, représentant 85% du montant total, tandis que le financement du secteur privé constitue 15%.

De ce fait, il existe un déficit de financement important pour l’action climatique et la croissance verte dans le secteur privé. Ce déficit constitue un défi de taille pour atteindre les niveaux d’investissement nécessaires à l’action climatique et à la croissance verte en Afrique du Nord. Selon la BAD, qui a émis aussi une série de recommandations stratégiques dans le cadre de ce rapport, les facteurs contribuant au déficit de financement du secteur privé en Afrique du Nord sont multiples, d’où la nécessité d’une croissance verte car la région est confrontée à d’importants effets du changement climatique, à l’épuisement des ressources naturelles et aux émissions de gaz à effet de serre, ce qui entraîne un développement économique non durable. Actuellement, les faibles montants des financements dédiés à ce volet représentent un obstacle majeur à la transition de la région vers une économie verte.

Une combinaison de facteurs
Dans ce sens, malgré les nombreuses opportunités de croissance verte et de développement en Afrique du Nord, ce déficit de financement est dû à une combinaison de facteurs, notamment la faiblesse de l’infrastructure financière qui est peu développée selon la BAD, ce qui rend difficile l’accès des entreprises au financement. Il s’agit aussi du manque de capital-risque qui entrave la croissance des startups et des PME innovantes. A cela s’ajoutent l’absence de cadres politiques et réglementaires clairs et l’accès limité au financement particulièrement pour les petites et moyennes entreprises (PME) et les startups au financement. Parmi les facteurs cités également par la BAD figurent le défaut de bancabilité des projets, la perception d’un risque élevé des projets, le manque d’infrastructures d’appui ainsi qu’un accès insuffisant aux marchés de capitaux internationaux. A cela s’ajoutent une capacité limitée en matière d’élaboration de projets et une connaissance limitée des mécanismes de financement innovants.

Les possibilités de mobilisation des financements
S’agissant des possibilités de mobilisation des financements du secteur privé pour l’action climatique et la croissance verte en Afrique du Nord, la BAD souligne que bien que les pays d’Afrique du Nord aient pris diverses mesures pour mobiliser les investissements du secteur privé en faveur de l’action climatique et de la croissance verte, le financement du secteur privé nécessitera de nouveaux efforts coordonnés de la part des pouvoirs publics, des institutions financières et du secteur privé. Il s’agit aussi de capitaliser sur les ressources énergétiques renouvelables abondantes dans la région, notamment solaires, éoliennes et hydroélectriques. Ces ressources représentent des opportunités d’investissement dans des projets d’énergie renouvelable pour le secteur privé. Il est question aussi de stimuler la demande croissante de technologies et de services verts avec la baisse constante des coûts des technologies d’énergie renouvelable qui crée des opportunités pour les investisseurs du secteur privé et l’appui des pouvoirs publics à la croissance verte.

Besoins de financement : 280 milliards de dollars entre 2020 et 2030
Il est à noter que la région aura besoin d’environ 280 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour appuyer sa transition vers une économie à faible émission de carbone et résiliente au changement climatique. Toutefois, la région fait face à plusieurs défis pour attirer les investissements du secteur privé. La BAD a constaté en 2020 que «le déficit d’investissement dans les énergies renouvelables en Afrique du Nord est estimé à 100 milliards d’USD d’ici à 2030». En outre, l’IFC note, une année auparavant, que «malgré une forte demande de financement climatique en Afrique du Nord, le déficit de financement reste important», notamment pour le public où les sources de financement les plus importantes pour l’action climatique en Afrique du Nord sont les institutions de financement du développement (IFD) bilatérales et multilatérales, qui représentent environ 78% (3,8 milliards d’USD) de l’investissement public dans la région.

Un déficit de financement annuel de 10 milliards de dollars
Dans le détail, le coût estimatif de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique en Afrique du Nord s’élèvera à près de 280 milliards d’USD d’ici à 2030, avec un déficit de financement annuel de 10 milliards d’USD. Le rapport note que les marchés financiers de la région ne sont pas bien développés, ce qui crée une insuffisance dans la disponibilité du financement du secteur privé pour les projets climatiques et limite la capacité des entreprises à accéder au financement pour les projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique. Aussi, le déficit de financement de l’action climatique en Afrique du Nord est estimé à 30 milliards d’USD par an d’ici à 2030, alors que les déficits les plus importants se situent en Égypte, au Maroc et en Algérie. Selon la BAD, le financement de l’action climatique et de la croissance verte en Afrique du Nord devrait se concentrer sur les secteurs de l’énergie, des transports et de l’agriculture.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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