Africa Risk-Reward Index : l’Afrique entre doute et optimisme pour l’après-Covid
La reprise sera lente et irrégulière sur le continent. Toutefois, des opportunités intéressantes s’offrent aux investisseurs. C’est la conclusion de la 5e édition de l’Africa Risk-Reward Index, publiée récemment par Control Risks, cabinet de conseil spécialisé dans la gestion des risques.
Si la pandémie du coronavirus a affecté les scores de risque et de performance observés sur le continent africain ces dernières années, cela ne doit pas décourager les investisseurs. C’est la grande conclusion de la 5e édition de l’Africa Risk-Reward Index (ARRI). Selon le cabinet de conseil, l’Éthiopie a enregistré les plus fortes baisses de notation en 2020.
En effet, le pays connaît des tensions ethniques en plus de la crise du coronavirus. Quant à la note de l’Égypte, elle est restée stable alors que sa note de performance a été affectée par la triple peine de la pandémie, de la faiblesse des prix du pétrole et de la chute des revenus du tourisme.
Pour l’Algérie, son score a progressé depuis les manifestations de masse et les élections de 2019, mais les défis pour son économie, dépendante du pétrole, ont fait baisser son score global. «La reprise sera plus lente et irrégulière sur le continent. Toutefois, celle-ci permettra aux gouvernements africains de s’attaquer aux contraintes structurelles et de promouvoir de nouvelles stratégies. Nous observons déjà des progrès en ce sens et, pour les investisseurs, cela implique des opportunités intéressantes»,affirme Barnaby Fletcher, directeur associé de Control Risks.
Par ailleurs, l’Afrique doit s’attendre à subir sa première récession en vingt-cinq ans. Les gouvernements africains manquent de marge de manœuvre budgétaire pour engager des dépenses inhérentes à la relance, s’inquiètent les analystes. Jacques Nel, responsable de la macroéconomie africaine chez NKC African Economics a fait savoir que «l’impact économique de la Covid-19 sera variable, mais la reprise le sera encore plus. Les optimistes espèrent assister à une relance sans pareille, à l’heure où les gouvernements lancent des réformes plus que nécessaires. Les pessimistes prédisent un continent régressant de plus d’une décennie. La réalité se situera quelque part entre les deux, chaque pays trouvant une place unique sur cet échiquier».
Toutefois, le rapport affirme que les investissements en faveur des technologies africaines devraient diminuer, même s’ils ont atteint des niveaux records ces dernières années. Il ajoute que le numérique et la technologie sont appelés à jouer un rôle plus important qu’auparavant dans l’avenir post-pandémique de l’Afrique. La vague de travailleurs et d’entreprises informels qui entrent dans l’économie officielle devra avoir accès à des services financiers et juridiques de base, qui seront probablement fournis par des plateformes en ligne ou mobiles. Cette crise a cependant engendré des réformes salvatrices, dans la mesure où elle a permis de mettre en évidence la nécessité de solutions technologiques et numériques sur le continent. Elle a, en effet, suscité le développement d’applications de santé pour aider à lutter contre la pandémie, de plateformes de commerce électronique pour faciliter la vie en situation de confinement, et de nouveaux systèmes de paiement et de micro-assurance. D’autre part, les spécialistes ont appelé les investisseurs à plus de vigilance surtout concernant les risques posés par les opérations d’influence en Afrique. Ils sont ainsi appelés à comprendre le paysage médiatique des pays africains, tout comme le paysage politique et commercial, afin d’éviter les pièges et maximiser leurs chances de réussite.
Mariama Ndoye / Les Inspirations Éco