Aérospatiale. La Lune de nouveau au centre des convoitises
La Lune, vers laquelle l’atterrisseur russe Luna-25 s’est envolé dans la nuit de jeudi à vendredi, est au cœur de plusieurs programmes ambitieux, avec dans cette course à l’alunissage, les puissances abonnées aux prouesses spatiales mais également de nouveaux candidats. Technologiques, scientifiques, politiques… Leurs motivations sont multiples. Avec souvent Mars en ligne de mire.
La Lune est devenue un passage obligé avant un voyage vers la planète rouge. Pour y installer des bases relais mais aussi pour y tester combinaisons, véhicules, courant… et y apprendre à vivre dans l’espace lointain.
Outre ces motivations technologiques, les Terriens ont encore beaucoup de choses à apprendre sur leur satellite naturel et sa formation. Sans oublier le besoin stratégique pour certains d’être les premiers, des raisons de politique intérieure ou l’attrait économique des ressources lunaires (eau, métaux…).
Percée stratosphérique de Pékin
La Chine prévoit d’envoyer des taïkonautes sur la Lune avant 2030 et ambitionne d’y construire une base. Si le géant asiatique n’a envoyé son premier humain dans l’espace qu’en 2003 – soit très longtemps après les Soviétiques et les Américains en 1961 en pleine Guerre froide – ses programmes spatiaux, alimentés par des milliards de dollars, montent en puissance depuis plusieurs décennies. Avec notamment une première mondiale en 2019 : l’alunissage d’un engin sur la face cachée du satellite naturel de la Terre. Puis en 2020, le retour d’échantillons de Lune – une opération inédite, tous pays confondus, en plus de 40 ans – et en 2021, l’atterrissage d’un petit robot sur Mars.
USA : Objectif 2025
Un demi-siècle après les dernières missions Apollo, l’agence spatiale américaine (NASA) concentre ses efforts sur le programme Artémis qui vise, officiellement pour 2025, un retour d’astronautes, dont la première femme et le premier Afro-américain, sur le sol lunaire. Il sera ensuite question de présence durable, par la construction d’une base sur la surface de la Lune et d’une station spatiale en orbite autour d’elle. Le tout pour préparer un voyage encore plus complexe: l’envoi d’un équipage vers Mars. Mais en attendant, la fusée Starship, développée par SpaceX – l’entreprise d’Elon Musk – pour ces voyages, a explosé en vol lors de son premier essai en avril dernier.
Russie : près d’un demi-siècle d’attente
La Russie a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi son premier engin vers la Lune depuis 1976. Baptisée Luna-25, cette mission s’inscrit dans un cycle de plusieurs autres en vue d’une éventuelle base en orbite lunaire construite avec la Chine. Sa coopération avec les puissances spatiales occidentales a été quasiment réduite à néant après l’invasion de l’Ukraine. Peu après le début de la guerre, en avril 2022, Vladimir Poutine avait néanmoins assuré que la Russie continuerait à mettre en oeuvre son programme lunaire en dépit des sanctions occidentales.
L’Inde et le Japon dans les starting-blocks
Jusqu’à présent, seuls trois pays sont parvenus à se poser à la surface de la Lune, située à quelque 384.000 kilomètres de la Terre: la Russie, les États-Unis et la Chine. Mais les récents progrès de la technologie ont permis de faire baisser le coût des missions, incitant de nouveaux acteurs publics ou privés à se lancer. En août, l’Inde est parvenue à faire entrer une fusée non habitée, Chandrayaan-3, dans l’orbite de la Lune. Elle devrait, si tout se déroule comme prévu, s’y poser à la fin du mois. Mais la Lune ne se livre pas si facilement. Une mission privée israélienne a raté l’alunissage de sa sonde en 2019. Même issue en avril dernier pour l’alunisseur Hakuto de la start-up japonaise ispace. Deux autres entreprises, les sociétés américaines Astrobotic et Intuitive Machines, devraient tenter leur chance plus tard cette année.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO