737 MAX: Le mea culpa du patron de Boeing face aux sénateurs américains
Le patron de Boeing Dennis Muilenburg s’est exprimé pour la première fois devant une commission du Congrès ainsi que face aux caméras sur les dysfonctionnements du modèle 737 MAX qui ont conduit aux catastrophes aériennes de Lion Air et Ethiopian Airlines.
Muilenburg a voulu présenter les excuses et promesses de changements de Boeing, devant les sénateurs de la Commission du commerce, de la science et des transports. Pour la première fois devant les caméras, en direct, face aux parents de victimes des deux catastrophes impliquant le 737 Max, le patron opérationnel de Boeing admet d’emblée que l’avionneur a commis des erreurs.
Nous savons que nous avons commis des erreurs et que nous nous sommes trompés sur certaines choses. Nous assumons notre responsabilité et nous sommes en train de corriger ces erreurs», explique l’homme de 55 ans qui a fait toute sa carrière chez Boeing. «Nous avons développé des améliorations sur le 737 MAX pour assurer que de tels accidents ne se reproduisent plus jamais» précise-t-il.
Les ingénieurs et pilotes de Boeing ont déjà volé 814 fois sur le 737 MAX équipé du nouveau logiciel censé éliminer les dysfonctionnements qui ont joué un rôle dans l’accident du vol 610 de Lion Air il y a un an exactement et dans le vol 302 d’Ethiopian Airlines en mars dernier rapporte Le Figaro.
«Nous savons que les deux accidents impliquaient l’activation répétée d’une fonction d’un logiciel de contrôle appelé MCAS qui réagissait à des signaux erronés d’un capteur mesurant l’angle d’attaque de l’avion. Sur la base de cette information nous avons développé des améliorations robustes de logiciel qui, entre autres, garantiront que MCAS ne pourra pas être activé sur la base d’un signal donné par un seul capteur et ne pourra pas non plus être activé de manière répétée», confirme Dennis Muilenburg.
Critiqué depuis un an pour son manque apparent d’empathie pour les victimes de ces catastrophes et pour une certaine langue de bois dictée par les juristes de Boeing, cet ingénieur de formation promet «d’aider à reconstruire les communautés et familles affectées». Boeing leur verse 100 millions de dollars «comme un premier pas» et s’engage à ce que l’argent soit distribué le plus rapidement possible.
De nombreuses questions, certaines très techniques, restent toutefois en suspens d’autres de simple bon sens, attendaient Dennis Muilenburg en ce premier jour d’auditions au Congrès. Michael Stumo, père d’une des victimes du vol 302 d’Ethiopian Airlines, posait avant le début de l’audience, une des plus graves pour Boeing: «Alors que vous saviez que le système MCAS était en cause dans la catastrophe du vol de Lion Air, pourquoi n’avez-vous pas agi pour corriger immédiatement ce problème au lieu garder pour vous les informations à ce propos alors que vous accusiez les pilotes?» Parmi les autres questions qui reviennent souvent: la certification du 737 MAX a-t-elle été biaisée par l’urgence de commercialiser l’avion? L’agence de réglementation des transports aériens, la Federal Aviation Administration (FAA) n’a-t-elle pas trop fait confiance aux assurances de Boeing sur la sécurité de l’avion ?
Le sénateur du Mississippi, Roger Wicker, président de la Commission du commerce, tient à ce que le point de vue des familles de victimes soit bien compris par Boeing. «J’ai promis à leurs êtres les plus chers que nous allons faire la lumière sur ce qui a mal tourné et que nous travaillons pour prévenir de futures tragédies», s’engage ce républicain, ancien lieutenant-colonel de l’US Air Force, en poste depuis janvier 2008.