Visa for Music. Un rendez-vous musical vital boudé par le ministère !
La 5e édition de Visa for Music a démarré ce 21 novembre à la Renaissance à Rabat. Cet évènement majeur dans la vie culturelle marocaine ne bénéficie d’aucun soutien du ministère de tutelle, selon son fondateur Brahim El Mazned. Visa For Music vit, peut-être, ses derniers jours. Révélations.
Entre la Renaissance, la Salle Bahnini, le Théâtre Mohammed V et le Palais Tazi, il fait bon déambuler et découvrir des talents, des univers musicaux, des pays, des styles de musique. Visa For Music est un forum le jour, avec des stands de professionnels du métier, et un festival la nuit avec des artistes d’Afrique et de la région MENA. De l’Iran au Liban en passant par la Jordanie, le Cameroun, l’Île de la Réunion, l’Égypte, le Sénégal, l’Algérie, la Turquie, la Palestine, le Gabon ou encore la Côte d’Ivoire… le voyage est de mise.
L’événement qui fait le travail d’une industrie musicale inexistante…
Visa For Music est le premier salon/festival des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient. Cette manifestation inédite, née en 2013, propose sa 5e édition en 2018 avec, au cœur du projet, une trentaine de showcases mais également des conférences, des speed-meetings, des ateliers et formations… «Ce projet est né d’un paradoxe : d’un côté, le manque de visibilité des artistes d’Afrique et du Moyen-Orient à l’international, de l’autre, la présence d’un dynamisme artistique et d’une création musicale pourtant extrêmement riche. Afin de parer ce déséquilibre, Visa For Music s’est donné pour mission première de mettre en valeur la création artistique d’Afrique et du Moyen-Orient, principalement dans les musiques du monde et les musiques actuelles», précise Brahim El Mazned, fondateur de l’événement. À la fois forum et festival, Visa for Music a conquis le cœur de la région, de ses musiciens, de ses professionnels, tous fiers de se rencontrer à Rabat par amour de la musique. Plus qu’un enchaînement de concerts, l’événement permet à des professionnels de la musique du Nord de rencontrer les artistes du Sud, les produire, les accompagner, voire même les programmer dans des festivals de renom. «Grâce à Visa for Music, nous avons joué en Hollande, en Corée du Sud, en Tunisie. Jamais cela n’aurait été possible sans cet événement nécessaire», confie Tarik Hilal, musicien, arrangeur, compositeur et compagnon de Nabyla Maan. «C’est Visa for Music qui m’a fait connaître et décoller à l’international! Je ne serais rien sans eux !», renchérit Walid Benselim, de N3rdistan, qui ne cesse de sillonner le monde avec son projet musical authentique.
Forum «incompris» au Maroc, reconnu dans le monde
Événement qui propose 52 showcases, des conférences, des formations, 50 stands de professionnels, trois jours de speed-meetings où des directeurs de festival, des labels rencontrent les musiciens, qui accueille 1.500 professionnels de la musique dont 300 artistes et 200 journalistes, Visa for Music n’a pas touché l’aide promise par le ministère de la Culture pour les trois dernières éditions, alors qu’une convention de 5 ans avait pourtant été signée. «Je ne sais si Visa for Music est «incompris» ; mais nous sommes un événement structurant qui fait vivre la ville de Rabat et qui a des retombées directes sur des carrières !», indique Brahim El Mazned, fondateur du rendez-vous musical. «Dans un pays où l’industrie musicale n’existe pas, comment se passer d’un tel événement qui ne coûte pas cher, comparativement aux autres rendez-vous culturels ?», ajoute le créateur de l’événement qui ne peut compter que sur le soutien de la Fondation Hiba et Younès Boumehdi. «La fondation a compris que cet événement était capital pour l’industrie. Nos artistes sillonnent le monde, ont des revenus, font des concerts, vivent de leur musique grâce à Visa for Music», explique El Mazned. Résultat : Visa for Music, pour la première fois depuis 5 ans, n’a pas annoncé ses dates pour 2019. La plateforme musicale, au bord de l’agonie, se poursuit jusqu’au 24 novembre et en est peut-être à sa dernière édition.