Exposition : les œuvres majeures de Fatna Gbouri à la Villa des Arts
Du 21 janvier au 31 mars, la Villa des Arts de Casablanca propose au public «Fatna Gbouri : entre tradition et modernité»
L’accrochage met en lumière la période qui s’étend de 1982 à 1990, et où l’artiste prend conscience de son talent. Elle s’inscrit dans le courant d’art singulier, parfois appelé art Post-Brut, pour éviter le terme de «naïf», qui n’a plus la charge transgressive qu’il pouvait porter au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C’est un art d’autodidactes ne respectant pas les codes classiques de la peinture, préférant l’intuition et la spontanéité.
Une autodidacte au sommet de son art
En écartant les méthodes académiques et en embrassant le trait naturel du pinceau. Fatna Gbouri, comme ses homologues, est un produit de l’environnement populaire. Elle entraîne votre regard contemplatif dans un univers traditionnel et détaché des lieux, ne laissant place qu’aux scènes qu’elle a soigneusement choisies, notamment des scènes rurales de mariage, de naissance, de célébrations et bien plus encore, qu’elle a pu observer et vivre dans son quotidien.
L’artiste prend soin de surprendre par un choix de couleurs éclectiques et vives sans pour autant dénaturer la beauté des moments immortalisés. Si ses sujets s’inspirent plutôt que restituent les scènes de son quotidien, elle se garde bien de sombrer dans la folklorisation. Exempt de toute nostalgie ou de sentimentalisme, l’une des forces picturales de ce travail est sans conteste celle de ces étonnants yeux des personnages.
Leur regard transperce le spectateur, dans un retournement assez spectaculaire lorsque l’on y songe. Fatna Gbouri est née en 1924 à Tnine Gharbia, dans la province de Safi. Elle commence à peindre en 1982, à l’âge de 58 ans. Produisant pendant 30 ans, elle nous offre une œuvre spectaculaire, sa vision du Maroc et de la culture populaire traditionnelle.
Fatna Gbouri, au même titre que Chaïbia Talal, est une des pionnières féminines de la peinture marocaine, qui méritent leurs places au plus haut des cimaises.
Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO