Culture

Exploitation des salles de cinéma : le secteur bat de l’aile

Après une apnée forcée de 14 mois, les producteurs, distributeurs et exploitants de salles de cinéma crient à l’asphyxie. Face au malaise dans le secteur, la Chambre marocaine des salles de cinéma multiplie les actions pour sortir la tête de l’eau.

Les mesures barrières visant à freiner la propagation de la Covid-19 font grincer des dents les propriétaires et exploitants de salles de cinéma. Dans un courrier daté du 4 mai et adressé au ministère de la Culture, la Chambre marocaine des salles de cinéma (CMSC) monte au créneau. «Le Maroc détient désormais un triste record du monde. Celui du nombre de jours consécutifs de fermeture des cinémas durant la crise Covid», dénonce la CMSC, précisant qu’à la date du lundi 17 mai, les professionnels du secteur comptabilisent 420 jours consécutifs de fermeture.

La CMSC souligne ainsi le lourd tribut que paie le secteur depuis les premières heures du confinement en 2020: «Malgré un soutien à nos employés et aux exploitants de salles, nous sommes bien placés pour comprendre que les ressources de l’État ont leur limites et savons désormais que sur 14 mois de fermeture, seulement 7 mois de charges fixes seront couverts pour les exploitants de salles -et encore, partiellement- et nos employés ont été contraints de diminuer leurs ressources de 10% à 80% selon leur statut, sur 14 mois, au nom de la santé de tous». Si la Chambre apprécie le soutien des autorités, elle déplore, cependant, le maintien de la fermeture des salles obscures bien que «tous les indicateurs soient au vert». Comparativement à d’autres groupements professionnels tels que la restauration ou le tourisme, nettement plus puissants, la CMSC déplore un deux poids, deux mesures: «Malheureusement, et malgré les efforts récents d’investisseurs au Maroc, le secteur de l’exploitation cinématographique est encore tout petit et à bien du mal à se faire entendre des autorités».

Selon un cadre chez Megarama, la nécessité d’arrêter une date de réouverture est «urgente pour atténuer un tant soit peu le manque de visibilité. Même la réouverture exige un temps de préparation au cours duquel nous nous occupons de programmer les séances de projection. Les pertes sont énormes pour l’ensemble des acteurs du secteur», explique-t-il. Pour la CMSC, la profession figure parmi celles qui payent cher les efforts déployés pour vaincre la pandémie. «Des efforts qui devraient être collectifs mais qui ne le sont pas ; en témoignent des plateformes comme Netflix qui engrangent des centaines de millions de dirhams de recettes au Maroc sans payer d’impôts et qui, grâce à la Covid-19, ont encore fortement augmenté le nombre de leurs abonnés», souligne la CMSC, qui ne manque pas de rappeler que le manque à gagner pour le Maroc est colossal.

Plus de concertation
Sans ressources supplémentaires de l’État, il est urgent de rouvrir les cinémas afin de relancer la lourde machine qu’est l’exploitation cinématographique. Contacté par Les Inspirations ÉCO, Al Hosain Boudi, président de la Chambre marocaine des salles de cinéma, explique que «du fait de la trop longue fermeture des salles, il faudra une marge de trois mois minimum aux exploitants de salles pour remettre à niveau les salles, réparer les faux plafonds, et les projecteurs numériques particulièrement sensibles. Il faut au minimum un mois pour nettoyer la salle et environ deux mois pour les réparations». Il déclare également avoir discuté de la problématique de la réouverture avec le ministre de la Culture : «Il m’a expliqué que cette décision ne relève pas de lui, mais d’une commission dirigée par le chef de gouvernement. Nous voulons que cette décision de réouverture soit concertée, que la commission qui prendra la décision nous consulte avant. L’objectif est d’exposer certaines réalités qui ne sont pas forcément prises en compte». Plusieurs pays ont arrêté une date de réouverture en mai 2021. Pour la CMSC, le Maroc a un taux de contamination bien plus faible que la plupart des pays ayant rouvert leurs cinémas ou sur le point de le faire. «En se référant aux pays ayant rouvert leurs cinémas avec une population entre 10 et 100 millions d’habitants, la comparaison avec le Maroc et ses 37,7 millions d’habitants, ainsi que son taux de contamination plus bas, rend légitime la réouverture des salles de cinéma dans le royaume».

Des mesures barrières adoptées mais jamais mises en application
Début juillet 2020, des mesures barrières ont été définies dans un cahier des charges signé par tous les exploitants de salles de cinéma avec le Centre cinématographique marocain. Selon la CMSC, jamais les exploitants n’ont eu l’occasion de le mettre en application: «Dans le monde entier, jamais un seul cas n’a surgi d’une salle de cinéma ouverte durant la pandémie. Au-delà de cela, nous sommes prêts à modifier la jauge à 30% au lieu de 50% si cela peut accélérer la réouverture des cinémas, mais nous ne pouvons plus payer une telle facture pour la santé de tous, alors que de nombreux pays ont compris que seule la réouverture est salutaire pour ce secteur». 

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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