Culture

Derrick Carter. “Dans ce métier, on peut facilement se perdre”

Derrick Carter. DJ

Il est considéré comme l’un des fondateurs de la House Music, mais aussi comme “la légende de Chicago”. Derrick Carter est un DJ discret qui donne peu d’interviews. Lors de son passage à l’Oasis Festival, il a accepté d’accorder aux “Inspirations ÉCO” quelques minutes de son temps avant son concert avec The Black Madonna. Une rencontre placée sous le signe de la fraîcheur et de la sincérité.

Ce n’est pas votre première fois au Maroc. Comment est le public ici ?
Le public est incroyable! J’adore Marrakech et ce festival, il y a une énergie incroyable ici! À peine arrivé, on m’accueille de la plus belle des manières. Je mange bien, je suis chouchouté, je rencontre mes amis. On est bien ! On se sent en vacances tout en travaillant. Et ce que j’aime ici, c’est qu’il y a plein de nationalités ! J’ai rencontré plein d’Anglais et des gens de chez moi, de Chicago ! C’est à peine croyable…

Avez-vous une manière particulière de vous préparer, lorsque vous vous rendez dans un pays que vous ne connaissez pas ?
Non, pas vraiment. Je fais confiance au festival qui m’invite. J’ai mes morceaux, je les choisis en fonction de mon public, je m’adapte aussi beaucoup en fonction de la soirée, de l’heure, de jour où je vais jouer aussi. Jouer un premier jour de festival ou le dernier, ce n’est pas la même chose. Mais surtout, j’essaie de beaucoup m’amuser! J’ai beaucoup travaillé dans ma vie; maintenant, je m’amuse! (Rires). Mais plus sérieusement, je travaille beaucoup en fonction de l’énergie de mon public, elle me nourrit.

Comment trouvez-vous un équilibre dans cette vie nocturne, dans tous ces voyages ?
Je ne travaille que les weekends! Vendredi, samedi et dimanche. La semaine est tranquille. C’est important pour moi de garder un rythme de vie normal. Dans ce métier, on peut facilement se perdre. Nous sommes sollicités tout le temps, dans tous les pays du monde, à des horaires impossibles. Si nous ne sommes pas vigilants et bien entourés, c’est la dérive. C’est pour cela que j’ai une vie tout à fait normale pendant la semaine, à Chicago, chez moi. Je vois mes amis, je sors mon chien tous les jours, je vais au supermarché. C’est parfait! J’aime être chez moi, retourner chez moi. J’ai besoin de me ressourcer. Je ne peux pas être loin de Chicago très longtemps.

C’est probablement la clé de votre succès…
Sûrement… C’est, en tout cas, ainsi que je ressens les choses, que je peux travailler en toute sérénité. Les gens dans mon quartier me considèrent comme quelqu’un de normal et c’est tellement réconfortant. Un jour, le serveur de mon Starbucks préféré m’a trouvé sur Instagram et a su ce que je faisais. Cela m’a stressé! (Rires). Mais il est redevenu normal avec moi, là…(Rires)

Comment Chicago a fait de vous le DJ que vous êtes aujourd’hui ?
Waouh…Je dois tout à cette ville, son énergie et surtout sa scène musicale je pense! J’ai commencé quand j’avais 9 ans! Je bricolais déjà sur des machines, je savais que je voulais faire cela. J’ai juste commencé, je ne sais pas pourquoi! J’ai fait des petits jobs à côté, mais j’ai toujours fait de la musique et j’ai toujours su que je voulais faire cela! Je ne sais pas faire autre chose… Chicago me permet de faire de l’art, non du commercial. Je n’aurai jamais pu vivre à Los Angeles par exemple, où le commercial et l’apparence priment. C’est une culture, là-bas. À Chicago nous sommes préservés. C’est plus underground. Je sens que je peux y faire de l’art. Je suis paresseux, je ne sens pas encore que je réalise tout ce que je peux vraiment réaliser! Mais je suis sûr que je peux le faire à Chicago. Et nulle part ailleurs.

Quand avez-vous su que vous deviendriez professionnel ?
Je ne sais pas. Je le suis devenu, c’est tout! J’ai été viré de tous les jobs que j’ai eus! (Rires). Je n’ai pas de filtre en fait. Je me suis rendu compte que je ne pouvais être en contact avec les gens, je ne suis pas doué avec l’humain et les rapports humains. J’ai un problème avec l’autorité aussi. La musique était donc la seule solution pour moi. Être face à un public qui en veut, qui en demande, qui est tellement reconnaissant. Créer ma propre musique sans avoir recours à quelqu’un d’autre. C’était la seule alternative pour moi …

Et comment créez-vous votre musique, justement ?
La plupart du temps en studio, mon endroit préféré! J’ai un home studio où je passe le plus clair de mon temps. Je crée tout le temps. Mais je ne garde pas tout. Je n’enregistre pas tout. Il n’y a pas de processus de création. Le processus de création, c’est le processus en lui-même. Je ne pense même pas à ce que je veux faire ou à ce que j’ai envie de faire. Je n’ai pas de plan. Je laisse mes envies prendre le dessus, l’humeur du moment… Je laisse mes démons s’exprimer librement. C’est la seule façon pour moi de faire de la musique sincère, qui touche le cœur des gens.


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