Vers un « boost étatique » pour le cloud computing au Maroc ? (VIDEO)
TABLE RONDE. Le cloud computing, c’est comme un supermarché : on peut y trouver de tout. Mais face aux préoccupations relatives à la sécurité des données, à la rareté des compétences ou à des offres de services encore limitées, entraînant une certaine réticence des entreprises à s’engager dans cette voie, il va falloir trouver un équilibre entre la digitalisation des services et la protection des données sensibles.
Pourtant, le cloud computing est une technologie en plein essor qui offre de nombreux avantages aux entreprises, notamment l’accès à des technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle, le machine learning, le data lake et l’analytique. Les entreprises peuvent ainsi innover plus facilement, tester de nouvelles technologies et arrêter des projets sans investissement préalable.
Dans le cadre de la table ronde «Les Cercle des ÉCO», les intervenants ont souligné l’importance de la certification et des mesures de sécurité pour garantir la sécurité des données des clients. C’est indéniable, le cloud computing est devenu un catalyseur clé pour l’accélération de la transition numérique des administrations publiques.
Dans ce contexte, la loi 55-19 relative à la digitalisation et à la simplification des procédures administratives a donné à ces dernières cinq ans pour digitaliser l’ensemble de leurs procédures administratives. Cette loi leur a ainsi imposé une contrainte forte, les amenant à digitaliser leurs services tout en en garantissant la continuité et la sécurité pour les citoyens et les entreprises. Moussa Mohamed, directeur des systèmes d’information au ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, souligne que le cloud est un moyen efficace pour accélérer la transition des services offerts aux usagers et rationaliser les dépenses.
Cependant, la question de la sécurité des données reste cruciale, et il est nécessaire de mener une étude de classification pour décider des données qui peuvent être externalisées et de celles qui doivent rester sur le territoire national, en conformité avec la loi 05-20 sur la cybersécurité et la loi 09-08 sur les données à caractère personnel. Il est donc important de trouver un équilibre entre la nécessité de digitaliser les services et la protection des données sensibles.
Fayssal Soulaymani, directeur marketing & support à la vente B2B chez Orange, souligne que l’administration publique doit jouer un rôle important pour aider à développer l’adoption du cloud au Maroc. En effet, pour que les grands fournisseurs puissent installer leurs solutions au Maroc, il faut suffisamment d’usage et de volume de manière à ce que l’équation économique soit positive.
Pour encourager l’adoption du cloud, Soulaymani suggère la mise en place d’un «Cloud first policy», comme cela a été fait dans certains pays du Moyen-Orient, pour inciter les entreprises à investir dans ce domaine et à encourager les fournisseurs de cloud à s’installer au Maroc. Cependant, pour que le Royaume puisse bénéficier de tous les avantages du cloud, il est important de développer une offre globale de services, qui permettra aux clients de bénéficier de l’accessibilité en termes d’investissement, de la flexibilité, de la sécurité, de l’agilité et de l’innovation. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place un booster étatique destiné à encourager l’adoption du cloud, afin de permettre aux entreprises et aux administrations publiques de bénéficier de toutes les opportunités offertes par cette technologie.