Éco-Business

Valorisation des déchets ménagers, LafargeHolcim Maroc prépare une opération pilote

Oum Azza sera la première décharge contrôlée à se doter d’une plateforme mitoyenne de préparation de combustibles alternatifs à partir des refus du centre de tri de déchets bruts au Maroc. Il permettra à LafargeHolcim de traiter 100.000 tonnes de déchets par an d’où sortiront 55.000 tonnes de combustible de type RDF destinées aux fours de sa cimenterie de Bouskoura.

LafargeHolcim fonce sur la valorisation des déchets ménagers! Le leader national du secteur de la cimenterie compte lancer la construction de son premier projet pilote de transformation de déchets ménagers en RDF courant octobre-novembre prochain. L’opération aura précisément lieu sur un terrain mitoyen à la décharge d’Oum Azza, à Rabat exploitée par le groupe Pizzorno. «Nous n’avons pas encore arrêté la date exacte. Il nous reste encore quelques petits réglages à effectuer avant le démarrage des travaux de notre première plateforme de préparation de RDF à partir des déchets ménagers de la décharge contrôlée d’Oum Azza au Maroc, que nous projetons de mettre en service d’ici juillet 2017», explique Hind Baddag, directrice Activité traitement de déchets d’Ecoval, filiale à 100% de LafargeHolcim Maroc, spécialisée dans la valorisation des déchets. Parmi ces réglages, il y a notamment la finalisation des travaux d’aménagement des espaces dédiés au broyage, au séchage et à la transformation des déchets en RDF.

En attendant, il faut retenir que la plateforme d’Oum Azza sera la première du genre au Maroc et un bon showcase qui permettra à son promoteur, qui a investi 55 MDH, de traiter 100.000 tonnes de déchets par an d’où sortiront 55.000 tonnes de combustible de type RDF (voir encadré ci-dessous) destinés aux fours de la cimenterie LafargeHolcim Maroc – usine de Bouskoura. La technologie utilisée a été développée dans le cadre d’un partenariat de R&D.

Il s’agit d’une technologie éprouvée et adaptée aux pays émergents. Elle repose sur un procédé de préparation qui compte plusieurs étapes, dont la réception des déchets entrants; le déchiquetage et broyage; le séchage et le stockage puis le transfert par camions bennes pour une valorisation énergétique en fours de cimenteries. Il est à signaler que cette technologique offre plusieurs avantages. Elle est écologique, parce qu’elle permet la réduction du tonnage de déchets enfouis et des lixiviats. Par exemple, sur 100 tonnes (t) de déchets traités, cette technologie engendre une évaporation de 30 t et une production d’au moins 50 t de RDF, ce qui a une incidence non négligeable sur le prolongement de la durée de vie de la décharge.

Dans le cas de la décharge d’Oum Azza, où elle sera très prochainement appliquée, elle permettra à cette dernière de rester en service jusqu’en 2027 voire au-delà. Cela constitue une contribution à l’effort national de réduction des gaz à effet de serre de type CO2; un avantage environnemental pour ce type de projets, qui par conséquent permet d’honorer l’engagement du Maroc au niveau international (INDC Maroc). Cette technologie est également socio-économique puisqu’elle permet la création de 30 emplois industriels pérennes et la production d’un combustible local qui se substitue aux importations de combustibles payés en devises fortes. Les débouchés de cette solution sont également garantis et pérennes puisque ses clients sont les cimenteries du groupe LafargeHolcim Maroc. D’ailleurs, la société compte capitaliser dessus pour alléger sa lourde facture énergétique. À l’horizon 2030, le leader national des cimenteries entend dupliquer cette expérience sur d’autres décharges contrôlées dans le royaume et dégager plusieurs centaines de tonnes de RDF par an, comme ce qui se fait actuellement en Turquie où LafargeHolcim traite 344 kilotonnes (kt) de déchets ménagers chaque année, et ce qui est envisagé à Soulaymaniah en Irak, loin devant la Pologne (Mlawa: 96 kt/an) ou encore la Roumanie (Hoghiz: 35 kt/an).

Signalons que le Maroc a un ambitieux plan de valorisation des déchets ménagers. En effet, le Programme national des déchets ménagers (PNDM), qui est l’un des piliers de la stratégie nationale de gestion rationnelle des déchets ménagers et assimilés, se fixe comme objectif de valoriser 20% des déchets ménagers à l’horizon 2020. Une tâche particulièrement difficile. Le taux de mise en décharge contrôlée des déchets urbains actuel est de l’ordre de 38%. Avec les décharges en cours de mise en œuvre, le ministère délégué chargé de l’Environnement veut le porter à 73% à la fin de l’année en cours. Par ailleurs, le taux de recyclage actuel est à peine de 7%.


Qu’est-ce que le RDF ?
Le Refuse Derived Fuel (RDF) est un combustible, produit d’un mélange de déchets. Ce combustible se compose notamment de différents types de plastique, de textile, de caoutchouc, de bois et de papier. Afin de rendre le RDF propre à la combustion, le matériau est trié et les matériaux recyclables tels que le verre et le métal sont extraits. Le matériau restant est ensuite traité afin d’obtenir un combustible alternatif ou de substitution de grande qualité pouvant être utilisé dans une installation de revalorisation énergétique.



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