Une voie d’avenir pour les jeunes d’Afrique ?
Au Maroc où 13,3 millions d’habitants ruraux sont stabilisés grâce au secteur agricole, l’agriculture représente 38% de l’emploi total au royaume. Plus de 250.000 postes d’emplois au Maroc ont été créés grâce à ce secteur entre 2016 et 2017.
Barrières financières et légales, difficultés d’accès aux financements, besoins en termes de formation initiale et continue…La jeunesse rurale fait face à de nombreux défis communs aux pays africains où, chaque année, 10 millions de jeunes continentaux arrivent sur le marché du travail avec plus de 70% d’emplois générés par le secteur agricole. C’est pourquoi la question de la jeunesse a été au cœur de la 10e édition des assises de l’Agriculture, tenue, en ce début de semaine à Meknès. Au Maroc où 13,3 millions d’habitants ruraux sont stabilisés grâce au secteur agricole dont un quart est constitué de jeunes, l’agriculture représente 38% de l’emploi total au royaume. Dans ce sens, plus de 250.000 postes d’emplois au Maroc ont été créés grâce à l’agriculture dont la moitié ont été créés entre 2016 et 2017; alors que les trois quarts de la population active tirent leurs revenus de l’agriculture, la forêt ou la pêche. «Au cours des 10 dernières années, le PIB agricole a enregistré une évolution annuelle de 7,3 % avec 125 MMDH, soit plus de l’évolution du PIB national», a annoncé Aziz Akhennouch, ministre de l’Agriculture, la Pêche maritime, le Développement rural et les Eaux et forêts.
Avant d’ajouter «qu’un un nouveau projet pour la jeunesse est en cours de réalisation pour leur faciliter l’accès aux exploitations agricoles. La réforme de l’accès aux exploitations agricoles est indispensable pour faciliter l’investissement agricole et permettre aux jeunes de développer leurs parcelles» note-t-il. Il va sans dire que deux tables-rondes ont marqué cette 10e édition des assises de l’agriculture. La première à caractère ministériel a mis l’accent sur la création d’un nouveau pacte agricole pour résorber la problématique du chômage en Afrique. «Pour que les jeunes s’intéressent à l’agriculture, il faut que ce secteur soit rentable pour cette catégorie», explique Mamdou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de l’Agriculture et du développement rural. Selon lui, «l’agriculture doit être repensée à travers une modernisation de ses outils pour une meilleure valorisation de la production afin que les jeunes bénéficient du profit de la valeur ajoutée avec un renforcement de leurs capacités». Avec une population majoritairement jeune, le continent africain souffre de 60% de chômage qui touche cette catégorie. «L’Afrique a tout le potentiel et toutes les possibilités pour parvenir à une transformation inclusive de l’agriculture. C’est pourquoi, les Etats doivent œuvrer pour la création de conditions à travers des plans nationaux destinés à l’investissement agricole avec des incitations pour faciliter l’accès des jeunes à ce secteur» explique Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture au sein de la commission de l’Union africaine.
De son côté, le ministre français de l’Agriculture et de l »Alimentation, Stéphane Travert, a mis l’accent sur le défi de l’emploi des jeunes ruraux. «Le premier pilier de ce new deal agricole doit être la formation agricole et rurale. Dans ce sens, 7000 jeunes marocains ont été accueillis dans les exploitations françaises», indique-t-il, faisant observer que cette formation doit prendre en compte les enjeux de durabilité, de compétitivité et de sécurité sanitaire et alimentaire. Quant à son homologue espagnole, Garcia Tejerina, ministre de l’Agriculture, la Pêche, l’Alimentation et l’Environnement espagnol, elle a indiqué que «le renfoncement du dispositif de la coordination entre le Maroc, l’Espagne et l’Afrique est indispensable». Par ailleurs, la deuxième table d’experts de haut niveau, a donné la priorité aux solutions durables pour l’agriculture. De l’avis d’Ousmane Badiane, directeur Afrique, International Food Policy Research Institute à Dakar, «la couleur future de l’or sera verte. C’est pourquoi la jeunesse doit être au cœur du développement de l’agriculture puisqu’elle est une force de travail» précise-t-il. Pour Simon Winter, directeur exécutif de Syngenta Foundation For Sustanable, à Bâle, «l’important est de mettre en place des modèles bénéfiques et profitables pour les jeunes», raison pour laquelle-explique-t-il- la sélection des partenaires est nécessaire. «Nous pensons que si la révolution agricole doit être menée en Afrique, elle doit être lancée par les scientifiques africains par le biais d’une plate-forme dirigée par les africains et concertée par l’Afrique», a insisté Mamadou Biteye, directeur du bureau régional Afrique, The Rockefeller Foundation à Nairobi.