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TPME : où en est le tissu productif marocain ?

La réponse se trouve dans le tout premier rapport de l’Observatoire marocain de la TPME qui vient d’être rendu public, et qui présente un tissu productif très fragmenté.

Résultat d’un processus de collaboration engagé par l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME), depuis 2014, avec plusieurs partenaires publics et privés, le document de 86 pages est une vraie mine d’informations. Des données de première main fournies pour l’essentiel par Bank Al-Maghrib, la Direction générale des impôts, la Caisse nationale de sécurité sociale et l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale sur la base d’une convention d’échange d’informations signée en 2017. Premier du genre au Maroc, le rapport qui vient d’être rendu public présente une radioscopie de la démographie et de la santé économique et financière des entreprises personnes morales assujetties à l’impôt sur les sociétés (IS), dont le nombre s’élevait, en 2018, à 249.131.

99,4% des entreprises sont des TPME
Ainsi, sur la base des données arrêtées à fin 2018, il ressort que le tissu des entreprises personnes morales actives est très fragmenté, 99,4% d’entre elles étant des TPME, dont plus de 85,8% sont des micro-entreprises avec un chiffre d’affaires n’excédant pas 3 MDH, souligne l’observatoire créé en novembre 2013 sous forme d’association à but non lucratif composé de onze membres fondateurs représentant les secteurs public et privé. Par ailleurs, l’examen de l’évolution du nombre d’entreprises par branche d’activités, entre 2017 et 2018, montre des tendances divergentes. Ainsi, les «Activités des sièges sociaux, conseil de gestion», «Activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises» et «Services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager» ont enregistré en moyenne les hausses annuelles les plus importantes avec respectivement 12,3%, 5,7% et 5,1%.

Une prédominance des micro-entreprises
À l’inverse, les entreprises relevant des «Activités juridiques et comptables», de l’«Imprimerie et reproduction d’enregistrement» et des «Industries alimentaires» ont vu leur nombre baisser de 8,5%, 4,7% et 4%. Ce n’est pas tout. Selon ce rapport, l’analyse croisée du nombre d’entreprises par section d’activités et par catégorie d’entreprises fait ressortir la prédominance de l’effectif des micro-entreprises, qui est observée dans toutes ces sections avec des proportions variant entre 74% et 94%. Comparativement aux autres activités, les TPME ayant un chiffre d’affaires de plus de 10 MDH sont plus nombreuses dans la «Production et distribution d’électricité et d’eau» et dans l’«Industrie manufacturière». La plupart des TPME, poursuit la source, opèrent dans des activités nécessitant peu de ressources financières. Ainsi, plus de 54% de celles-ci étaient concentrées, en 2018, dans les secteurs «Commerce, réparation d’automobiles et de motocycles» et «Construction», générant 48% et 64% de la valeur ajoutée respective de ces secteurs ; les TPME ne réalisant que 36,7% du total du chiffre d’affaires, dont 27,3% à l’export, et 36,6% de celui de la valeur ajoutée de la population d’entreprises étudiée (excluant celles à caractère financier). Pourtant, celles-ci sont les principales pourvoyeuses d’emplois, puisqu’elles recensent près de 73% de l’effectif déclaré à la CNSS. Autre enseignement important, l’examen de la situation financière des TPME fait ressortir plusieurs fragilités, particulièrement au niveau des entreprises de petite taille, en termes de structure bilantielle, de productivité et de rentabilité. Ces fragilités les pousseraient à sortir du marché dans des délais assez courts, constate l’établissement de veille. «Les analyses montrent que les entreprises radiées avant d’arriver au terme des 5 ans d’existence représentent, en moyenne annuelle, plus de 50% du total des radiations sur la période 2016-2018.»

Un contexte particulier
La part de cette dernière catégorie d’entreprises dans le tissu productif national serait encore plus importante si l’on devait y intégrer les entreprises personnes physiques déclarées à la DGI et les autres unités de production de l’économie, dira-t-on. Il faut souligner que la publication du tout premier rapport de l’OMTPME intervient dans un contexte marqué par une conjoncture très difficile en raison de la pandémie de Covid-19, la mise en place de mesures de soutien aux entreprises et les travaux en cours sur un nouveau modèle de développement. Les indicateurs et analyses qui y sont présentés sont de nature à éclairer la réflexion sur les enjeux liés au tissu productif national, en particulier celui des TPME, ces dernières étant une composante importante de l’économie marocaine. À cela s’ajoutent d’autres éléments de contexte de la publication dudit document, dont la réalisation a nécessité la mise en place de plusieurs prérequis, notamment une méthodologie appropriée pour la fiabilisation et le traitement des données brutes collectées auprès des organismes partenaires. En effet, la croissance des TPME comme vecteur de la création d’emplois et de richesses se situe, au Maroc comme dans d’autres pays et régions du monde, au centre des débats depuis plusieurs décennies. Ces débats, insistent les rédacteurs du rapport, se poursuivent aujourd’hui et portent de manière générale sur les questions relatives à la naissance, au développement et à la mortalité de ces entreprises.

Une série de publications
Mieux encore, à l’heure de la révolution numérique, la conjugaison des efforts peut être un véritable catalyseur pour développer le dispositif informationnel sur les entreprises, en intégrant pleinement les évolutions récentes des méthodes dites de data science, qui apportent un éclairage quantitatif plus précis tout en permettant d’affiner l’exploitation des données. À ce propos, l’OMTPME a promis une série de publications régulières qui seront constamment améliorées afin d’apporter plus de profondeur dans la connaissance du tissu économique national. «Notre volonté est que ce rapport soit le point de départ d’une série de publications régulières qui seraient constamment complétées et améliorées afin d’apporter plus de profondeur dans notre connaissance du tissu économique national. Ainsi, ce travail sera enrichi à l’avenir par l’élargissement progressif du périmètre d’analyse aux autres unités de production de l’économie, tout en mettant le focus, pour chaque édition, sur une ou plusieurs thématiques liées aux enjeux de développement des TPME», a promis l’observatoire dont l’objectif principal, rappelons-le, est de mettre à la disposition des secteurs public et privé des statistiques sur les TPME et de réaliser des études généralistes et thématiques en relation avec ces entreprises.

Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco


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