Éco-Business

Taux directeur : le meilleur et le pire scénario (Bank Al-Maghreb)

Face au comportement des prix à la consommation, les opinions sur l’orientation de la politique monétaire divergent. L’accélération de l’inflation a renforcé les convictions de certains investisseurs et analystes d’une hausse imminente du taux directeur. Dans le même temps, la nature de l’inflation à combattre et le risque de saper la reprise poussent d’autres à pronostiquer un statu quo. Reste à savoir lequel des scénarios va se matérialiser et surtout celui qui serait le plus approprié pour l’économie.

La moitié des investisseurs sont convaincus d’une hausse imminente du taux directeur. L’autre moitié anticipe un statu quo, selon les résultats de l’enquête d’Attijari Global Research. Si le marché reste divisé sur l’orientation du taux directeur, la probabilité d’un tour de vis se renforce puisque seulement 37% des investisseurs anticipaient une hausse du taux-mère en juin dernier. A 8% en août sur un an, l’inflation s’est hissée à des niveaux jamais vu au cours des 30 dernières années. La hausse des composantes alimentaire et transport atteint respectivement 14,1% et 12,8%.

Face au comportement des prix à la consommation au cours des derniers mois, les opinions sur l’orientation de la politique monétaire divergent. La majorité des investisseurs étrangers anticipent une hausse du taux directeur lors de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghreb ce 27 septembre contre seulement 31% chez les institutionnels locaux. Du côté des acteurs de référence, c’est du 50/50.

Pas de consensus chez les analystes non plus
«A l’inverse des principales économies mondiales, la hausse des prix observée au Maroc n’est pas d’origine monétaire mais résulte davantage d’une inflation importée, expliquant de facto la posture attentiste adoptée, jusqu’à présent, par Bank Al-Maghrib», relève BKGR. La société de recherche anticipe un tour de vis de 25 à 50 points de base lors de la réunion de septembre. Le scénario d’une hausse de 50 points de base du taux directeur amputerait sa prévision de croissance pour 2023 de 0,6 point à 3,2%.

Face au choc inflationniste, Fitch Solutions anticipait un relèvement du taux directeur en juin déjà. Ses analystes le voient remonter à 2% d’ici la fin de l’année. Pour l’instant, cette possibilité est écartée par CDG Capital qui anticipe un statu quo, eu égard à la nature de l’inflation que doit combattre Bank Al-Maghrib.

Pour elle, la banque centrale est garante de la stabilité des prix à moyen terme. En conséquence, le retour de l’inflation à un niveau modéré sur l’horizon de prévision, soit huit trimestres, ou encore la nécessité de maintenir des conditions de financement favorables pour soutenir la reprise post-covid, justifieraient le maintien du taux directeur à 1,5%..

Hausse des taux obligataires

Malgré un déficit budgétaire sous contrôle et un taux directeur inchangé, les taux obligataires ont amorcé leur hausse depuis le début de l’année. «Les fortes variations enregistrées au niveau de la courbe primaire laissent présager une potentielle hausse du taux directeur d’ici la fin de l’année», estime BKGR. Les taux primaires ressortent en hausse moyenne de 64 points de base sur le segment CMT et 5 points de base sur le segment long terme. «Les investisseurs semblent exiger une rentabilité supérieure et pricer le relèvement des taux via des investissements à court terme», relève la société de recherche.

 

Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO

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