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Standard & Poor’s confirme la note souveraine du Maroc

Après l’agence Fitch qui vient de confirmer, il y a quelques jours, l’investment grade du Maroc pour sa dette souveraine à long terme, c’est au tour de sa consoeur américaine Standard Poor’s de reconduire la perspective stable pour la solvabilité du royaume. En revanche, le PIB par habitant marocain reste l’un des plus bas de la catégorie des pays notés BBB-/A-3.

Avant de prononcer leur verdict et livrer leurs notations souveraines, les agences de rating ne ratent presque rien. Il suffit de lire l’argumentaire développé en marge de la note BBB-/A-3 que vient d’accorder au Maroc l’agence Standard & Poor’s (S&P). Les cinq mois d’impasse politique, la nature du système électoral empêchant de confier une majorité absolue à un seul parti politique, les évènements récents de la ville d’Al Hoceïma, la constitution de la majorité gouvernementale, l’agence a passé au peigne fin la conjoncture politique, économique et sociale du pays. Décidemment, le gouvernement El Othmani a du pain sur la planche. L’on s’attend à ce que sa nouvelle coalition se concentre davantage sur la réduction des déficits et la poursuite des réformes. Une tâche qui ne sera pas si facile à accomplir au regard des pressions énormes relevant du domaine social, notamment un taux de chômage relativement élevé chez les jeunes. L’année 2017, prévoit l’agence, devrait se traduire par un taux de croissance de 3,5%, tiré par les récoltes d’une bonne saison pluviométrique. L’activité non agricole devrait, elle aussi, continuer à un niveau identique à celui de 2016.

À moyen terme, la croissance devra converger vers une moyenne de 4%, quoiqu’elle reste encore en deçà du potentiel, du fait de sa sensibilité aux aléas climatiques et à la demande des pays européens. Le principal défi auquel le Maroc doit faire face est celui d’assurer «une croissance forte et volatile», de sorte à aborder le taux élevé de chômage (9,4%), en particulier celui des jeunes diplômés. Évalué à 3.050 dollars US, le PIB par habitant marocain reste l’un des plus bas de la catégorie des pays notés BBB-/A-3, constate S&P qui, par la même occasion, révise à la baisse ses prévisions de déficit budgétaire à court terme, en ciblant un objectif de 2,5% à l’horizon 2020, contre 3,5% en 2017. Sachant que l’année 2016 s’est soldée par un déficit de 4,1%, contre une prévision initiale du gouvernement autour de 3,5%.

Les auditeurs de S&P n’hésitent pas à saluer la réforme des retraites approuvée par le Parlement en juillet 2016 sous le mandat du gouvernement Benkirane II. À long terme, la réforme des retraites va permettre de soulager la pression sur les finances publiques. La consolidation budgétaire projetée, ajoute-t-on, aidera à stabiliser les ratios d’endettement à moyen terme. Il n’empêche que le stock global de l’endettement a considérablement augmenté ces dernières années parallèlement à la hausse des déficits. En effet, S&P s’attend à un niveau d’endettement s’acheminant vers une moyenne de 51% du PIB entre 2016 et 2019, contre 38% en 2011.

L’effet Renault
S’agissant de la balance des paiements, le déficit du compte courant devrait se situer à 3,7% du PIB entre 2017 et 2020, contre une moyenne de 5,8% entre 2012 et 2016, prévoit l’agence US. À l’origine de cette amélioration, S&P table sur le bon comportement attendu des exportations des nouveaux projets industriels (automobile, aéronautique, énergie). Au cours des trois prochaines années, l’agence prédit une légère reprise des recettes du tourisme ainsi qu’une nette augmentation des volumes à l’export de l’Usine de Renault à Tanger (celles-ci pèsent pour près de 5% du PIB en 2016, dépassant les recettes des phosphates qui représentent 4% du PIB). L’agence S&P projette une amélioration de la position externe du Maroc au cours des trois prochaines années. «Les besoins en financements externes bruts resteront couverts par les réserves de change et les nouvelles recettes issues de l’export de l’automobile», estime S&P.

Par ailleurs, l’agence de rating voit d’un bon œil les trois lignes de précaution et de liquidité (LPL) ouvertes par le Maroc auprès du FMI, à hauteur de 6,2 MMDH en 2012, révisée ensuite à 5 MMDH en 2014, puis à 3,5 MMDH en 2016. Ces LPL, souligne S&P, ont fourni au Maroc une assurance utile dans un contexte d’incertitude, ont ancré les réformes et ont envoyé des signaux positifs aux marchés internationaux. Évoquant la politique de change et la perspective de la transition vers un régime de change flexible, S&P dit percevoir positivement ces nouvelles décisions. «En migrant vers un régime flexible, nous pensons que les autorités marocaines, à court terme, vont maintenir ou bien baisser progressivement les restrictions du compte de capital de la Balance des paiements pour éviter une sortie à grande échelle des capitaux. Nous nous attendons à ce que la Banque centrale constitue au cours des prochaines années un coussin de change solide afin de préserver la confiance des marchés», conclut l’agence de notation américaine.


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