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Stabilité financière. Les warnings de Bank Al-Maghrib

Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques vient de tenir sa neuvième réunion. Ce dernier a approuvé le rapport sur la stabilité financière relatif à l’exercice 2018 et analysé la cartographie des risques systémiques pesant sur le système financier. L’examen de l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités en matière de stabilité financière au titre de la période 2019- 2021 était également au menu.

À l’issue de l’analyse de la situation du système financier, le constat du comité est resté pratiquement inchangé. Les alertes pleuvent…

Croissance modérée
Concernant les risques macroéconomiques, «ceux-ci se maintiennent globalement à un niveau modéré dans un contexte national et international qui appelle à la vigilance», souligne le comité. Au plan international, la conjoncture demeure peu favorable sous l’effet notamment de la persistance des tensions commerciales et géopolitiques, des incertitudes entourant l’issue du Brexit ainsi que d’une volatilité accrue des marchés financiers. Au plan des comptes extérieurs, le déficit du compte courant s’est détérioré en 2018 avec toutefois des perspectives d’amélioration sur les exercices suivants. Selon le dernier conseil de Bank Al-Maghrib (www.leseco.ma), cet indicateur devrait s’alléger de 5,5% du PIB en 2018 à 4,5% en 2019 puis à 3,1% en 2020. Pour leur part, les réserves internationales nettes se sont établies à 230,7 MMDH couvrant l’équivalent d’un peu plus de 5 mois d’importations de biens et services. Elles devraient, en outre, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib, maintenir cette couverture sur l’horizon de prévision. Sur le plan intérieur, la croissance nationale a décéléré à 3%, recouvrant une progression limitée des activités non agricoles à 2,6% et une hausse de la valeur ajoutée agricole à 4% après 15,2% en 2017. Elle devrait ralentir en 2019 à 2,8% avant de rebondir à 4% en 2020 à la faveur notamment d’une reprise marquée des activités non agricoles. S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s’est accentué à 3,7% du PIB en 2018 ; il devrait se creuser en 2019 pour s’établir à 4,1% avant son allègement à 3,8% en 2020. Parallèlement, le taux d’endettement du Trésor quoiqu’en légère hausse devrait s’infl échir à compter de 2020.

Délais de paiements à rallonge
Dans ce contexte, les financements bancaires en faveur des entreprises non financières poursuivent leur décélération notamment pour les sociétés du secteur privé. «Le taux de défaut de ces entreprises, bien qu’en légère baisse, se situe encore à un niveau élevé», annonce le comité qui s’inquiète également du niveau préoccupant des délais de paiement inter-entreprises. Selon l’étude réalisée annuellement par BAM (un échantillon de 74.400 entreprises), les délais de paiement des créances inter- entreprises continuent d’afficher des niveaux élevés principalement pour la TPE et certains secteurs d’activité. Ce constat appelle à la poursuite des efforts engagés par les autorités publiques et à une mobilisation collective du tissu économique, notamment le secteur privé en vue d’atténuer cette problématique durant les prochaines années. Si l’ensemble de ces acteurs cherche encore une alternative pour remédier à cette problématique des délais de paiement en attendant l’application de la loi 4915 adoptée en 2016, c’est l’actuel ministre des Finances qui vient taper dans la fourmilière en annonçant un certain nombre de mesures. Il vient donc d’imposer aux entreprises publiques de publier l’état des créances dues et des règlements. Il s’engage également dès octobre à finaliser un décret sur les modalités de compensation par des intérêts en cas de retards de paiement.

Une résilience avérée
Le secteur bancaire a montré une nouvelle fois sa résilience à différents scénarios de stress à travers des ratios de solvabilité supérieurs aux minimas réglementaires. «Les risques de concentration sur les gros débiteurs et de taux d’intérêt auxquels sont exposées les banques continuent de faire l’objet d’un suivi rapproché. Une attention est également accordée aux risques émergents, notamment, les cyber-risques», remarque le comité.

La solvabilité au rendez-vous
De leurs côtés, les assureurs continuent de montrer des signes de solidité en dépit de l’augmentation de la sinistralité ayant entraîné une baisse des résultats techniques. Au niveau prudentiel, les taux de couverture des engagements techniques par les placements effectués par les entreprises d’assurances et de réassurance se maintiennent à des niveaux supérieurs aux seuils réglementaires. Aussi, le secteur continue de dégager une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire exigé. «Ces excédents de marge devraient se réduire avec le passage vers un régime prudentiel de solvabilité basée sur les risques», rappelle le comité. Le secteur des assurances se prépare en effet à entamer un virage réglementaire déterminant, celui du passage vers les normes Solvency II. Le nouveau régime prudentiel requiert aux entreprises d’assurance et de réassurance d’effectuer un grand réajustement au niveau des fonds propres et ceci afin qu’elles soient en mesure de faire face à l’ensemble des risques auxquels elles sont confrontées.

Les régimes de retraite en danger
S’agissant des régimes de retraite, la sous-tarification des droits acquis dans le cadre de la branche long-terme de la CNSS et du régime général du RCAR conduit à une forte accumulation des dettes implicites (engagements non couverts) des deux régimes. En ce qui concerne le régime des pensions civiles géré par la CMR, sa réforme paramétrique intervenue en 2016 a permis d’équilibrer sa tarification au titre des droits acquis après 2017. Elle a ainsi reporté la date d’épuisement des réserves à 2027 et la hausse des salaires consentie dans le cadre du dialogue social l’a repoussée d’un an supplémentaire. La grande réforme devant aboutir à la création d’un seul pôle public devient ainsi urgente. «Toutefois, l’importance des engagements du régime au titre des droits acquis avant la réforme menace sa pérennité à court terme avec un épuisement des réserves projeté pour 2027/2028», alerte le comité. Le fonds de réserve qui s’élève à 80 MMDH pourrait atteindre son plancher réglementaire dès 2022.



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