Éco-Business

Soldes d’été : Vous avez dit «bonnes affaires» ?

Chaque été, la folie des soldes gagne les magasins de prêt-à-porter. De 20 à 70%, les commerçants bradent leurs prix pour écouler leurs stocks avant l’arrivée de la collection automne-hiver. Mais le client est-il vraiment gagnant au bout du compte ?

Au Maroc, les soldes d’été se déroulent généralement en juin, juillet et août, avec l’objectif de liquider les stocks invendus et libérer de la place pour les nouvelles collections. Cependant, en l’absence d’un régulateur faisant appliquer la loi qui régit le secteur, cette période qui doit à la fois bénéficier au vendeur comme au client, se déroule dans une anarchie toute particulière. De 20 à 70 %, les remises s’affichent en grand sur les devantures des boutiques afin d’attirer les acheteurs. En y regardant de plus près, on constate avec amertume que les offres ne sont pas aussi alléchantes que cela. Hormis quelques enseignes qui jouent vraiment le jeu, beaucoup n’hésitent pas à ressortir leurs vieux stocks pour les écouler… du moins, si l’on croit les témoignages de véritables «accros» du shopping. Aya, étudiante à Rabat, estime que les prix de la majorité des produits notamment dans le secteur du prêt à porter ne baissent absolument pas durant cette période. Dans d’autres cas, elle remarque que les prix régressent mais très légèrement par rapport aux réductions établies par les magasins en Europe. Autre inconvénient au Maroc, les enseignes ne communiquent pas assez autour des périodes des soldes. Durant ses voyages en France ou en Belgique, Aya affirme avoir constaté une grande différence de prix entre la saison normale et celle des soldes atteignant souvent 70 % de réduction. «Je suis tombée à maintes reprises sur des articles que j’ai acheté trois fois moins cher. Cette différence en termes de prix me pousse à favoriser les soldes en Europe plutôt qu’au Maroc», dit-elle. Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine du consommateur, confirme cette idée : «les boutiques les moins connues profitent de la période des soldes pour se débarrasser de leurs stocks d’invendus des saisons précédentes, quitte à omettre le critère de la qualité». Pire, les prix sont parfois gonflés quelques jours avant le début des soldes, pour être réduits ensuite. Ainsi, les acheteurs sont trompés et tombent dans le piège des fausses promotions qui servent surtout l’intérêt propre du vendeur. Heureusement, tous les commerçants ne sont pas malhonnêtes. Les grands temples du shopping, à Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger ou Fès, respectent la réglementation des soldes, tandis que les prix des produits sont réduits sans ambigüité, avec des étiquettes spéciales. Le tout accompagné  d’une communication bien orchestrée sur différents canaux d’information.

Non à l’anarchie
Dans les pays européens,  le coup d’envoi des soldes est fixé dans chaque département par les préfets, après consultation des professionnels et des consommateurs. Au Maroc, ce n’est pas le cas. Outre les marques qui suivent la tendance internationale et suivent la période des soldes à l’étranger, les petites boutiques et le marché informel annoncent les soldes quand bon leur semble. Mieux, certains commerces sont «en promo» toute l’année. Devant cette situation préjudiciable aux acheteurs, on trouve la loi n° 31-08 pour la protection du consommateur, supposée compléter le dispositif juridique existant en la matière, et introduire une législation régissant les soldes. Seulement, elle n’est pas appliquée. Par exemple, un passage de l’article 54 de la loi sur la protection du consommateur stipule que «le fournisseur est tenu d’indiquer dans les lieux de vente les produits ou biens sur lesquels porte la réduction de prix, le nouveau prix appliqué et l’ancien prix qui doit être barré, et la durée des soldes avec la détermination de leur début et de leur fin». Ce qui n’est pas du tout constaté dans la plupart des magasins. Une chose est sûre, le ministère de tutelle qui est censé réguler le marché n’a pas les moyens humains nécessaires pour le faire. Résultat, les commerçants finissent par appliquer leurs propres règles.


Ce que dit la loi

Selon l’article 54 de la loi n°31.08 édictant des mesures de protection du consommateur, la vente en solde ne peut être pratiquée que si elle est accompagnée d’un affichage clair et lisible du terme  » soldes « . L’ancien prix barré, qui doit être clairement affiché, ne peut excéder le prix le plus bas effectivement pratiqué par le fournisseur pour un bien ou produit similaire dans le même établissement au cours des 30 derniers jours précédant le début des soldes. Le fournisseur peut en outre indiquer les taux de remise applicables aux produits et biens objets des soldes. Concernant le côté communication, l’article 55 stipule que toute publicité relative à une opération de soldes doit mentionner la date de début de l’opération, sa durée et la nature des biens ou produits sur lesquels porte l’opération, si celle-ci ne concerne pas la totalité des biens ou produits du fournisseur. Dans toute publicité, enseigne, dénomination sociale ou nom commercial, l’emploi du mot solde(s), de ses équivalents dans d’autres langues, ou de ses dérivés est interdit pour désigner toute activité, dénomination sociale ou nom commercial, enseigne ou qualité qui ne se rapporte pas à une opération de soldes telle que définie à l’article 53.


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