Éco-Business

Sidérurgie. “Nous ne sommes pas prêts pour la compétition internationale !”

Saisi par une requête déposée par l’Association des sidérurgiste du Maroc (ASM), au nom de la branche de production nationale de fil machine et fer à béton, déposée le 8 juillet dernier, le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’économie verte et numérique ouvre une enquête de réexamen pour la prorogation de la mesure de sauvegarde sur les importations du fil machine et du fer à béton. Selon l’avis public n°DDC/01/2021, l’ouverture de l’enquête a pris effet à compter d’aujourd’hui, 17 août.

Qu’est ce qui justifie cette requête de l’Association des sidérurgistes du Maroc ?
Vous savez, cette mesure de sauvegarde était conditionnée par le souci de permettre aux opérateurs de réaliser les investissements nécessaires pour gagner en compétitivité, et pouvoir faire face à la concurrence. Il se trouve, qu’aujourd’hui, les opérateurs ont réalisé des investissements, mais n’ont pas encore pu terminer pour certains et mettre en marche tout ce qui a été investi, pour d’autres. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé, en tant qu’association, à notre ministère de tutelle, de pouvoir proroger cette clause de sauvegarde. Je pense que nous y avons droit, en vertu des règles de l’OMC.

En effet, la mesure de sauvegarde, en vigueur aujourd’hui, et qui prend fin le 31 décembre 2021, n’aura duré que huit ans pour le fer à béton, alors que l’OMC permet d’aller jusqu’à 10 ans. Par conséquent, nous avons besoin de quelques mois supplémentaires pour pouvoir mener à terme nos investissements et surtout, essayer de voir dans quelle mesure nous allons pouvoir tirer profit avantage de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour pouvoir démarrer l’exportation.

En effet, nous sommes en surcapacité de production, en terme de production, vu que nous produisons beaucoup plus que les besoins du marché local. Par conséquent, nous sommes pénalisés en termes de charges, et nous avons besoin de pouvoir exporter pour réduire nos coûts fixes et être plus compétitifs. Nous serons alors en mesure de faire face à la compétition internationale. Par ailleurs, nous attendons des autorités qu’elles suppriment la taxe sur le béton pour l’exportation.

Je trouve normal qu’on paye cette taxe pour le marché local, d’autant plus qu’elle a été instituée pour soutenir la politique de logements sociaux. Mais pour l’exportation, les 100 DH supplémentaires à payer nous pénalisent, parce que souvent nous avons des différences de 10 à 15 euros avec nos concurrents sur le marché, notamment africain. Nous attendons donc du gouvernement à ce qu’il abroge cette taxe sur les exportations. Cela, ajouté à la clause de sauvegarde, nous permettra, à partir de 2023, d’être compétitifs, et pouvoir aussi exporter sur le marché international.

Quelle est la durée demandée par l’ASM pour la prorogation de la mesure de sauvegarde sur les importations ?
Ce que nous avons demandé, c’est qu’on puisse nous donner le maximum en fonction des possibilités que nous offre l’OMC.

Vous dites que des opérateurs ont investi, et voudraient bénéficier d’une marge de manœuvre suffisante pour, soit les finaliser, soit commencer à produire. Peut-on connaître les opérateurs qui ne sont pas suffisamment prêts, aujourd’hui, pour une ouverture du marché ?

Il y a des opérateurs qui réalisent, actuellement, des investissements importants. Sonasid a lancé un investissement conséquent sur Nador, RIVA Industrie a investi dans un second laminoir, et est en train d’investir dans une nouvelle aciérie, SomaSteel veut aussi lancer une aciérie. Tous ces opérateurs importants ont besoin d’un peu de répit pour pouvoir finaliser leurs investissements et commencer à produire correctement.
En tant qu’association, nous avons abattu un travail colossal pour assainir le marché, et réduire l’impact de l’informel dont nous sommes victimes.

Quand vous considérez l’importation des produits étrangers, en plus de l’informel, les opérateurs qui ont des comportements citoyens ne peuvent pas continuer à travailler sereinement. Par conséquent, à notre niveau, nous avons commencé par mettre en place une charte éthique à travers laquelle nos adhérents s’engagent à payer leurs impôts, ne pas pratiquer le noir, etc.

Cette charte a été signée par les sept adhérents de l’association. Il s’est ensuite avéré que deux membres ne la respectaient pas. Nous leur avons donc demandé de quitter l’association, et en avons informé nos autorités de tutelle pour qu’ils nous aident à assainir le secteur. Nous sommes également confrontés à un autre problème, celui de la ferraille, qui connaît beaucoup de spéculateurs, et d’opérations qui se font sans payer la TVA. Malheureusement, depuis l’an dernier, la TVA sur la ferraille a été généralisée, ce qui a ouvert une autoroute à la fraude. Là aussi, nous continuerons à dénoncer ce problème jusqu’à ce qu’il soit résolu.

Toutes ces difficultés font que les opérateurs qui respectent les règles sont très fragilisés. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous demandons à ce que la mesure de sauvegarde sur les importations du fil machine et du fer à béton soit prorogée. Ce temps nous servira également pour l’assainissement de ce milieu, avec l’aide de l’État.



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