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Seyni Nafo : “L’initiative Triple A est en phase d’accélération”

Quelles sont les principales réalisations de l’Initiative pour l’adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique (Triple A) sept ans après son lancement au Maroc ? Seyni Nafo, secrétaire général de l’initiative «Triple A», dresse le bilan et parle des perspectives de cette initiative. Il était présent au Salon international de l’agriculture du Maroc (SIAM) à Meknès.

Comment évolue l’initiative Triple A depuis son lancement à la veille de la COP22 à Marrakech en 2016 ?
Depuis son lancement en 2016 à Marrakech, l’initiative triple A, qui est fortement portée et soutenue par le Maroc, fait partie des six initiatives championnes de l’Union africaine. Il faut juste préciser que l’on compte une centaine d’initiatives sur le plan continental. Aujourd’hui, on compte également 35 pays membres de l’initiative Triple A, soit plus du double de pays membres lors de son lancement il y a sept ans. Et actuellement, l’ensemble des régions du continent y sont représentées. S’agissant de la mise en œuvre concrète du projet, je citerais plusieurs réalisations. Nous avons pu soutenir la formulation de plans d’investissement dans 10 pays pour un montant total d’investissements de 2,4 milliards de dollars qui doit impacter la vie d’environ 100 millions de paysans africains.

Quels sont les projets phares en cours de concrétisation et le calendrier de leur réalisation ?
Au-delà de ces réalisations, nous maintenons l’amélioration et l’utilité de l’initiative, avec la mise en place d’une assistance technique. Cela passe par la création d’une plateforme technologique afin de mettre en lien les porteurs de projets et les bailleurs de fonds. Nous œuvrons également sur le renforcement des capacités au niveau institutionnel et scientifique. C’est ainsi que nous avons récemment lancé à Rabat le plus grand programme de renforcement de capacités en finances climat dans le monde. Quelque 23 pays nous ont rejoints et cela leur permettra de mobiliser plus facilement des ressources. Nous sommes dans une phase d’accélération de la mise en œuvre de l’initiative. Nous allons augmenter l’encadrement au profit des pays qui font partie du programme de mobilisation des ressources. Ces pays vont ainsi pouvoir restructurer leurs projets afin d’aller à la recherche de financements. Sur le front diplomatique, nous serons présents en force à la COP28 à Dubaï, avec nos partenaires. Le SIAM a été l’occasion de se réunir pour la troisième fois et cela a été un cadre idéal afin de permettre aux délégations de voir du concret.

Comment l’initiative Triple A parvient-elle à mobiliser des fonds pour financer les projets ?
Depuis son lancement, l’initiative essaie d’impacter au maximum l’agriculture africaine, dans le contexte de changement climatique. Nous sommes actuellement dans la phase de mobilisation des ressources, malgré le retour accusé en raison de la covid. Nous sommes confiants quant à l’objectif d’atteindre et de réunir les 2,4 milliards de dollars projetés afin de mettre en œuvre les projets prévus. Nous mettons en place une stratégie de mobilisation des fonds aussi bien au niveau national qu’à l’international. En ce qui concerne le Fonds Vert pour le climat, le Maroc dispose de quatre acteurs agréés, ce qui n’est pas le cas pour la plupart des pays africains. Il nous faut donc nous inspirer des meilleurs modèles continentaux à l’image de celui du Maroc, afin de faciliter la mobilisation des ressources aussi bien nationales qu’internationales.

En parlant de la finance verte, quelles sont les opportunités qu’elle offre, notamment à l’agriculture africaine ?
Nous avons, en ce qui concerne l’adaptation de l’agriculture, le fonds vert pour le climat, avec ses 10 milliards de dollars tous les 4 ans. Le fonds pour l’adaptation, qui compte environ quelques centaines de millions de dollars par an, et il y a aussi le fonds pour l’environnement mondial qui fait 10 à 15 milliards de dollars tous les 4 ans. Autre source d’opportunités de financements, ce sont les banques multilatérales de développement, qui disposent également des lignes de financement vert pour le climat.

À ce propos, je tiens à souligner que la Banque africaine de développement dispose d’un programme de 12,5 milliards de dollars destiné à l’adaptation au changement climatique. De même, les marchés de capitaux, à travers l’émission d’obligations vertes, dans un marché d’environ 1.000 milliards de dollars au niveau mondial. D’ailleurs, je tiens à regretter que l’affaire n’en capte que 1 milliard. Donc il y a du potentiel. Les sources innovantes, à l’instar des grandes ONG, financent également le climat, en plus des droits de tirages climat au niveau des grandes institutions financières internationales.

Qu’en est-il des financements à mobiliser à partir du continent ?
Il nous faut prioriser les sources de financements qui existent sur le continent. Il s’agit principalement du marché de carbone, le développement de la fiscalité verte, la mobilisation des financements à long terme détenus par les fonds de pension du continent. En même temps, il faut travailler avec les États afin d’avoir plus d’incitations pour les investissements en faveur et de la part du secteur privé. Aussi, la question des données climatiques sur tout ce qui concerne les aspects technologiques se pose. Tout ceci, bien évidemment, sans oublier de continuer d’élargir le champ de coopération entre les pays africains.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO


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