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Sanctions de l’UE contre la Russie : nouvelles tensions en vue sur les politiques budgétaires

L’UE vient de décider d’un nouveau paquet de sanctions contre la Russie. Dans un monde interdépendant, il serait imprudent pour le Maroc de ne pas s’attendre à des effets indirects sur son économie, comme on a déjà pu le voir. Des économistes en analysent les effets potentiels…

L’Union européenne (UE) vient de décider d’un nouveau paquet de sanctions contre la Russie. Il y a quelques jours (28 septembre 2022), elle a proposé une série de mesures de rétorsion comprenant une extension de la liste des personnes et entités sanctionnées, de nouvelles interdictions d’importation depuis la Russie ou d’exportation vers cette dernière, en particulier pour ce qui est des technologies clés nécessaires à sa «machine de guerre».

L’objectif en est de priver l’économie russe de 7 milliards d’euros de recettes. L’UE propose également une base juridique pour un plafonnement des prix du pétrole et intensifie ses efforts pour réprimer le contournement de ces mesures. Quand on sait que les précédentes sanctions ont eu, par effet boule de neige, des conséquences sur l’inflation importée qui sévit au Maroc, notamment sur les produits énergétiques, il est légitime de s’interroger sur l’impact de ce nouveau paquet de sanctions.

Ceci, d’autant plus que le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM), réuni mardi 27 septembre à Rabat, a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs) à 2% pour atténuer les effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages. Quid alors des impacts éventuels de ces nouvelles décisions sur l’économie marocaine ? Contacté par Les Inspirations ÉCO, Youmni Abdelghani, économiste et spécialiste des politiques publiques, soutient que cette décision de l’UE va effectivement raviver la tension inflationniste au Maroc. Au-delà de l’impact qu’elle aura sur les entreprises et les ménages, il faudra s’attendre à davantage de tension sur les politiques budgétaires, avance-t-il.

Explications
Au niveau des finances publiques nationales, l’exécution budgétaire, au titre des huit premiers mois de l’année, fait ressortir un alourdissement des dépenses globales de 13,1%, reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation.

Tenant compte de l’évolution prévue de cette charge, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, «passer de 5,9% du PIB en 2021 à 5,5% en 2022 avant de s’atténuer à 5% en 2023». Sachant, par ailleurs, que les prévisions de Bank Al-Maghrib n’ont pas été faites en intégrant ce nouveau paquet de sanctions, qui – au-delà d’aggraver l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages et sur le coût de production des entreprises – se traduira par des tensions sur les politiques budgétaires.

Youmni Abdelghani souligne que «ces tensions toucheront aussi le cours des monnaies et fera l’inflation des pays africains et de certains pays pauvres et surpeuplés d’Asie».

Et d’ajouter : «Pour ce qui est du Maroc, la décision du Conseil et du wali de Bank Al-Maghrib relevait du secret de polichinelle. Abdellatif Jouahri l’a évoquée sans en préciser l’ampleur dès l’été 2022, en la conditionnant à l’évolution de la conjoncture nationale et internationale. Rappelons que la Banque centrale avait réduit, et à deux reprises, le taux directeur en mars, puis en juin 2020, en le ramenant de 2,25% à 1,5%, et ce, pour contrer les effets du gel de l’économie engendré par le confinement de 120 jours.

Cependant, tout le monde ne voit pas d’effets indirects pervers sur notre économie. Egalement interrogé, l’économiste Omar Bakkou estime quant à lui qu’«au contraire, cela peut-être une bonne chose pour le Maroc, car le fait d’avoir moins de clients pourrait pousser la Russie à baisser le prix de certains produits». Et d’ajouter que «la Russie n’est pas un partenaire économique stratégique pour le Maroc dont elle est le 31e client et le 8e fournisseur. Les importations en provenance de la Russie concernent les produits énergétiques, l’ammoniac, le soufre brut, les engrais et le blé. Il s’agit globalement de produits substituables.

Quant aux capitaux (recettes MRE, voyages et Investissements directs étrangers en provenance de ce pays), elles sont insignifiantes». En tous cas, Youmni Abdelghani est plus nuancé. Il soutient qu’avec la forte tension inflationniste, exacerbée par le nouveau paquet de sanctions de l’UE contre la Russie, l’économie marocaine n’est pas à l’abri de la stagflation.

Modeste Kouamé / Les Inspirations éco



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