Éco-Business

Royal Air Maroc : le détail du Plan de sauvetage financier

6 MMDH ont été annoncés par le gouvernement pour assurer le sauvetage du bras aérien du royaume. Décryptage.

L’atterrissage forcé de l’économie nationale suite à l’avènement de la pandémie de Covid-19 n’a pas épargné le secteur aérien. Royal Air Maroc (RAM), déjà en proie à des difficultés financières, s’est retrouvée clouée au sol faute de trafic et de voyageurs, mais aussi confrontée à des charges fixes quotidiennes de maintenance durant la période du confinement. Pour assurer la survie de la compagnie nationale et pérenniser son activité, l’État apporte un soutien financier d’un montant de 6 MMDH. C’est ce qu’a annoncé, lundi à la Chambre des représentants, le ministre de l’Économie et des finances, Mohamed Benchaâboun, à l’occasion des discussions sur le Projet de Loi de finances rectificative (PLFR). Le ministre a ainsi assuré que «ce soutien intervenait dans le cadre de l’appui étatique aux entreprises publiques impactées par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19». Il a également souligné que le montant réservé à RAM représente environ 37% des besoins en appui financier exprimés par l’ensemble des établissements et entreprises publics, soit un total de 16 MMDH, dont 10 MMDH à titre immédiat (garantie, subventions, capitaux, etc.).

Justement, concernant le déploiement du montant réservé à RAM, Nadia Fettah Alaoui, ministre du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, a expliqué aux Inspirations ÉCO que les détails de cette opération seront présentés très prochainement, tout en affirmant qu’«une partie de cette aide se fera sous forme de prêt garanti par l’État». Ne voulant pas avancer le montant exact de cette opération, la ministre indique que «l’équilibre entre la dette et les fonds propres n’est pas figé dans le temps, le pourcentage de ce crédit garanti dépend également de la situation de RAM.

Le montant est en effet ajusté en fonction de l’activité». L’aide accordée à RAM sera donc étalée dans le temps. Nadia Fettah Alaoui affirme dans ce sens que «le dosage entre fonds propres et dette n’est pas un dogme figé dans le temps, c’est une adaptation. On aura la souplesse qu’il faut pour assurer le bon équilibre de la compagnie». RAM ne verra pas ses caisses renflouées immédiatement ni intégralement par les 6 MMDH. Une source gouvernementale nous donne plus de détails sur les caractéristiques de l’octroi du montant annoncé par Benchaâboun au Parlement. «RAM devrait contracter auprès du marché financier des crédits avec intérêt d’un montant de 2,6 MMDH. Donc l’État ne fera qu’être garant au cas où RAM serait défaillante au niveau du paiement des échéances du crédit!». De ce fait, lesdits crédits ainsi que leurs intérêts et charges devraient être supportés par la compagnie nationale. La compagnie n’aura pas non plus droit à des «dons» de l’État, et ne puisera pas dans la poche du contribuable. Quant aux 3,4 MMDH restants, «ils ne seront pas débloqués dans l’immédiat.

D’ailleurs, le mode de déblocage de cette somme n’a pas encore été arrêté. Ce montant devrait également s’étaler sur plusieurs années», confie notre source. Une bouffée d’oxygène que l’État injecte donc pour soutenir la compagnie nationale. Un appui, en tout cas, dont RAM a fortement besoin dans ce contexte actuel de crise et d’incertitude à travers des efforts importants permettant de renforcer le bras aérien de l’État et le restructurer. À cet égard, il faut noter qu’avant de décider de cet accompagnement financier, l’État a posé ses conditions et exigé de RAM de mettre en place un plan de restructuration pour réduire drastiquement ses charges. Il a donc été imposé à la compagnie de retirer et clouer au sol une vingtaine d’avions de sa flotte, «ceci, en réponse à des prévisions claires de baisse de l’activité aérienne mondiale sur les 3-4 années à venir», explique une source informée auprès du ministère de tutelle.

RAM devait «s’alléger» en quelque sorte! Qui dit immobilisation d’une partie de la flotte dit réduction de postes. Un plan social a déjà été enclenché par la compagnie, concernant plus de 850 emplois. La majorité est constituée de postes relatifs à l’exploitation de la compagnie (pilotes, hôtesses, stewards…). D’autres postes sont concernés, notamment au niveau des filiales de la compagnie (Atlas Multiservices (AMS), RAM Handling…). Malheureusement, et comme toutes les compagnies de par le monde, RAM doit s’adapter à la nouvelle donne du marché aérien mondial, caractérisé par une forte baisse de la demande. Une crise qui risque justement de perdurer. Toutefois, Nadia Fettah Alaoui préfère afficher son optimisme et nous déclare: «Nous souhaitons que l’avenir soit encore plus optimiste que ce que nous avons espéré». Quoi qu’il en soit, les équipes de Royal Air Maroc devront fournir beaucoup d’efforts pour gérer la situation induite par le coronavirus. D’ailleurs, la compagnie ne profitera de l’aide étatique qu’après avoir réussi son plan de restructuration. Un travail de longue haleine attend les managers de la compagnie…

Sanae Raqui
Les Inspirations ÉCO


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