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Relance économique : les fonds thématiques arrivent !

Portant sur 30 MMDH, les fonds thématiques, annoncés par Benchaâboun, visent à démultiplier la capacité d’intervention du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration invite le privé à y recourir au maximum et participer ainsi à une nouvelle dynamique de l’économie marocaine.

Du nouveau en matière d’investissement ! «À partir de janvier prochain, nous allons offrir de nouvelles modalités de financement, jamais déployées, qui s’ajouteront à celles déjà disponibles». L’annonce a été faite par Mohammed Benchaâboun, le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, jeudi dernier à Casablanca, lors de son passage à la confédération patronale où il était invité pour un échange avec les chefs d’entreprise sur le projet de loi de Finances 2021. Profitant de cette tribune, Benchaâboun a notamment expliqué ce qu’il entend par fonds thématiques, leurs sources de financement, le mode opératoire qui sera mis en place pour les attribuer et leur objectif.

30 MMDH de capitaux supplémentaires
Par fonds thématiques, le ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration veut parler des 30 MMDH de capitaux que son département s’engage à lever en plus des 15 MMDH qui vont alimenter le Fonds Mohammed VI pour l’investissement à partir du budget de l’État. Ces fonds seront notamment levés auprès des investisseurs institutionnels publics ou privés, des institutions multilatérales, ou proviendront de dons de pays amis. Sachant que les investisseurs institutionnels préfèrent, en général, effectuer leurs placements dans un véhicule dont la stratégie d’investissement est mono-objet, avec une rentabilité et un risque homogènes, voilà ce qui explique la dénomination de la trouvaille de Benchaâboun. Pour ce qui est maintenant de la gestion et de l’attribution de ces fonds thématiques, dédiés au privé, le ministre a décidé de jouer la prudence. C’est ainsi que pour transformer son essai en réussite, c’est-à-dire financer le privé avec des fonds multilatéraux sans courir de risque, ce qui est, somme toute, un sacré exercice, il a décidé de confier cette tâche à des sociétés de gestion spécialisées. Ces dernières interviendront notamment suivant un cahier des charges rigoureux. «Ce qui permettra de capitaliser sur leur expertise et d’assurer une montée en charge rapide du dispositif», espère le ministre qui invite «le privé à recourir au maximum à ces fonds thématiques et participer ainsi à une nouvelle dynamique de notre économie». Ces fonds thématiques serviront à démultiplier la capacité d’intervention du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et son impact sur l’économie.

Une nouvelle bien accueillie par les patrons…
Du côté de la CGEM, on applaudit l’initiative du ministre de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration qui vise à mettre du turbo dans la machine de relance économique (Voir encadré sur l’objectif du PLF 2021 en matière d’investissement). En effet, selon un vice-président de la CGEM qui préfère garder l’anonymat, «les fonds thématiques sont une bonne initiative de nature à encourager des entreprises à investir en cette période de crise. D’une manière générale, le discours de M. Benchaâboun était d’ailleurs très encourageant. Le seul bémol, c’est que l’État choisira les entreprises et investisseurs qu’il voudra aider, alors qu’il n’y a pas de dispositif global pour l’amélioration de la compétitivité. Or justement pour permettre à l’entreprise marocaine d’être compétitive et faire face à la concurrence internationale, sur le marché local comme sur l’export, il est impératif d’ aligner la fiscalité sur le travail et sur les intrants au niveau de celui de nos concurrents.» D’autres patrons interrogés par les Inspirations ÉCO ajoutent que «l’arrivée de nouveaux fonds d’investissement est toujours une bonne nouvelle, surtout en cette période de crise où nous manquons cruellement de visibilité. Toutefois, nous redoutons de tomber encore une fois sur une lourdeur de procédure pour bénéficier de ces fonds thématiques». D’ailleurs certains appellent à faire jouer la préférence nationale, «sinon, ce sont les mêmes qui s’accapareront ces marchés». Entendez, les filiales de firmes multinationales et le peu d’entreprises marocaines habituées à travailler avec l’État ou capables de remplir tous les critères de compétitivité.

… Par les cabinets d’expertise aussi
En tous cas, les sociétés de gestion, à qui ces fonds thématiques seront confiés, affirment qu’elles vont «faire de leur mieux pour expliquer au plus grand nombre d’entreprises les critères d’attribution de ces fonds». Mais c’est clair, ce sont les plus solides et les plus expérimentées qui seront en définitive choisies. Ceci dit, en attendant la mise en place de ces structures, qui vont entrer en service début janvier 2021, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement démarre lui immédiatement. Après être doté de la personnalité morale à travers sa transformation en société d’État stratégique, il est structurée autour de filiales thématiques qui interviendront chacune sur un segment spécifique, avec des mécanismes appropriés à son périmètre (Restructuration industrielle, innovation et activités à fort potentiel, Petites et moyennes entreprises, infrastructures en Partenariat public-privé «PPP», tourisme…). «Le Fonds interviendra notamment dans un cadre conventionné avec le système financier, avant la fin de cette année», a déclaré Benchaâboun. Cette intervention consistera notamment, à faciliter l’accès au financement des investissements à travers le renforcement des fonds propres des entreprises qui en ont besoin, et ce, moyennant des prêts participatifs sous forme de dette subordonnée par exemple. Ces prêts seront accordés pour une durée comprise entre 7 et 15 ans dans la limite du tiers du crédit demandé. Cela permettra d’adresser une problématique structurelle d’insuffisance des fonds propres qui a été aggravée par l’endettement additionnel lié à la pandémie, est-il expliqué.

Investissement : L’objectif du PLF 2021

Pour préserver un niveau d’investissement public élevé, l’État a prévu, à travers le projet de loi de Finances 2021, de mobiliser une enveloppe de 235 MMDH, ce qui représentera un chiffre record. Cette enveloppe se décompose comme suit : 195 MMDH représentent le total des investissements publics, y compris ceux des Entreprises et établissements publics et des collectivités locales. S’y ajoutent 45 MMDH qui seront mobilisés dans le cadre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

Aziz Diouf / Les Inspirations Éco


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