Régionales de l’investissement : Agadir table sur son intelligence collective
La Région Souss-Massa aspire à devenir un pôle industriel et touristique en misant sur sa gouvernance régionale afin de répondre aux actuels enjeux de développement. Grâce aux secteurs qui assurent une croissant pérenne, le territoire a plus ou moins résisté aux turbulences de la crise liée à la Covid-19.
Entre la gestion de la crise sanitaire, les exigences de la relance économique et les perspectives de reprise, les régions marocaines se sont confrontées aux limite de leur propre modèle économique. La Région Souss-Massa, qui génère son PIB grâce au triptyque Agriculture-Tourisme-industrie de la Pêche (ATP), tire, toutefois, son épingle du jeu.
Alors que la crise sanitaire a ramené le tourisme quarante ans en arrière en termes d’indicateurs touristiques au sein de cette région, la diversification partielle de l’économie régionale a plus ou moins permis d’amortir l’impact de la crise sur les principaux agrégats économiques grâce au secteur agricole et à l’industrie de la pêche, qui demeurent jusqu’à présent les vecteurs d’une croissance pérenne au sein de ce territoire. Un constat qui s’est dégagé lors de la troisième escale des Régionales de l’investissement initiée ce mercredi, à Agadir, par la Banque Populaire dans le cadre de son roadshow, qui revêt la forme d’une tournée régionale dans dix villes marocaines pour la relance économique des régions.
«Au sein de la Région Souss-Massa, la crise de la Covid-19 a été bien traversée au niveau de la région, sauf pour le tourisme et les activités connexes. L’agriculture et la pêche maritime ont assuré la continuité de leur activité d’approvisionnement alimentaire des marchés. S’agissant de la relance économique, elle sera accompagnée par les 25 projets déjà lancés dans le cadre du Plan de développement régional, en plus de l’amorçage de la déclinaison régionale du Plan d’accélération industrielle (PAI) au niveau de la Région Souss-Massa et le Programme de développement urbain (PDU) d’Agadir pour la période 2020-2024», explique Brahim Hafidi, président de la région.
Consolider les moteurs historiques de croissance
Quoi qu’il en soit, les conditions sont pour la première fois réunies, malgré ce contexte de crise, afin de consolider les moteurs historiques de croissance de la région et de faire émerger d’autres leviers d’accélération industrielle (automobile, cuir, matériaux de construction, plasturgie et offshoring) avec une mise à niveau urbaine promise par le PDU d’Agadir devant bénéficier à la destination. Toutefois, la relance économique des régions est tributaire, à l’instar des autres régions, de la question de la confiance et surtout de la visibilité, allusion faite aux secteurs les plus impactés.
«Nous sommes très optimistes par rapport à la relance. Beaucoup de signes indiquent qu’elle sera opérée au cours de cette année, notamment grâce à la campagne de vaccination et aux différentes mesures de soutien prises par l’État en faveur de l’économie nationale», rassure Mohamed Karim Mounir, président-directeur général de la Banque Populaire.
Même son de cloche auprès de Majid Joundy, président de la CGEM Souss-Massa. «Qui dit confiance et espoir, dit moteurs de financement pour dépasser cette période d’inquiétude. Actuellement, on a ce qu’il faut pour une relance au niveau régional, à condition de continuer à réunir les efforts afin que toutes les parties prennent part à cette dynamique», indique Majid Joundy. En attendant la relance, la Région Souss-Massa aspire, outre sa vocation touristique, à devenir un pôle industriel en mettant l’accent sur son intelligence collective à travers la mise en place d’une gouvernance régionale axée sur la création de valeur ajoutée.
Repenser l’investissement avec plus de valeur ajoutée
«Avant, on investissait mal dans les ATP, d’où le fait de repenser l’investissement à travers la déclinaison régionale du PAI afin de créer plus de valeur ajoutée et gagner sur le plan de la contribution de la région au PIB national avec plus d’innovation et développement», précise Karim Achengli, président de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de la Région Souss-Massa. Ce repositionnement de l’économie régionale a coïncidé avec la refonte des centres régionaux d’investissement (CRI).
«À l’issue de la réforme des CRI, la confiance s’est installée à travers l’instauration de la Commission régionale unifiée de l’investissement (CRUI), seul cadre de prise de décision concernant les dossiers d’investissement, en plus de la mise en place d’autres outils digitaux pour faciliter l’acte d’investir», précise Marouane Abdelati, DG du CRI Souss-Massa.
Au cours de l’exercice 2020, la région a validé l’équivalent de 236 dossiers d’investissement, pour un montant total de l’ordre de 13,96 MMDH. Ces projets ont été validés dans le cadre de la CRUI. En termes de répartition, le secteur qui accapare ces intentions d’investissements est l’industrie avec 9,21 MMDH, soit environ 70%.
En termes d’emplois, les engagements d’investissement relatifs aux emplois ont dépassé l’objectif initial, en partenariat avec les fédérations professionnelles, avec à la clé la création de plus de 33.500 emplois directs à terme. Ce chiffre dépasse de 40% l’objectif initial de la déclinaison régionale du PAI, fixé à 24.000 emplois.
Par ailleurs, la Banque Populaire Centre Sud concentre 30% des dépôts au niveau de la région. «750.000 clients sont accompagnés à l’échelon régional à travers 115 agences de proximité sur ce territoire. Grâce à cet ancrage, la BP Centre Sud accompagne les investisseurs quelle que soit leur taille ou catégorie», explique Mohamed El Haimer, président du directoire de la Banque Populaire Centre Sud.
Yassine Saber / Les Inspirations Éco