Rebbah veut remettre de l’ordre dans le secteur
1.400 titres miniers non exploités ont été retirés en plus de la libéralisation des stations services du titre foncier. Des cabinets d’audit énergétiques verront le jour avec un réseau d’experts sur les hydrocarbures. La préparation des appels d’offre pour les infrastructures du programme GNL sont à la phase de choix des conseillers.
À la faveur d’ une nouvelle politique d’ouverture sur les médias, Aziz Rebbah, a reçu hier les médias dans le cadre d’une journée de formation qui n’a pas manqué de révélations forts intéressantes. Le ministre de l’Énergie, des mines et du développement durable a expliqué que l’intérêt aujourd’hui pour les énergies et leur développement dépasse celui des smartphones. Outre l’énergie, Rebbah a souligné que le potentiel des mines est de plus en plus important au Maroc. «Nous allons ouvrir un espace d’investissement qui s’étend sur 60.000 km2 de Figuig à Tata», a-t-il annoncé. Cette volonté donne toute sa mesure depuis le nouveau code minier adopté en 2015 et qui devra connaître de nouveaux ajustements à l’avenir. Pour remettre de l’ordre dans le secteur minier, le ministre a dévoilé que 1400 titres miniers ont été retirés pour non exploitation, tandis qu’un appel d’offres sera bientôt lancé pour octroyer ces titres. Pour boucler la boucle, le ministère se penche aujourd’hui sur le statut des travailleurs miniers qui devrait les protéger tout autant que leurs employeurs. Parallèlement, certaines procédures ont été allégées, notamment la libéralisation des stations services dont la création ne nécessite plus d’avoir le titre foncier au nom de l’exploitant.
En ce qui concerne les énergies renouvelables, Rebbah a confié que plusieurs cartes sont en préparation (solaire, éolienne…) avec les cartes notamment thermique et celle de l’hydrogène que l’on peut désormais extraire du sol grâce à de nouvelles technologies de pointe. Pour prévenir le secteur contre tout dysfonctionnement à l’avenir, des cabinets d’audit énergétiques verront le jour avec un réseau d’experts sur les hydrocarbures. Et pour une meilleure visibilité à l’avenir, le ministère publiera une carte de la prospection pétrolière et minière. «Il faut se méfier des informations extérieures qui ne sont pas toujours innocentes. Les enjeux sont énormes à ce niveau», explique le ministre. Qu’en est-il du gaz naturel qui constitue aujourd’hui une priorité pour le Maroc afin d’assurer son approvisionnement face aux changements et aux fluctuations du marché? Interrogé par les Inspirations ÉCO à ce sujet, Abderrahim El Hafidi, SG du ministère, a expliqué que ce programme porte sur un investissement de 4,6 milliards de dollars pour un potentiel en gaz naturel liquéfié importé de 5 milliards de m3.
À titre de comparaison, il faut savoir que les deux centrales thermiques à gaz du royaume ne consomment pas plus de 1 milliard de m3. Le potentiel est donc grand. Concernant les infrastructures du programme GNL, le ministère, ajoute El Hafidi, est aujourd’hui en phase de sélection des conseillers commerciaux, techniques et financiers pour la mise en place des documents de l’appel d’offre qui sera lancé par l’ONEE. Quant à l’achat du gaz, le département est à la phase de comparaison d’offres non engageables. Ce choix du Maroc de diversifier ses ressources en gaz naturel s’explique notamment pas la fin de contrat ONEE-Sonatrach (gazoduc Maghreb-Europe) prévu en 2021. Pour se préparer à cette situation, le Maroc a lancé sa propre politique de GNL.
Centrale à charbon de Safi
Bien que le recours aujourd’hui au charbon pour la production soit mal vu, voire suscite beaucoup de critiques, la technologie permet une exploitation avec moins d’émissions de CO2. Et pourtant, la centrale à Charbon de Safi qui devait initialement être installée à Agadir s’est vu changer de destination à cause de la résistance des populations. Or ce qu’il faut savoir, c’est que sur les 25 MMDH d’investissement consacré à cette centrale, 5 MMDH servent à réduire l’impact environnemental. Les premiers essais de la centrale auront lieu courant 2018 et jusque-là, le ministère compte beaucoup sur la sensibilisation pour expliquer que ce type de centrale n’est pas forcément contraire à l’engagement du pays à réduire les émissions à effet de serre.