Projet Climate impulse : UM6P, OCP et Syensqo s’allient pour un tour du monde à l’hydrogène vert
Loin d’être une prouesse technologique déconnectée, le tour du monde en avion hydrogène s’inscrit dans une vision globale et solidaire du progrès humain. Une aventure pionnière, propre à catalyser l’enthousiasme et l’action collective, en démontrant que les défis environnementaux recèlent des opportunités insoupçonnées pour réinventer un avenir désirable.
L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et le Groupe OCP ont officiellement rejoint Syensqo en tant que partenaires principaux du projet révolutionnaire Climate impulse. Mené par le Dr Bertrand Piccard et Raphaël Dinelli, ce projet vise à réaliser, d’ici 2028, le premier tour du monde sans escale et sans émissions à bord d’un avion propulsé à l’hydrogène vert.
Cette alliance d’acteurs majeurs de l’innovation marocaine marque une étape décisive. Elle insuffle des forces nouvelles pour relever les défis technologiques colossaux, comme la gestion des températures extrêmes (-253°C) requises pour maintenir l’hydrogène liquide, ou la conception de réservoirs thermiques adaptés. Mais au-delà des prouesses techniques, ce partenariat symbolise l’ambition du Maroc d’être un leader émergent de l’hydrogène vert et des solutions durables à l’échelle internationale.
La modernisation écologique est possible !
Répondant aux enjeux de décarbonation du transport aérien, Climate impulse entend démontrer que la modernisation écologique est possible dès aujourd’hui. «Au-delà du tour du monde en avion à hydrogène, l’objectif est de mobiliser des leaders de l’innovation et des technologies clés au service de l’action climatique», affirme Bertrand Piccard. L’arrivée d’UM6P et d’OCP permettra d’impliquer étudiants et chercheurs pour faire avancer concrètement ce projet phare.
Sur le plan économique, ce rapprochement révèle les synergies industrielles autour de l’hydrogène. OCP, leader des engrais, vise la neutralité carbone d’ici 2040 via une stratégie d’investissement vert massive. UM6P, fer de lance de la R&D marocaine, développe des solutions pionnières. Leur expertise en ingénierie et en gestion de projets complexes sera cruciale. Quant à Syensqo, entreprise high-tech belge de pointe, elle apporte son savoir-faire dans les solutions durables.
Montée en puissance du Maroc
Sur le plan géopolitique, le projet illustre la montée en puissance du Maroc, hub africain de l’innovation verte. Il positionne également l’Europe à l’avant-garde, via Syensqo. Il s’agit donc d’une collaboration Nord-Sud féconde, rassemblant acteurs publics et privés autour d’un objectif commun, celui de construire un avenir décarboné, vecteur de prospérité partagée.
Ce partenariat appuie la dynamique citoyenne et sociétale autour des transitions écologiques, à l’heure où les consciences s’éveillent à l’urgence climatique. Il incarne l’espoir d’un progrès technologique au service de l’environnement, sans sacrifier le développement économique. Une réponse audacieuse à ceux qui doutent de la possibilité d’allier rigueur scientifique, performances industrielles et préservation des ressources.
Une nouvelle vision de l’aventure humaine
Climate Impulse promeut en outre une nouvelle vision de l’aventure humaine, dans la lignée des premières conquêtes aériennes et maritimes. Un idéal d’exploration au service d’un dessein universel et bienveillant, à savoir léguer aux générations futures une planète plus verte et résiliente, où le génie inventif aura vaincu les défis du réchauffement climatique. Cet ambitieux projet démonstrateur porte l’ambition d’inspirer d’autres secteurs que l’aéronautique, en semant les graines de l’innovation bas carbone partout où c’est nécessaire.
Pour les promoteurs du Climate impulse, une telle démarche «qualitative» permettra d’assurer durablement notre prospérité collective, au-delà des seuls indicateurs économiques quantitatifs. Sur le plan technologique, le défi est titanesque. Outre la conception d’un avion révolutionnaire propulsé par des piles à hydrogène, il faudra repousser les limites dans de multiples domaines : matériaux composites ultralégers, systèmes de stockage cryogénique, motorisations électriques, aérodynamique… Un véritable catalyseur d’innovations de rupture.
D’un point de vue environnemental, au-delà de la décarbonation du transport aérien, l’hydrogène vert ouvre la voie à une économie sobre en émissions. Il permettrait d’alimenter durablement des secteurs aussi divers que l’industrie lourde, le chauffage urbain ou la mobilité terrestre. Un levier clé pour atteindre la neutralité carbone. Les retombées économiques semblent prometteuses. En stimulant la R&D, les nouvelles filières de l’hydrogène devraient créer de nombreux emplois hautement qualifiés et faire émerger des champions industriels. Le Maroc ambitionne de devenir un hub énergétique régional, voire continental.
Cependant, certains défis restent à résoudre : le coût encore élevé de la production d’hydrogène décarboné, les infrastructures de transport et de distribution à déployer, les réglementations à harmoniser… Un effort soutenu des pouvoirs publics et une mobilisation des capitaux privés seront indispensables.
La portée sociétale
Sur le plan géostratégique, une course aux innovations vertes est engagée entre grands pays industrialisés. L’UE, les États-Unis, la Chine et d’autres rivalisent pour capter les bénéfices économiques et l’influence géopolitique associés. Le Maroc pourrait tirer son épingle du jeu en valorisant ses atouts, comme l’ensoleillement ou les ressources minières.
Enfin, Climate impulse revêt une portée sociétale et philosophique. Au-delà des prouesses techniques, il incarne l’espoir que la créativité humaine, mise au service de la science et de l’audace, peut transcender nos limites actuelles. Il s’agit d’une nouvelle forme d’humanisme, célébrant la capacité à relever collectivement les défis du 21e siècle pour un bien commun planétaire.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO