Production industrielle : un pas de plus vers la décarbonation dès 2023!
En 2023, l’Union européenne projette de taxer les importations des entreprises étrangères exportant sur son territoire et le Maroc est concerné. Maintenant que cette mesure annoncée depuis plusieurs années est sur le point d’entrer en application, que prévoit le PLF 2023 pour renforcer la compétitivité des produits «Made in Morocco» et donner au Royaume une image de destination de production industrielle décarbonée ?
Éolien, photovoltaïque, énergie hydraulique…, l’année 2023 annonce la mise en service de plusieurs projets EnR, en phase avec les contraintes de neutralité carbone aux frontières de l’Europe annoncées à partir de 2023. Dans le solaire photovoltaïque, ce seront 30 MW qui seront injectés au niveau de la province Tanger-Assilah, en plus des projets solaires photovoltaïques d’une puissance de 330 MW pour les zones industrielles. Soulignons, par ailleurs, que 2022 a connu la mise en service des deux projets de centrales solaires photovoltaïques en bout de ligne au niveau du site de Missour et Zagora, d’une puissance unitaire de 40 MW chacune, et ce, dans le cadre du programme «Noor Tafilalet» d’une capacité globale de 120 MW.
Dans l’éolien aussi, 2023 connaîtra la mise en service de plusieurs parcs éoliens, ainsi que le lancement des travaux de réalisation du projet de parc éolien Jbel Lahdid de 270 MW et Tiskrad de 100 MW dans le cadre du programme éolien intégré de 850 MW, ainsi que le développement du projet d’extension du parc Koudia Al Baida de 200 MW. Autant de projets qui viennent s’ajouter aux belles réalisations de 2022 parmi lesquelles figurent l’extension de la capacité du parc éolien Bir Anzarane en la portant de 200 MW à 203,5 MW.
Grâce aux dispositions de la loi n°13-09 relative aux énergies renouvelables, l’année en cours enregistre également la mise en service des projets de parcs éoliens Boujdour de 300 MW, Oualidia 1 et 2, Aftissat II (200 MW) et la première phase du parc de 87 MW à Taza. S’y ajoutent
le repowering du parc éolien Koudia El Baida de 12 MW et la poursuite de la réalisation des parcs éoliens Aferkat (80 MW), Akhfennir III (50 MW), Grad Jrad (80 MW), Dakhla (40 MW) et Cap Cantin (108 MW). De surcroît, la réalisation du parc éolien AM Wind, d’une capacité de 100 MW, dans le cadre de l’autoproduction. Et cerise sur le gâteau pour 2023, la mise en service – au premier semestre – de la station de transfert d’énergie par pompage (STEP) d’Abdelmoumen de 350 MW, pour un investissement de 3,2 MMDH.
La taxe carbone sur les produits importés par l’UE entre dans sa phase d’application
Les mises en service annoncées plus haut vont contribuer à la décarbonation de la production de plusieurs industries dans un contexte marqué par les enjeux actuels et urgents de changement climatique, de crise en Ukraine et l’urgence d’augmenter la résilience de notre système énergétique et le couplage des vecteurs énergétiques (gaz, électricité…) face aux aléas d’approvisionnement. A cela s’ajoute le fait qu’en 2023, l’Union européenne projette de taxer les importations des entreprises étrangères exportant sur son territoire, et le Maroc est concerné par ces dispositions en perspective.
En effet, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Europe (MACF) sera mis en place à partir de 2023. Il s’agit d’une taxe sur les produits importés par l’UE, destinée à inciter les pays tiers à combattre eux aussi le réchauffement climatique. Plusieurs secteurs industriels sont concernés par cette nouvelle mesure. Il s’agit, notamment, de l’automobile, de la parachimie, de l’électricité et des fertilisants. Le textile et l’industrie agro-alimentaire pourraient être aussi touchés.
Face aux impacts que pourrait avoir la taxe carbone sur la compétitivité de l’activité de tous ces secteurs, les mises en service annoncées sont les bienvenues. Par ailleurs, au-delà des contraintes que cette nouvelle donne engendrerait pour l’industrie et pour l’export, cela pourrait être aussi une opportunité afin de renforcer la compétitivité des produits «Made in Morocco» et donner au Royaume une image de destination de production industrielle carbone neutre. Et ce, grâce notamment aux projets de zone industrielle neutre en carbone au programme.
Principales réalisations de 2022
Il faut dire que le développement des énergies renouvelables s’inscrit au cœur de la politique énergétique du Royaume, qui, comme on l’observe depuis quelques années, s’oriente vers une diversification des sources d’approvisionnement en énergie afin de porter à l’horizon 2030 la participation des énergies vertes à 52% de la puissance électrique totale installée.
Ainsi, 2022 a été marquée par l’approbation par le Conseil de gouvernement le 1er juillet 2021 du projet de loi n°40-19 modifiant et complétant la loi n°13-09 relative aux énergies renouvelables. L’Exécutif souligne que ce projet de loi, qui a été transmis au Parlement pour approbation, vise à améliorer le climat des affaires, renforcer la transparence, faciliter l’accès aux informations relatives aux opportunités d’investissement et simplifier les procédures d’autorisations, pour renforcer l’attractivité du secteur des énergies renouvelables à l’investissement local et international.
De plus, l’année en cours a connu la poursuite de l’élaboration des textes d’application de la loi n°48-15 relative à la régulation du secteur de l’électricité et à la création de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité.
Réaliser une production électrique additionnelle totale de 1.417 MW d’ici fin 2023 !
À propos, que prévoit la stratégie énergétique du Royaume ? En effet, la mise en service de tous ces projets de production d’énergie renouvelables n’est rien d’autre qu’une pièce du puzzle. D’où l’intérêt de rappeler les grandes lignes de la stratégie énergétique du Royaume. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, il est prévu, au titre de la période 2022-2023, la réalisation d’une production électrique additionnelle totale, toutes sources confondues, de 1.417 MW.
A cet effet, le plan comprend, outre les projets de développement des énergies renouvelables, l’adaptation du cadre juridique et la poursuite du programme d’électrification rurale. Du côté de l’Exécutif, celui-ci considère que le projet de loi n°82-21 relatif à l’autoproduction de l’énergie électrique est un nouveau cadre d’incitation et une opportunité pour le secteur privé d’investir dans le domaine de la production de l’électricité pour satisfaire leurs propres besoins à des prix plus compétitifs.
Rappelons que ce projet de loi a été approuvé par le Conseil de gouvernement le 11 novembre 2021 et déposé au Parlement le 10 janvier 2022. Pour ce qui est du programme d’électrification rurale, les prévisions pour l’année prochaine sont de raccorder au réseau 2.000 villages supplémentaires, soit 4.778 foyers. Ce qui va mobiliser un investissement de 129 millions de dirhams et porter le taux d’électrification rurale (TER) à 99,92%. Soulignons, par ailleurs, que d’ici la fin de l’année, ce sont 220 nouveaux villages (5.894 foyers) qui vont être connectés au réseau, pour un investissement de 175 MDH. Ce qui va porter le TER à 99,88%.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO