PLF 2023 : la grogne gagne l’industrie automobile
Hausse des taux d’imposition et son risque sur la croissance du secteur, ou encore contrôles fiscaux draconiens, les acteurs de l’industrie de la construction automobile montent eux aussi au créneau. Selon eux, certaines dispositions du projet de loi de Finances risquent de freiner l’essor de leur secteur, premier exportateur au Maroc.
Décidément, la bronca contre certaines dispositions fiscales du projet de loi de Finances 2023 n’est pas encore finie. A présent, ce sont les acteurs de la première industrie exportatrice du Maroc qui montent au créneau. Il s’agit de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (AMICA). En effet, chez les professionnels de la construction automobile, on proteste contre ce que l’on considère comme un non-respect des engagements de l’État envers ce secteur. «Nous avons été surpris de voir qu’il est désormais exigé un taux de taxation de 20% à des entreprises de notre secteur, alors qu’à la base, il était convenu de limiter ce taux à 8%, dans une logique de promotion et de soutien à l’émergence de l’industrie automobile nationale. Certaines de ces entreprises sont étrangères et ont décidé de venir s’installer au Maroc sur la base de ce taux. Aujourd’hui, c’est le business-plan d’une bonne partie des acteurs de notre secteur qui risque d’être faussé», déclare le deuxième vice-président de l’AMICA, Youssef Hedda.
Risque de freinage ?
A l’instar de plusieurs autres professions, notamment libérales, chez l’AMICA, on appelle à revoir certaines des dispositions du PLF 2023. Car, selon les professionnels de l’industrie automobile nationale, il y va de la compétitivité de ce secteur qui frôle désormais la barre des 100 MMDH de valeur d’exportations et qui entend la doubler d’ici 2025.
«Nous sommes dans une logique de croissance, au service du positionnement stratégique du Maroc. Aujourd’hui, de grands constructeurs choisissent le Maroc au détriment d’autres pays du pourtour méditerranéen. Si on commence déjà à éteindre les phares de notre attractivité, il y a un vrai risque de freiner l’essor de l’industrie automobile nationale», alerte-t-on auprès de l’AMICA. Il est à rappeler, à ce propos, qu’une grande partie des activités de ce secteur est destinée à l’export et que la plupart des entreprises qui opèrent préfèrent s’installer dans des zones franches, telles que celles de Tanger Med Zones ou de Kénitra.
Contrôles fiscaux
Au-delà de ces nouvelles dispositions qu’ils disent les pénaliser, les professionnels de la construction automobile font également part d’un certain étonnement sur certaines méthodes de l’Administration fiscale. «Nous sommes surpris et étonnés de la manière dont des entreprises de notre secteur subissent les contrôles de la part de l’administration fiscale.
Nous avons l’impression que l’objectif est de chercher la petite bête à tout prix, et non pas de procéder à des contrôles en bonne et due forme et sur lesquels nous sommes entièrement d’accord sur la légalité», indique un chef d’entreprise actif dans le secteur de l’industrie et de la construction automobile. Quoiqu’il en soit, l’État est dans une logique de renflouement de ses caisses, après le choc du Covid, qui a mis à rude épreuve les finances publiques. Les entreprises exerçant dans le très stratégique secteur de l’automobile ne sont certainement pas les seules que l’administration fiscale surveille de près.
Un million de véhicules
Une chose est sûre, l’industrie automobile nationale est dans une logique de croissance. L’objectif est désormais d’atteindre 200 MMDH d’exportations dans les trois prochaines années. Malgré la conjoncture internationale incertaine, avec la crise énergétique et la guerre en Ukraine, la construction automobile au Maroc semble destinée à un bel avenir, en raison de son positionnement et de ses modèles de production qui font l’affaire, surtout en Europe. Ce qui pourra contribuer à atteindre les objectifs du secteur de porter à un million de véhicules sa production annuelle, contre 700.000 actuellement. Sur le plan investissement, la dynamique a profité d’une cadence d’investissement soutenue tout au long des deux dernières années, avec 31 projets d’un montant global de 6,5 MMDH, qui permettront de générer plus de 26.000 emplois dans le secteur.
Nous avons été surpris de voir qu’il est désormais exigé un taux de taxation de 20% à des entreprises de notre secteur, alors qu’à la base, il était convenu de limiter ce taux à 8%, dans une logique de promotion et de soutien à l’émergence de l’industrie automobile nationale. Certaines de ces entreprises sont étrangères et ont décidé de venir s’installer au Maroc sur la base de ce taux. Aujourd’hui, c’est le business-plan d’une bonne partie des acteurs de notre secteur qui risque d’être faussé.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO