Éco-Business

Plantations en milieux arides : Sand to Green révolutionne le marché

Après trois ans de Recherche & développement, la start-up franco-marocaine Sand to Green annonce un tour de table de 1million de dollars, lequel en est à une étape d’amorçage. Elle ambitionne de reverdir les déserts par l’agroforesterie et le dessalement de l’eau de mer.

Vous cultivez le désert. Comment y arrivez-vous ?
Wissal Ben Moussa : Nous cultivons le désert en combinant des approches innovantes, liées au dessalement d’eau à petite échelle avec retraitement du déchet, avec un savoir-faire unique d’agroforesterie. Plus précisément, et parce que nous connaissons très bien les contraintes liées aux milieux arides, nous savons tirer le meilleur du dessalement pour le mettre à profit via la recréation d’écosystèmes productifs complexes qui maximisent cette ressource dans la recréation de petits cycles de l’eau.

Ces écosystèmes, composés d’arbres et de cultures, permettent de produire différentes denrées agricoles, et ce faisant, rajoutent de la matière organique dans les sols pour que, petit à petit, ces terres arides et désertifiées se refertilisent et puissent à nouveau créer de la végétation. En ce sens, le «coup de pouce» donné par le dessalement permet d’abord de réunir les conditions nécessaires à la disposition et à l’existence de la végétation. Ensuite, les stratégies d’irrigation installées visent à fournir à chaque végétal l’eau nécessaire à sa croissance. Par notre connaissance de l’agroforesterie, nous savons donc exactement quels sont ces besoins, quels échanges peuvent se créer entre les espèces, comment bien les disposer et les gérer ensuite pour qu’elles survivent, puis produisent. Enfin, nous monitorons chaque plantation pour que les personnes qui nous aident à les financer puissent suivre au jour le jour les données et informations écologiques, économiques et sociales liées à chaque plantation.

Sand to Green a annoncé une nouvelle levée de fonds. À quoi servira-t-elle ?
Benjamin Rombaut : Cette levée de fonds permet de lancer un projet – pour l’instant autofinancé – sur 20 ha, lequel répond à un double objectif. D’abord, nous collaborons avec l’État marocain pour installer un projet pilote dans la région de Guelmim-Oued Noun. Une fois lancé, il sera ouvert à l’investissement pour d’autres acteurs pour que nous puissions lancer d’autres grands projets. Ensuite, nous souhaitons financer de la R&D autour des questions du sol et de l’eau pour continuer à proposer des plantations de plus en plus ambitieuses de culture dans les déserts. Enfin, cette levée de fonds doit nous permettre de nous rapprocher de grands financeurs de l’agriculture de régénération pour développer, grâce à leurs apports, ces projets ambitieux.

Quelles ont été vos réalisations à date ? Et quelles retombées chiffrées ?
Gautier de Carcouët : Aujourd’hui, nous avons cultivé 5 ha et préparé 20 autres, tout en ayant formé plusieurs dizaines de fermiers oasiens à la culture dans le désert. Nous pouvons donc présenter des réalisations liées à une production de végétaux, fruits et légumes, d’une tonne par semaine, de plusieurs dizaines d’heures de formation, de nombreuses périodes de test, de la création d’une dizaine d’emplois. L’année 2023 doit voir nos investissements augmenter à Guelmim-Oued Noun pour voir apparaître de nouveaux projets et continuer à financer de la R&D, en lien avec des universités marocaines et françaises.

Qu’en est-il des perspectives de croissance et quelles sont les prochaines étapes ?
Gautier de Carcouët : Les deux prochaines années doivent nous permettre de préparer l’arrivée de projets de plusieurs centaines d’hectares tout en préparant la réflexion sur la possibilité de franchiser notre modèle. En effet, nous souhaitons faire profiter d’autres acteurs de notre approche unique pour cultiver les déserts à une échelle toujours plus grande.

Vous visez une expansion africaine. Comment allez-vous y arriver?
Benjamin Rombaut : Nous souhaitons, en effet, proposer notre approche à d’autres territoires à l’échelle du continent. Pour ce faire, nous pensons fermement que le modèle de franchise nous permettra de synthétiser le savoir-faire développé aujourd’hui au Maroc pour équiper ensuite des exploitants sur le reste du continent. Nous savons également que cette expansion se fera en créant de nombreux partenariats stratégiques avec des gestionnaires d’actifs mondiaux, des gouvernements et organisations internationales et, également, en levant les fonds nécessaires pour atteindre ces grandes ambitions.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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