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Plan Maroc vert : tous les signaux sont au vert

En quelques années seulement, le Maroc est passé d’une agriculture traditionnelle à une forte dynamique de production agricole à travers notamment la mise en place du Plan Maroc vert, lequel a permis la transformation du secteur agricole pour répondre aux nouveaux défis posés par les mutations accélérées de l’environnement économique national et international.

L’agriculture marocaine vient de très loin. Entre des décennies de stagnation et un potentiel latent à mobiliser et à réadapter pour répondre aux nombreux défis qui s’imposaient, il a fallu réinventer un nouveau modèle agricole. C’est dans ce contexte que le département de l’agriculture s’est investi dans la formulation de la stratégie du Plan Maroc vert lancée en 2008 à la demande du roi. Aujourd’hui à l’heure du bilan, tous les signaux semblent au vert pour cette stratégie qui s’était donnée pour objectif de faire de l’agriculture un moteur de développement économique et social par la transformation du secteur agricole en un secteur moderne, compétitif et inclusif. Les résultats obtenus se veulent probants à plus d’un titre, allant de la montée en puissance des investissements jusqu’à l’accélération de la production et des chaînes de valeur des différentes filières, en passant par l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs, explique-t-on dans un bilan rapport rendu public récemment par la tutelle. Le même document révèle que le PIBA a connu un taux de croissance annuel moyen de 5,25 % avec un doublement de la contribution du secteur agricole aux points de la croissance économique globale, répondant ainsi à son ambition de devenir un moteur de la dynamique de croissance nationale.

Impacts économiques
Dans le détail, la richesse créée, mesurée en termes de PIBA, a doublé passant de 65 MMDH à la veille du PMV à 125 MMDH en 2018. Le rapport souligne qu’au cours de cette période, le taux de croissance annuel moyen enregistré est de l’ordre +5,25% surperformant celui des autres secteurs de l’économie nationale avant d’ajouter que cette évolution a été 2 fois plus rapide comparativement à la décennie antérieure au PMV (1997-2007) durant laquelle le taux de croissance moyen annuel du PIBA n’était que de 2,5%. Il faut noter qu’outre le rythme de croissance à la hausse, le secteur agricole a franchi de nouveaux paliers de croissance tous les quatre ans. Sur un autre volet, social notamment, le MPV a eu un impact considérable. En effet, au niveau national, 35% des emplois sont des emplois agricoles. En milieu rural 72% de la population active travaille dans l’agriculture. Les personnes travaillant dans l’agriculture peuvent être des chefs d’exploitation (près de 1,6 millions d’exploitations), des aides familiales ou des salariés agricoles. Selon les statistiques du HCP, les salariés et les aides familiales sont estimés à près de 2,2 millions d’individus. L’emploi agricole a connu une nette amélioration à la fois qualitative et quantitative avec la création de près de 50 millions de journées de travail additionnelles. Au niveau du milieu rural, le taux d’activité a baissé de 62% avant 2008 à près de 54% en 2018. Ce sont donc près d’un million de personnes qui ne comptait plus parmi les actifs ruraux. Sachant que l’activité agricole occupe les trois-quarts de la population active en milieu rural, cette baisse a concerné au moins, dans les mêmes proportions, le secteur agricole. C’est ce phénomène qui explique principalement les pertes d’emplois agricoles relatées par les statistiques du HCP au cours de la période 2008-2018, mais il s’agit là d’un fait important de la longue transformation du secteur.

Impact sur la durabilité
A cela s’ajoute l’impact sur la durabilité. Au cœur de la stratégie d’adaptation du le PMV figure la maîtrise de l’eau d’irrigation, sa rationalisation et sa valorisation à travers des programmes structurants d’aménagements hydro-agricoles qui ont abouti à des réalisations importantes à savoir 560000 Ha équipés en goutte à goutte à fin 2018, l’extension de l’irrigation sur 82000 Ha dont 33200 Ha achevés, la réhabilitation de 150000 Ha de PMH et la mobilisation et l’exploitation en cours des eaux de surface et eaux non conventionnelles pour pallier les risques climatiques. Ces programmes ont permis, à fin 2018, d’économiser et de valoriser plus de 2 milliards de m3 d’eau d’irrigation annuellement tout en contribuant à l’amélioration de la productivité agricole, à la diversification des assolements et à l’augmentation des revenus des agriculteurs. Par ailleurs, un programme de reconversion et d’intensification de l’arboriculture fruitière a été mis en place, visant à reconvertir les cultures céréalières sensibles à la variabilité climatique par des cultures plus résilientes et plus valorisantes de la terre notamment les plantations fruitières. Sur le terrain, les pratiques des agriculteurs montrent que ce sont les systèmes de production qui ont évolué pour associer arboriculture et céréales comme culture intercalaire. De plus, les programmes d’intensification qui consistent à moderniser et entretenir les plantations existantes ont permis d’améliorer la production à savoir la modernisation des infrastructures d’irrigation, l’amélioration des pratiques culturales, la valorisation de la production, la mécanisation pour ne citer cela.

Une dynamique d’inclusion
La dynamique de l’inclusion est venue compléter cette longue de réalisations d’ampleur, toujours dans le cadre du Plan Maroc vert, qui dans sa conception, a dédié un pilier spécifique à l’agriculture solidaire pour mettre en avant la nécessité d’une différenciation des modalités d’intervention selon le tissu des acteurs ciblés et ce à travers le développement d’une approche projet dédiée. Avec 2,7 millions de bénéficiaires et un effort public capté de + de 40 milliards de dirhams, les programmes du PMV ont permis d’assurer un «reach » élargi au profit de la petite et moyenne agriculture Conscient du rôle fondamental de la petite et moyenne agriculture dans le développement socio-économique de notre pays, le Plan Maroc Vert a fait de leur inclusion une priorité. Par ailleurs, compte tenu du fait que la grande majorité des exploitations sont de petite taille, c’est donc naturellement que l’essentiel de l’effort public s’est dirigé vers cette catégorie. À titre d’exemple, les investissements publics dans l’irrigation ont principalement bénéficié aux exploitations de petite taille, particulièrement présentes dans certains grands périmètres irrigués. Il est en de même pour les programmes de santé animale dans la mesure où les activités d’élevages bovins et ovins sont principalement dominées par des exploitations de petite taille. C’est ainsi que les programmes du Plan Maroc Vert ont concerné 2,7 millions de bénéficiaires de la petite et moyenne agriculture qui a capté + de 40 milliards de dirhams d’effort public.

104 MMDH d’investissement
Si le Maroc a obtenu ces résultats dans le domaine agricole en ci peu de temps, c’est des moyens considérables, financiers notamment, ont été mobilisé par l’Etat et le privé. Il faut dire que le PMV a placé l’investissement au centre de son équation. En gros, l’effort public d’investissement a consisté à développer l’infrastructure productive et créer un environnement favorable à l’investissement privé. Entre 2008 et 2018, le cumul des investissements dans le secteur agricole a atteint 104 milliards de dirhams, dont 39 % d’investissements publics (41 MMDH) et 61 % d’investissements privés (63 MMDH). La mise en œuvre du PMV a ainsi été accompagnée d’une relance importante de l’investissement public. À fin 2018, l’investissement public cumulé a atteint 41 MMDH. Cette évolution reflète l’effort important fourni par le Gouvernement pour faire du secteur agricole un levier prioritaire du développement socioéconomique au Maroc. L’investissement public a principalement ciblé l’infrastructure productive notamment les infrastructures d’irrigation et d’aménagement hydro-agricole (60 %), l’agriculture solidaire (15 %) et le développement des filières de production (13 %. En plus des investissements, s’ajoute une importante production de textes législatifs et réglementaires pour moderniser la gestion du secteur et créer un environnement propice.

4500 textes
Ainsi, sur le plan légal, la mise en œuvre du Plan Maroc Vert s’est traduite par un processus dynamique de refonte des textes législatifs et réglementaires régissant le secteur agricole, en vue d’accompagner sa transformation. Ce processus s’est traduit par la publication de 4500 textes réglementaires, dont 20 lois, avec tout ce que cela implique comme coordination et circuits légaux à savoir une réforme institutionnelle et de gouvernance du secteur agricole (10 lois, 18 décrets et 54 arrêtés), l’incitation à l’investissement agricole (13 décrets et 84 arrêtés), l’aménagement de l’espace agricole, la réformes des statuts fonciers agricoles et immatriculation foncière, le développement des filières de production, labellisation des produits et organisation professionnelle, la sécurité sanitaire et contrôle de la qualité des produits agricoles et alimentaires et des intrants. Toutefois, si le Plan Maroc Vert a permis une augmentation structurelle de la production grâce à la mobilisation de l’investissement privé et à la mise en place d’un cadre institutionnel et incitatif appropriés, en plus d’une approche contractuelle autour des objectifs filière ce qui a notamment conduit à l’émergence de filières productives de référence, de nombreux défis restent à relever. Il est question essentiellement de garantir un développement inclusif et des impacts élargis auprès du plus grand nombre pour l’émergence d’une classe moyenne agricole, d’assurer la relève générationnelle et créer des opportunités pour la jeunesse rurale, d’améliorer l’insertion des agriculteurs dans les chaînes de valeur, à travers des organisations agricoles efficaces pour ne citer ceux-ci. 

Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO


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