Éco-Business

Pièces de rechange : Les importateurs en passe de quitter l’Amica

L’Amica s’apprête à prendre un virage historique. Interpellés par l’ampleur de la contrefaçon, les administrateurs ont décidé de se concentrer exclusivement sur l’industrie et de ne plus plaider en faveur des importateurs membres. Avec un changement de dénomination en perspective : le mot «commerce» devient «construction».

En se référant aux business plans des usines marocaines des deux mastodontes Renault et PSA, ainsi qu’aux investissements annoncés jusqu’ici dans le cadre des écosystèmes industriels, le président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica), Hakim Abdelmoumen, estime que les objectifs fixés par le Plan d’accélération industrielle sont d’ores et déjà engagés. Il se trouve que le français PSA a déjà bouclé la moitié des commandes en «sourcing» local pour son projet d’usine à Kenitra, dont les premières livraisons sont attendues en 2019.

Le constructeur Ford, lui aussi, aura droit à son propre écosystème. Il y a quelques jours, lors de la visite de ses représentants, il a été question d’étudier les opportunités d’approvisionnement en équipements locaux destinés à son usine fraîchement agrandie à Valence (Espagne). Pas plus tard que la semaine dernière, l’italien Sogefi a annoncé à son tour un investissement de 10 millions d’euros dans une usine de fabrication des systèmes de filtration de moteur. Il ne se passe pas une semaine sans que l’on fasse l’annonce de l’arrivée d’un grand équipementier automobile.

Normalisation
Dans cette euphorie générale, tout en se réjouissant de cette ferveur d’investissement, l’Amica remet au goût du jour le phénomène de fraude dans l’import des pièces de rechange qui, selon ses membres présents lors d’un point de presse organisé mardi à Casablanca, a atteint une ampleur «inquiétante», au point de menacer la survie de l’industrie locale. «Le secteur souffre de l’importation sauvage. Des 25 usines que comptait le Maroc, il y a quelques années, seules sept ont pu résister grâce à des joint-ventures, ou bien en orientant leur production vers les marchés de l’export», constate Hakim Abdelmoumen qui n’omet pas de citer l’effet salvateur des débouchés nés de l’implantation des usines de Renault à Tanger et de PSA à Kenitra. L’entreprise Sinfa, spécialisée dans la fabrication de câbles, fait face à une perte continue d’emplois, à raison de 25 postes en moyenne chaque mois, d’après son directeur général, Omar Kerouata.

Face à cette situation, l’Amica invite à une meilleure structuration du marché des pièces de rechange au Maroc en appelant les autorités à faire preuve de fermeté dans le traitement des situations de fraude. «En France par exemple, quand on met en cause la sécurité des usagers, le metteur sur le marché, qu’il s’agit d’une usine ou bien d’un distributeur, est poursuivi au pénal», note Hakim Abdelmoumen.

Pour remédier à cette situation, la normalisation s’avère une solution incontournable. Une première tentative a été faite en proposant des étiquettes gravée sur les batteries, mais l’idée, dit-on, est tombée à l’eau sous la pression des importateurs. «Nous sommes en train de travailler sur un projet d’homologation d’un réseau national composé de 4.000 à 5.000 points de vente», souligne le président de l’Amica. Simultanément, des actions sont menées auprès de l’Administration des douanes et impôts indirects, en vue d’optimiser le contrôle de l’import des pièces de rechange aux postes frontaliers, en associant notamment les détenteurs des marques touchées par la contrefaçon, par ailleurs membres de l’Association des importateurs des véhicules automobiles au Maroc (Aivam). Au sein de l’Amica, le courant ne passe plus entre les industriels et les commerçants, autrement dit, entre les équipementiers et les importateurs.

Le Conseil d’administration de l’association aurait décidé de ne plus plaider en faveur des importateurs (une douzaine de membres). Dorénavant, l’Amica va se concentrer exclusivement sur l’industrie, et rien que l’industrie. «Nous allons changer la dénomination de l’Amica. Le mot commerce sera remplacé par la construction. Nous ne sommes pas contre la liberté du commerce, mais nous demandons un minimum de contrôle», nuance Hakim Abdelmoumen. Les importateurs sont ainsi courtoisement invités à se regrouper et à créer leur propre association. Reste maintenant à savoir si les commerçants vont accepter facilement un tel sort imposé et facilité par la supériorité numérique des industriels au sein de l’Amica !

Affaire à suivre. 


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